Spécial cadeaux: 60 idées à glisser sous le sapin
C’est un matin comme tant d’autres. Une maman fait l’hélicoptère entre les lessives au pressing du coin, des tracas à régler au téléphone et son bébé qui hurle sur le siège enfant de la voiture. Au moment où elle met le contact, les pleurs cessent. Elle se retourne: le nourrisson s’est volatilisé. Comme 2% de la population mondiale le même jour, sans explication. Quelques mois plus tard, comment font ceux qui restent pour vivre cette disparition, trouver du sens, recréer un récit qui tienne la route face au silence du néant et une société en lambeaux? Voilà le point de départ de The Leftovers, série qui fera date, rédemptrice à la fois pour son créateur Damon Lindelof, scénariste et producteur de Lost, qui réussit ici à boucler merveilleusement son récit, et pour ses protagonistes, Nora (Carrie Coon) et Kevin (Justin Theroux) en tête. Leur authentique aventure humaine, spirituelle et symbolique, évoque les saintes écritures et Homère, entre autres mythes fondateurs. Avec, au bout du chemin et des trois saisons (ici sans aucun bonus), un hymne magistral à l’amour et au pardon. N.B.
De 1956 à 1969, Elvis Presley a tourné une trentaine de films, prétextes le plus souvent à le voir aligner ses chansons au gré d’un scénario plan-plan. Huit d’entre eux font l’objet d’un coffret, sucreries vintage dont émerge bien évidemment Jailhouse Rock (Richard Thorpe, 1957), dans lequel on peut voir une parabole de sa carrière, le King se multipliant encore sur le strip de Las Vegas (Viva Las Vegas), à l’Expo universelle de Seattle (It Happened at the World’s Fair) ou entre Londres et… Bruxelles (Double Trouble). J.F.Pl.
Dans un futur pas très lointain, les États-Unis « refondés » ont choisi de régler le problème de la violence endémique en créant la « purge », un jour de l’année où l’on peut tuer impunément. Le concept est très bon, l’exécution -appuyée et lestée d’une dimension idéologique incertaine- un peu moins… Portant le sceau de Blumhouse Productions (Insidious, Ouija, Paranormal Activity), la trilogie The Purge (American Nightmare en version française, allez comprendre…) pourra distraire les amateurs peu regardants d’horreur consommable bol de pop-corn en mains. N.C.
Parrainée par le pape de la comédie américaine Judd Apatow, Girls a tiré sa révérence au printemps dernier en consacrant l’éternel âge de déraison. Cette intégrale maousse costaude fait donc le tour de la question des névroses agitant son auteure, l’inénarrable Lena Dunham. Soit une grosse soixantaine d’épisodes d’une demi-heure où quatre enfants gâtées gentiment déboussolées promènent leurs angoisses existentielles dans le New York d’aujourd’hui. Entre fulgurances de narration et ego trip cru mais parfois très superficiel, un indéniable jalon dans l’Histoire de la fiction télé. N.C.
Au tournant des années 30, la Warner devait se lancer dans un cycle de films de gangsters ancrés dans la réalité sociale de l’Amérique, le genre trouvant dans ces productions sèches -les budgets étaient serrés- et teigneuses à souhait ses codes en même temps que ses lettres de noblesse. Réunis sous l’appellation Film Noir Collection, six titres emblématiques viennent rappeler qu’en la matière, on n’a guère fait mieux depuis -et Martin Scorsese souligne en bonus l’impact qu’eut sur lui The Public Enemy, réalisé par William Wellman en 1931. Soit l’un des deux films, aux côtés de Little Caesar, tourné un an plus tôt par Mervyn LeRoy, qui devaient annoncer la couleur -noir d’encre. La trame en est relativement voisine, documentant, dans un monde corrompu, l’irrésistible ascension d’un gangster sans états d’âme dont la chute est toutefois programmée. Non contents d’établir la grammaire du genre, ces films en imposent aussi deux stars incontestées, Edward G. Robinson et James Cagney, durs parmi les durs, et la scène de L’Ennemi public où le second écrase un demi-pamplemousse sur le visage de Mae Clarke reste insurpassable en termes de brutalité pure.
