Caballero/JeanJass, le ticket gagnant du vendredi soir

Orangerie, vendredi 19 mai 2017 © Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Impossible d’imaginer une édition 2017 des Nuits Bota sans rap made in Belgium. Vendredi, l’Orangerie était donc toute entière dévolue au duo le plus fendard du game, Caballero & JeanJass.

Et comme les guerres de tranchées entre collègues n’ont plus lieu d’être, avant la paire, c’était le tour du père Isha. Ou la preuve que la nouvelle scène hip hop est riche, diverse, et pas bornée, faisant également de la place pour les « vétérans ». On capte les vingt dernières minutes: flow perso, faussement nonchalant, Isha chauffe proprement un public qui n’en demandait pas tant. Dans la fosse justement, pas mal de kids, mais aussi des trentenaires, voire plus, planqués dans le fond de la salle…

Il faut dire que dès que le duo Caba/Jiji déboule, c’est grosse bamboule. Les maîtres de cérémonie savent parfaitement comment faire monter la sauce (la sauce). Épaulés par Eskono aux platines (scratch compris!), ils commencent tous les deux en lunettes noires, serre-tête éponge blanc, façon Bjorn Borg. Puisque ce soir, c’est sûr, ça va suer. Suffit de lâcher les premières bombinettes (Yessaï, Merci beaucoup). Faut voir l’alchimie entre les deux rappeurs: Caballero en totale surchauffe, JeanJass faussement lunaire. L’énergie est assez jouissive. Le second degré aussi: du coup, même l’exercice bateau de la battle, entre les deux côtés du public (« c’est chaud de ce côté! »; « oui, mais par ici, ils en ont des plus grosses encore », ce genre), s’avère rigolo (verygolo). Premier changement de « costume » après une demi-heure: le binôme revient pour On est haut. On est plein? On est zinzin? Gros dawa sur la piste. Au fond, la table de mixage tangue sous les vagues du public. Petit moment d’accalmie avec les nouveaux Voler ou Un endroit sûr, qui voit Caba rapper en espagnol.

Forcément, les collègues ne sont pas loin: Seven déboule sur Pour ça; Roméo Elvis débarque sur Vrai ou faux, avant d’allumer le désormais classique Bruxelles arrive. Le public n’en demandait pas tant. La fin du concert s’apparente ainsi à une grosse fête, les deux héros du soir « stage-divant » dans la foule, rincée, avant de prendre la photo-souvenir: « faites du bruit pour la photo, on ne sait jamais », se marre Cabarello. Un peu auparavant, le Bruxellois, né à Barcelone, rappait: « Y’a 28 ans mon père débarque, il veut juste la money/Il veut pas d’problèmes/Encore aujourd’hui aucun d’ses enfants n’a l’passeport belge/Son fils est né, traque le biff et casse tout comme un tractopelle/J’espère qu’il est fier de moi ». Présent dans la salle, le padre a dû en effet apprécier…

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