Braquage à la Cinematek

Qui n’a jamais secrètement rêvé de devenir riche en braquant une banque ? Pas les grands noms du cinéma en tout cas ! De Woody Allen à Kubrick en passant par Melville, Tarantino ou Wes Anderson, aucun n’a résisté à l’appât du gain en poussant ses personnages au hold-up. Bonne nouvelle, la Cinematek propose justement cet été de voir ou revoir les classiques du heist.

« Les mains en l’air, ceci est un hold-up ! » Voilà une phrase qui n’a pas fini de résonner dans les salles obscures, et pour cause : s’il y a un genre cinématographique qui a traversé les âges, c’est bien celui du heist. Genre de films fondateurs du cinéma comme Le Vol du grand rapide (1903), le film de casse a réussi à se moderniser sans cesse pour aboutir à des franchises à succès comme les Oceans, ou des séries phénomènes (La Casa de Papel et sa récente déclinaison Money Heist Korea…). Cet été, la Cinématek propose une belle rétrospective de longs métrages du genre, et il y en aura pour tous les goûts !

Car le heist est un genre qui se décline à toutes les sauces : thriller, animation, comédie, drame, western ou science-fiction… Des films qui n’ont rien à voir entre ceux sinon un élément d’intrigue, le vol. Et généralement, une recette bien rôdée avec une structure en trois parties : la préparation (incluant le recrutement de l’équipe), le casse lui-même (qui se passe rarement comme prévu), et la fuite (ou les conséquences funestes qui en découlent). Petite sélection non exhaustive…

Les classiques

Des classiques, le genre en compte beaucoup. Des films comme L’Or se barre ou L’Affaire Thomas Crown, sortis dans les années 60, en sont des exemples diablement efficaces, et ont d’ailleurs tous deux connus leur remake 30 ans plus tard (Braquage à l’italienne et Thomas Crown avec Pierce Brosnan dans le rôle-titre).

La scène de fuite en Mini de L’Or se barre (1969) est culte et son remake dans Braquage à l’italienne (2003) n’a rien à lui envier

Côté films français, un grand classique du genre est l’avant-dernier film dans lequel a joué Bourvil, Le Cercle rouge, qui montre que l’essence du film de braquage, ce sont les personnages. « Chacun a sa propre histoire, ses propres problèmes, et chez Melville ils s’emboîtent parfaitement », nous dit Micha Pletinckx, programmateur à la Cinematek.

Toujours parmi les films noirs français, Du rififi chez les hommes, de l’Américain Jules Dassin, a marqué par sa séquence de casse de bijouterie où les cambrioleurs percent le coffre par derrière sans faire le moindre bruit… Ce qui donne une séquence muette de 27 minutes !

Bourvil dans Le Cercle Rouge (1970)
Du rififi chez les hommes (1954)

Mais il y a aussi des classiques auxquels on ne pense pas forcément quand on parle films de braquage et qui respectent pourtant à la lettre les codes du genre : la série Mission impossible contient inévitablement sa (ou ses) séquences d’infiltration avec esquive de rayons lasers… ou bien Inception où ce n’est pas un bâtiment hypersécurisé que l’on pénètre, mais un subconscient. Il n’y a pas que de l’argent qu’on peut vouloir dérober !

Mission Impossible (1996)

Ceux qui racontent la société

Les braqueurs commettent généralement leur forfait par appât du gain, mais c’est souvent aussi leur bas statut social qui les pousse vers le crime, par exemple dans Heat de Michael Mann. Les heist ne sont ainsi pas toujours des purs divertissements : certains ont l’ambition de mettre en lumière divers problèmes de société.

Dans Un après-midi de chien (1975), Sidney Lumet raconte l’histoire vraie d’un homme ayant braqué une banque pour payer l’opération de réassignation de sexe de sa femme transgenre. Un sujet audacieux pour un film avec Al Pacino dans le rôle principal, à une époque très peu tolérante envers les personnes trans. Le film a d’ailleurs souffert des stéréotypes de la production, qui a refusé l’actrice trans proposée par Lumet pour le rôle, au motif qu’elle avait l’air trop féminine (!), et l’a remplacée par un homme cisgenre…

Et puis il n’y a pas que les hommes blancs qui braquent des banques. C’est une équipe entièrement afro-américaine qui commet un hold-up dans Génération sacrifiée (Dead Presidents), sur fond de retour difficile de la guerre du Viêtnam.  Quant à Inside Man de Spike Lee, il met parfaitement en scène la diversité ethnique du melting pot new-yorkais. Plus rarement, les voleurs sont des voleuses avec par exemple le 4e épisode de la série Oceans, Oceans 8

Génération Sacrifiée (1995)
Inside Man (2006)

Les atypiques

Le film de braquage, c’est quasi un passage obligé dans la filmo des grands réalisateurs : Stanley Kubrick, Alfred Hitchcock, Woody Allen, Jean-Luc Godard, ils en ont tous un à leur actif. Et quand ils s’y mettent, le casse devient souvent un exercice de style jubilatoire, n’hésitant pas à esquiver une ou plusieurs des trois étapes classiques du heist (préparation, exécution, fuite) pour mieux surprendre. 

Exemple fameux, Reservoir Dogs de Quentin Tarantino, avec sa narration en puzzle qui fait l’impasse sur la scène de braquage. Ou bien Hold-up à New York, seul film coréalisé par Bill Murray, où il arrive à l’acteur d’Un jour sans fin des péripéties rocambolesques lors de sa fuite vers l’aéroport. Un film qu’on aurait bien imaginé réalisé par Wes Anderson, dont le premier long-métrage, Bottle Rocket, est justement un film de casse.

Reservoir Dogs (1992)
Bottle Rocket (1996)

Hana-bi, de et avec Takeshi Kitano réduit quant à lui le braquage à sa plus simple expression : le policier entre dans une banque, pointe discrètement son arme sur le caissier et repart avec de l’argent en poche… Dans The Old man and the Gun, un Robert Redford en papy braqueur accro à l’adrénaline utilise la même technique. Pour les spectateurs aussi le film de casse rend facilement addict, et même si ces deux derniers films et certains autres cités plus haut ne sont malheureusement pas au programme de la Cinematek, tant les afficionados que le grand public en auront certainement pour leur compte cet été !

Arthuria Dekimpe (st.)

« Heists and Robberies », une programmation à voir à la Cinematek jusqu’au 31 août.

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