Les autres films proposés ne leur rendent guère en qualité: huis clos insolite se déroulant dans un rade du désert, The Petrified Forest (Archie Mayo, 1936) réorienta avantageusement la carrière d’Humphrey Bogart. Inscrits dans un environnement délétère et violent, Angels with Dirty Faces (Michael Curtiz, 1938) et The Roaring Twenties (Raoul Walsh, 1939) imposent à James Cagney, gangster qu’idolâtrent de jeunes délinquants dans l’un, vétéran devenu trafiquant faute de réinsertion possible dans l’autre, une rédemption, fût-elle ambivalente -les censures diverses avaient porté leurs effets. Qu’à cela ne tienne, White Heat, tourné dix ans plus tard par le même Walsh, verra Cagney renouer avec un rôle de pur psychopathe, vouant à sa mère un amour maladif, et que sa folie conduira à un final paroxystique justifiant le titre français L’Enfer est à lui. Imparable. J.F.Pl.
Personne ne l’avait vu venir, la surprise a été totale. Et le succès remarquable, qui voit le documentaire de Grace Winter et Luc Plantier attirer aujourd’hui encore de nombreux spectateurs dans les salles où il est projeté. Winter, chercheuse à la Cinematek, s’y était passionnée pour les films tournés dans les années 20 et 30 par le Marquis de Wavrin, avec à la clé un long métrage monté et coréalisé par Plantier. Le travail, le personnage et les aventures en Amérique latine du cinéaste et ethnographe belge sont évoqués d’admirable façon dans Marquis de Wavrin – Du manoir à la jungle. Le coffret édité par la Cinematek est superbe. Au film du tandem, il ajoute ceux réalisés par de Wavrin lui-même: le fameux Au pays du scalp(1931), Chez les Indiens sorciers (1934) et Venezuela, petite Venise (1937). Une résurrection fascinante, exprimant un respect et même une amitié pour l’Autre qui s’ajoute à la profonde beauté d’images filmées au présent. Un film perdu et recomposé de 1924, Au centre de l’Amérique du Sud inconnue, achève de rendre indispensable un coffret en tout point réussi. L.D.
Découvert à Cannes en 2014, Adieu au langage démontrait que Jean-Luc Godard n’en avait pas fini d’une réflexion sur le 7e art entamée un peu moins de 60 ans auparavant, et en ayant fait une figure tutélaire du cinéma contemporain. Réunissant sept longs métrages tournés par le réalisateur suisse entre 1959 et 1966, La Collection Godard constitue une introduction idéale à son oeuvre, alignant incontournables comme films moins connus, accompagnés d’un livre proposant des essais inédits sur chacun des titres. Au rang des « classiques », on pointera bien sûr À bout de souffle, le choc qui devait réinventer les codes cinématographiques sur les pas de Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg, Le Mépris, sommet du modernisme où le couple Bardot – Piccoli se décompose de Rome à Capri au son de la musique de Georges Delerue, et Pierrot le fou, avec sa quête tragique de l’amour fou qu’incarnent Belmondo, à nouveau, et Anna Karina. Épouse et égérie du cinéaste, cette dernière figure au générique des quatre autres films proposés, soit Le Petit Soldat, où Godard aborde la guerre d’Algérie; Une femme est une femme, où son regard sublime la comédienne; Alphaville, scintillant poème d’anticipation avec Eddie Constantine dans le rôle de Lemmy Caution; et enfin, authentique curiosité tournée à la va-vite, Made in USA, polar décalé doublé d’un film politique, et collage pop truffé de références ramenant l’Amérique en France, à Atlantic-Cité… J.F.Pl.
La prohibition sur la promenade d’Atlantic City au son du Brian Jonestown Massacre d’un côté, le crime organisé dans les rues du Birmingham des années 20 avec Nick Cave dans les tympans de l’autre… Série brutale à l’élégance formelle quasi cinématographique, Peaky Blinders est un peu le pendant britannique de la formidable saga ricaine Boardwalk Empire. À l’heure où sa très attendue quatrième saison se dévoile sur les petits écrans anglais, plongez dans la matière hyper dense des précédentes ici coffrées. Trois courts making of en compléments. N.C.
La bastonnade « bigger than life » entre le Roi des Monstres et le Roi des Singes est programmée sur les écrans pour 2020. En attendant, ce coffret écumant de suppléments propose de mesurer le niveau de forme des forces en présence via le Godzilla de Gareth Edwards (2014) et le Kong: Skull Island de Jordan Vogt-Roberts (2017). Auxquels se joint, après tout pourquoi pas?, le récent The Legend of Tarzande David Yates (2016). Tout sauf du 7e art de haute volée, certes, mais du divertissement à grand spectacle à consommer de préférence sur une bonne installation home cinéma. N.C.
