Critique

The Cabin in the Woods

HORREUR | Drew Goddard mixe Evil Dead avec The Truman Show dans The Cabin in the Woods, un concentré malin d’horreur rigolarde.

The Cabin in the Woods, film d’horreur de Drew Goddard. Avec Chris Hemsworth, Kristen Connolly, Richard Jenkins. 1h35. Sortie: 02/05. ***

Il n’a jamais fait bon être jeune (et con) dans le cinéma à tendance horrifique. Curt, Holden, Marty, Dana et Jules vont en faire la sanguinolente expérience, eux à qui l’effervescence de la vie estudiantine n’a visiblement jamais laissé le loisir de visionner un film de Sam Raimi et qui décident donc de partir en week-end dans une cabane perdue au fond des bois, après un passage obligé chez un pompiste dégénéré dont le faciès vérolé vaut comme avertissement on ne peut plus clair: la mort est au bout du chemin. A bord du camping-car s’enfonçant dans la forêt, il y a là un playboy à la mâchoire carrée obsédé par la bière, un nouveau-venu sensible musclé du ciboulot, un freak sympathique constamment défoncé, une rouquine fragile aux manières pudibondes et une fausse blonde décérébrée chaude comme un bulex. Soit cinq figures incontournables en matière de slasher movies: le sportif, l’intello, l’idiot, la vierge et la salope. Autant dire que la fête peut commencer. Attention, toutefois, il y a des règles à respecter…

On l’aura compris, The Cabin in the Woods ambitionne d’être à Evil Dead ce que Scream a pu être à Halloween en son temps: un reboot plus ou moins parodique s’amusant des codes et clichés de l’horreur pour mieux en tirer parti. Un pari casse-gueule mais relevé haut la main par Drew Goddard (scénariste de Cloverfield ou encore d’une volée d’épisodes de Lost), son premier film, intrigant, drôle et malin, arpentant les sentiers battus du genre avec le même bonheur qu’il en emprunte les chemins de traverse.

Petit théâtre de l’horreur

Emmené par un astucieux procédé réflexif, The Cabin in the Woods a les allures réjouissantes d’un tour en montagnes russes dans une maison fantôme dont les chausse-trapes révèlent une architecture gigogne, les spectateurs du film identifiant leurs représentants à l’écran dans d’habiles jeux de miroirs déformants. Tandis que les cinq kids partis en excursion champêtre deviennent bientôt les marionnettes d’un petit théâtre de l’horreur aux ficelles volontairement grosses comme des cordes de pendus. Famille de zombies rednecks, instruments de torture gagnés par la rouille, incantations latines et autres tartes à la crème destinées à moquer les automatismes des scénarios d’épouvante autant qu’à leur rendre hommage sont donc de la partie, jusqu’à un final jouissif en diable en forme de compilation best of des films de monstres et de leur bestiaire.

Avec The Cabin in the Woods, et son quintette de personnages à l’insouciante jeunesse offerte en sacrifice sur l’autel rituel du genre, le cinéma horrifique se paie ainsi, l’air de rien, une véritable cure de jouvence. Pour un film bien de son époque, recyclant à tout-va, un pied dans l’ironie mordante, l’autre dans l’efficacité complètement premier degré. Promenez-vous dans les bois.

Nicolas Clément

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