Tentative de suicide, dettes, haine des Belges…: 6 choses à savoir sur Baudelaire
On célèbre aujourd’hui le 150e anniversaire de la mort de Charles Baudelaire, l’un des grands poètes français du XIXe siècle. Regard sur quelques aspects de sa vie.
Charles Baudelaire est mort le 31 août 1867 à 46 ans. Il est connu pour son recueil Les Fleurs du mal, modèle de la dualité qui le déchire: le ciel et le gouffre. La beauté, la sensualité, ne sont pas pour lui exemptes de la douleur et du mal. Le poète réunit ainsi dans ses textes bien et mal, beauté et laideur, l’écoulement du temps et l’éternité. Son humeur sera souvent marquée par le spleen, une profonde tristesse et mélancolie, qui confère cet accent particulier à ses écrits. Mais Baudelaire, c’est aussi une vie intense et mouvementée.
On l’exile à Calcutta pour le discipliner
Après son bac, Baudelaire affirme son désir de devenir écrivain. Un projet qui afflige sa mère et son beau-père, le général Aupick. Ce dernier songe d’ailleurs à une carrière diplomatique pour Charles, mais celui-ci ne cède pas. Il s’installe en pension, rencontre entre autres Gérard de Nerval et Balzac, et publie une chanson contre deux auteurs respectés. C’est le coup de grâce pour sa famille qui décide de l’exiler à Calcutta. Cependant, il revient à Paris encore plus rêveur, avec une inclination pour l’exotique et le sensuel.
Il a des goûts de luxe
Baudelaire dépense sans compter, autant pour les autres que pour lui. Il contracte bientôt des dettes telles qu’elles le poursuivront toute sa vie. En septembre 1844, il est soumis à un conseil judiciaire et reçoit un tuteur. Ses dettes ne le lâchent toutefois pas et Charles ne cesse de déménager à Paris, passant d’un quartier à l’autre. En l’espace d’un mois, il change six fois d’hôtel, tout cela pour échapper à ses créanciers.
Il tente de se tuer d’un coup de couteau
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En 1845, alors qu’il ne peut jouir de sa fortune comme il le souhaite, d’humeur mélancolique, Baudelaire attente à ses jours avec un couteau. Il échoue et n’a qu’une égratignure. Baudelaire a mis son tourment par écrit, dans une lettre adressée à son ami Narcisse Ancelle.
Son recueil aurait pu s’appeler Lesbiennes
Baudelaire pensait nommer son recueil de poèmes Lesbiennes ou Limbes. C’est finalement un ami qui lui suggérera le titre de Fleurs du mal. L’ouvrage paraît en 1857 chez l’éditeur Poulet-Malassis. Le Figaro est scandalisé. Le recueil est alors accusé d’offenser les moeurs, six poèmes précisément, et Baudelaire et ses éditeurs sont condamnés à des amendes. Ce n’est qu’en 1949 que l’oeuvre sera réhabilitée.
Jeanne, Marie et Apollonie
Il a entretenu une longue liaison avec Jeanne Duval, une actrice mulâtresse rencontrée à Paris. C’est sa « Vénus noire ». Il loge souvent chez elle. Mais lorsqu’il est poursuivi par ses créanciers, il se réfugie également chez une comédienne, Marie Daubrun, « la femme aux yeux verts ». Il fait aussi la cour à Mme Sabatier, à qui il adresse des sonnets anonymes – qui se retrouveront plus tard dans Les Fleurs du mal. Apollonie Sabatier tient un salon où se retrouvent, outre Baudelaire, Gustave Flaubert et Théophile Gautier. Quand Mme Sabatier cède à Baudelaire, celui-ci se désintéresse d’elle et retourne auprès de Jeanne Duval. Apollonie Sabatier a chu de son piédestal n’est plus qu’une amie. Il écrit d’ailleurs à son propos: « Il y a quelques jours, tu étais une divinité, ce qui est si commode, ce qui est si beau, si inviolable. Te voilà femme maintenant… »
Il n’est pas tendre avec la Belgique
La lassitude de Paris le pousse à partir pour Bruxelles. Il y arrive le 24 avril 1864, à 43 ans. Il a pour objectif de donner des conférences et de faire publier ses textes. Hélas, c’est un échec: ses conférences n’attirent pas et les éditeurs ne se bousculent pas au portillon. Son amertume le fait rédiger un âcre pamphlet contre la Belgique et Bruxelles en particulier, intitulé Pauvre Belgique. Baudelaire n’est pas tendre, c’est le moins que l’on puisse dire; il écrit par exemple: « Le visage belge ou plutôt bruxellois, obscur, informe, blafard ou vineux, bizarre construction des mâchoires, stupidité menaçante. La démarche des Belges, folle et lourde. Ils marchent en regardant derrière eux, et se cognent sans cesse. (…) La Belgique est un bâton merdeux; c’est là surtout ce qui crée son inviolabilité. »
Éléments tirés du fascicule « Grands écrivains choisis par l’Académie Goncourt: Baudelaire »
Monica Baur
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