Le récent et fulgurant carton de It, premier volet d’un nouveau diptyque basé sur le roman culte d’un auteur qui ne l’est pas moins, justifie à lui seul de se plonger dans cette triplette d’adaptations d’oeuvres de Stephen King courant de 1979 à 1990. The Shining de Stanley Kubrick (1980) surclasse évidemment la concurrence sans forcer, mais on prend aussi beaucoup de plaisir à revoir Salem’s Lot, la mini-série du regretté réalisateur de The Texas Chainsaw Massacre Tobe Hooper. Quant aux deux épisodes de It, premier du nom, ils ont pris un sacré coup de vieux. Maigres bonus. N.C.
En 1933, The Ghoul de T. Hayes Hunter, avec Boris Karloff, s’inspire de La Momie et de La Maison de la mort pour accoucher d’une histoire tarabiscotée de tombeau égyptien dans un cottage anglais. Notable particularité: il s’agit là du premier film britannique à être labellisé H comme Horrifique. Quelques mois plus tard, le H de la Hammer se proposera d’en perpétuer la flamme. Fondée par William Hinds, propriétaire d’une chaîne de bijouteries et acteur amateur officiant à ses heures dans des vaudevilles théâtreux sous le pseudo de Will… Hammer, la société londonienne produit néanmoins peu de films avant la guerre, et devra même attendre le mitan des fifties pour connaître, une quinzaine d’années durant, son âge d’or. La Hammer se spécialise alors à grands coups de suites et d’improbables dérivés dans les productions de genre, et plus particulièrement les films d’horreur revisitant les classiques estampillés Universal Monsters. Concocté par les Français d’Elephant Films, ce coffret de restaurations ambitieuses a l’intelligence de se concentrer sur quelques-unes des curiosités les plus oubliées de cette période. Soit un ensemble de treize (forcément…) productions courant de 1960 à 1972. Les Maîtresses de Dracula, Le Spectre du chat, Le Cirque des vampires, L’Empreinte de Frankenstein, La Fille de Jack l’Éventreur… Les titres à eux seuls sont déjà de formidables invitations au voyage -gothique et frontal, comme il se doit. Près de six heures de suppléments gourmands et un livret de présentation du coffret en bonus. Bonheur garanti pour les amateurs hardcore de cinéphilie déviante. N.C.
John Wayne, c’est au premier abord une présence physique, une taille (haute), une carrure (large), une démarche (décidée, légèrement chaloupée). La star en impose, quel que soit le film -il en tourna 165!-ou le rôle, qu’il s’agisse d’un western ou d’un film de guerre, ses deux genres de prédilection. Ce formidable coffret à déposer au pied du sapin est riche de sept films, sept westerns et sept oeuvres majeures, dont quelques sommets absolus. Wayne y démontre ses qualités d’acteur, bien moins monolithique et limité que d’aucuns se crurent autorisés à le dire. Magnifique et même bouleversant à 43 ans dans Rio Grande (John Ford, 1950) puis à 62 dans Cent dollars pour un shérif (Henry Hathaway, 1969), il est immense dans le chef-d’oeuvre qu’est L’Homme qui tua Liberty Valance (Ford, 1962) et dans le magnifique El Dorado (1966) d’un Howard Hawks dont il fera aussi le tout dernier film, Rio Lobo (1970). Métis dans Hondo (John Farrow, 1953), où le regard sur les Indiens se libère, il joue aussi les hors-la-loi dans Les Quatre Fils de Katie Elder (Hathaway, 1965). Que du bonheur! L.D.
Avec Police Fédérale, Los Angeles (To Live and Die in L.A.), tourné par William Friedkin en 1985, la collection de coffrets ultra collectors de Carlotta s’enrichit d’un nouveau titre de choix. Mis en scène avec sa maestria coutumière par le réalisateur de The French Connection, ce thriller violent et immoral dynamitait les codes du genre sur les pas d’un flic lancé aux trousses du faux-monnayeur ayant liquidé son coéquipier. Un must, assorti de riches suppléments et d’un livre inédit.
J.F.Pl.
