Critique

W.E.

DRAME HISTORIQUE | Madonna revisite la « Romance interdite » qui devait rapprocher Edouard VIII d’Angleterre et Wallis Simpson. Un exercice dont le style l’emporte sur les clichés.

W.E., DRAME HISTORIQUE DE MADONNA. AVEC JAMES D’ARCY, ANDREA RISEBOROUGH, ABBIE CORNISH. 1H59. SORTIE: 18/04. ***

Ceux qui n’avaient voulu voir dans Filth and Wisdom qu’un caprice de star passager en sont pour leurs frais: à l’heure où sa carrière de chanteuse semble inexorablement partir en vrille, Madonna investit de plus belle le terrain cinématographique avec un second long métrage sobrement intitulé W.E. Derrière ces initiales se cache un scandale retentissant qui, au milieu des années 30, allait secouer l’Empire britannique, le roi Edouard VIII (James d’Arcy) étant contraint d’abdiquer pour pouvoir épouser l’Américaine Wallis Simpson (Andrea Riseborough), deux fois divorcée -circonstances qui allaient, incidemment, amener sur le trône le roi George VI, épisode au coeur du multi-oscarisé The King’s Speech.

L’ambition de Madonna n’est pas exclusivement à la reconstitution historique, toutefois, mais bien à un jeu de miroirs où elle donne un pendant contemporain au destin de Wallis et Edward, duc et duchesse de Windsor. Cela, à travers l’intérêt que leur porte Wally Winthrop (Abbie Cornish), une jeune femme délaissée par son mari, et bientôt obsédée par leur relation, au point de passer le plus clair de son temps dans les couloirs de l’exposition précédant la vente aux enchères chez Sotheby’s des objets ayant appartenu aux Windsor. Et d’être happée par le fil, passionné, de leur existence, non sans être l’objet de l’attention d’Evgeni (Oscar Isaac), jeune immigré russe en attente de jours meilleurs. D’une romance contrariée, l’autre, en quelque sorte.

Au-delà des afféteries

Certes, la superposition des époques et les correspondances en découlant ne font pas l’économie de diverses (grosses) ficelles. Et le volet contemporain du film, en particulier, s’avère au mieux quelconque, en dépit des efforts d’Abbie Cornish (révélée par l’extraordinaire Bright Star de Jane Campion) pour l’investir en nuances multiples. Cela posé, l’évocation par Madonna de la « romance interdite » entre le roi d’Angleterre et l’élue de son coeur, une femme de tête, ne manque ni de style, ni d’un panache certain.

Le tout assorti d’un réel point de vue, la réalisatrice s’employant à envisager l’histoire sous l’angle de celle par qui le scandale arriva. Il en résulte un film osant diverses fulgurances iconoclastes -il faut entendre Pretty Vacant à la Cour dans les années 30, en un raccourci saisissant- et réussissant, in fine, à transcender ses diverses afféteries. Disparate, jusqu’à se révéler dans un même mouvement poseur et fleur bleue, audacieux et cliché, W.E. est évidemment inégal. Mais si le film est irritant par endroits, on y verra plus encore un objet fascinant -à croire que l’avenir de la Ciccione pourrait bien se trouver derrière la caméra plutôt que devant un micro…

Jean-François Pluijgers

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