Critique

Tormentum, méchant mais pas trop

Tormentum © Ohnoo
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Nageant dans un bain de sang flippant avec H.R. Giger et Jérôme Bosch, Tormentum joue au dur mais cache un coeur tendre. Explications depuis l’au-delà.

H.R. Giger n’est plus. Mais son âme hante les couloirs écorchés et gothiques de Tormentum. Dessiné de main de maître, ce point & click polonais enferme ainsi le joueur dans une prison dont les murs se tapissent de chair humaine difforme. Des parois où des visages vivants étouffent aussi derrière des peaux putrides. Le jeu d’aventure, qui demande de combiner plusieurs objets et de résoudre des puzzles, joue toutefois au cadavre exquis. Non content de dérouler des tableaux habités par le père (esthétique) d’Alien, Tormentum cache ainsi d’autres influences éclatantes. Ecarlates.

Le titre vénéneux et habité d’âmes damnées va ainsi chercher des scènes de cauchemar chez Jérôme Bosch, voire Tim Burton. Des squelettes de volatiles inquiétants y côtoient des gardiens au corps filiforme et à la tête énorme. Mieux: ce mélange baroque se complète d’une vision steampunk naturellement amenée par les nombreux puzzles abrités par le jeu. On pense un peu à Machinarium, sans robot ni sourire.

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Dommage toutefois que ce luxe de détails visuels semble pousser la machine morbide à une avarice textuelle. Seules quelques lignes décrivent çà et là en effet de rares éléments de décors pourtant marquants. « Une pluie de comètes tombe par la fenêtre. » Pour l’art de la longue description drôle, inquiétante et old school façon Lucas Arts ou Sierra, on repassera. Cette carence en textes contamine aussi les troublants personnages peuplant la prison noire et brune du jeu et ses alentours. Pas de quoi faire un roman donc. Tout comme pour le gameplay.

Faux méchant

Assembler des ersatz de pièces de Tetris. Placer des rouages mécaniques au bon endroit pour ouvrir une porte. Diriger, via un jeu de miroirs, des rayons lumineux au pied d’un autel lugubre pour dessiner une croix satanique. Les mécaniques rouillées et ensanglantées de Tormentum foisonnent. Tout comme les énigmes classiquement campées via un inventaire d’objets trouvés en cours de route. Os dans le potage: la difficulté de ce gameplay double-face ne colle pas du tout à l’image gothique poisseuse et hardcore du jeu.

Un oeil trouvé à terre que l’on insère dans l’orbite vide d’une statue deux mètres plus loin. Un médaillon cassé en forme de flamme à insérer dans un socle au dessin très similaire. L’impression d’être pris pour un idiot domine parfois. Reste que l’exploration de Tormentum, beauté noire qui se laisse facilement approcher, se pratique sans déplaisir tant sa plastique happe, traversée de nombreuses animations. Un purgatoire sublime.

ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR OHNOO, ÂGE 18+, DISPONIBLE SUR PC.

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