Cette série techno-parano-philosophique est hypnotique, malgré une seconde saison plus nébuleuse et voilée. Elle installe une atmosphère de confusion qui correspond à l’époque, à son chaos économique et technologique. L’acteur principal (Rami Malek) est pour beaucoup dans la qualité de ce récit halluciné qui suit un hacker schizophrène, Elliot Alderson, absorbé par la guérilla en ligne de l’étrange Mr Robot (Christian Slater), Robin des Bois de la crise financière. Ce coffret esthétisant et riche en détours lui rend justice. N.B.
On ne se lasse pas de se replonger dans l’oeuvre d’Alfred Hitchcock, sans l’ombre d’un doute le cinéaste objet de l’activité éditoriale la plus soutenue. Ainsi aujourd’hui d’un coffret ultra collector retraçant, en cinq Blu-ray et un livre inédit, la collaboration longue d’une petite dizaine d’années entre le maître du suspense et le producteur David O. Selznick, et ponctuée par quatre films, à savoir, dans l’ordre chronologique, Rebecca (1940), Spellbound (1945), Notorious (1946) et The Paradine Case (1948). Adapté de Daphné du Maurier, Rebecca consacrait les débuts américains du réalisateur. Ce drame gothique dans la pure tradition… britannique n’a rien perdu en trouble, récit d’une absence vénéneuse, celle de Rebecca de Winter, défunte venue hanter l’existence de son ex-mari et de sa seconde femme (Laurence Olivier et Joan Fontaine) jusqu’à l’obsession, pour un film tutoyant l’abîme. Construit autour du couple Cary Grant – Ingrid Bergman, Notorious (Les Enchaînés) constitue pour sa part un pur chef-d’oeuvre hitchcockien, dissimulant son histoire d’amour derrière une affaire d’espionnage aux ressorts bien huilés, MacGuffin compris, en un cocktail hautement addictif de charme et de tension, à quoi le cinéaste ajoute une touche virtuose. S’ils peinent quelque peu à soutenir la comparaison, Spellbound (La Maison du docteur Edwardes) et The Paradine Case, les deux films que tourna le réalisateur avec Gregory Peck, n’en présentent pas moins des arguments intéressants, le premier exploitant efficacement son arrière-plan psychanalytique qu’il relève de fulgurances (la séquence du rêve, signée Salvador Dalí), tandis que le second joue avec esprit des ressorts du thriller judiciaire. Comme toujours chez Carlotta, l’édition est particulièrement soignée, les restaurations exemplaires étant assorties de compléments passionnants: analyses, extraits des entretiens Hitchcock/Truffaut, portrait de Daphné du Maurier, sans oublier l’ouvrage de référence La Conquête de l’indépendance, qui achève de faire de ce coffret un must. J.F.Pl.
Saison après saison, Game of Thrones, adaptation du roman de George R.R. Martin (A Song of Ice and Fire), s’est affirmé comme le golgoth des séries télé: un casting composé majoritairement d’inconnus devenus stars, des moyens techniques colossaux, une dramaturgie meurtrière où la violence envers les femmes, la sexualité débridée et les viscères répandus à terre d’un coup d’épée font ménage avec une mythologie messianique et millénariste sur fond de conquête du pouvoir. La lente montée en puissance des six premières saisons et des personnages féminins (Daenerys, Cersei Lanister, Aria et Sansa Stark), l’évolution de mâles plus ou moins alphas (Tyrion et Jaime Lannister, Jon Snow), promettant une lutte trépidante entre les survivant.e.s du massacre annuel, a laissé place à une septième et avant-dernière saison grandguignolesque. L’édition de ce coffret luxueux garni de bonus, entretiens et capsules amusantes, laisse ceci dit quelque peu pantois dès lors que la 8e et ultime saison donnera probablement lieu à un coffret… complet celui-là. À moins d’être un fan acharné, patientez: il ne doit en rester qu’un. N.B.
Remise au goût du jour par le triomphe de La La Land, la comédie musicale américaine est à la fête avec un coffret réunissant quelques fleurons du genre. De Singin’ in the Rain à Victor Victoria, de Easter Parade à An American in Paris, les seize titres proposés constituent un concentré de bonheur, les Ginger Rogers, Fred Astaire, Gene Kelly Judy Garland et autre Cyd Charisse y portant le musical à sa quintessence sous la conduite des Vincente Minnelli, Charles Walters et même FF Coppola. Irrésistible. J.F.Pl.
Indémodable, Alexandre Dumas? L’approche des fêtes favorise en tout cas les sorties de films hollywoodiens adaptés de l’oeuvre du romancier français. Un beau coffret en rassemble quatre: Le Comte de Monte-Cristo (1934), L’Homme au masque de fer (1939), Cagliostro (1949) et Vendetta (1941). On peut aussi trouver en DVD Le Fils de Monte-Cristo (1940), libre adaptation d’un pastiche écrit après la mort du maître. L.D.
Créature fascinante et terrifiante de l’imaginaire fantastique, la Momie a inspiré de très nombreux films, dont les trois réalisés par Stephen Sommers en 1999 (La Momie), 2001 (Le Retour de la Momie) et 2008 (La Momie: La Tombe de l’empereur Dragon). Un coffret rassemble cette trilogie d’aventures louchant vers Indiana Jones, spectaculaire mais très superficielle, loin de la grandeur des sommets de Karl Freund (1932, avec Boris Karloff) et Terence Fisher (1959, avec Christopher Lee). L.D.
En 1991, R.E.M. découvrait tout à coup le succès XXL avec Out of Time (le tube Losing My Religion). Un an plus tard, en plein triomphe grunge, le groupe était déjà de retour avec ce que beaucoup considèrent comme son chef-d’oeuvre. Diamant noir, Automatic For The People contient notamment les classiques Man On the Moon ou Nightswimming. Vingt-cinq ans plus tard, sa réédition deluxe propose démos, live -seul témoin scénique de l’époque- et Blu-Ray. L.H.
La BBC a toujours soigné ses auditeurs aux petits oignons. Invitant les plus grandes stars de la pop et du rock pour d’incroyables sessions. Vous connaissez par coeur celles des Beatles? Universal déballe maintenant celles des Stones. Dix-huit chansons enregistrées par Mick, Keith, Brian, Charlie et Bill entre 1963 et 1965 dans les studios du service public britannique. CD ou vinyle. Édition du pauvre, deluxe ou limitée… Satisfaction! J.B.
Cadeau idéal pour le copain ou le cousin resté bloqué au début des années 80 (et pourquoi pas pour les fans de tous les jeunes groupes qui s’en sont inspirés), ce coffret cinq CD présenté comme un petit bouquin explore en une centaine de titres le post-punk britannique de 1977 à 1981. Wire, Gang of Four, Magazine, Joy Division, The Fall mais aussi The Pop Group, les Raincoats, The Birthday Party ou encore les Slits… De quoi faire valdinguer les sapins. J.B.
C’est un joli coffret au format 45 Tours. Avec une réplique de son tout premier single commercialisé (Laura, We’re on Our Last Go-Round sorti en 1964 chez Brunswick), un livret de 60 pages blindé de photos d’archives et d’extraits d’interviews… C’est surtout un formidable voyage dans la carrière d’un monstre sacré. Avant de devenir patron de gang exubérant pour John Carpenter (Escape from New York) et chef cuistot de dessin animé pour Matt Stone et Trey Parker (South Park), Isaac Hayes, mort en 2008 à l’âge de 65 ans, a subjugué les foules, fait grimper la température de la soul, repensé sa garde-robe et remporté un Oscar pour la musique de Shaft, polar noir avec des Noirs et pour les Noirs (« Who’s a black private dick? Who’s a sex machine to all chicks? »). The Spirit of Memphiscompile le Black Moses en quatre disques. Premières contributions chez Stax comme compositeur et producteur, carrière solo, art de la reprise et talent d’instrumentiste et de musicien de studio. Golden Hayes! J.B.
George Michael est parti un peu vite le 24 décembre 2016, à 53 ans, suite à trois décennies de binge-fête et autant de questionnement intime. Sa carrière commerciale -115 millions de disques vendus- comme la combinaison d’un brushing voyant et de clips codés MTV ont peut-être brouillé l’envergure de son talent musical. Davantage qu’un séducteur à pilosité prononcée, il y eut une voix magistrale, un insolent karma mélodique et des facultés de producteur et multi-instrumentiste transgressant les modes. Ce box vient nous le rappeler dans un confort d’écoute lié aux racines soul-gospel de la musique georgemichaelienne. À commencer par le remastering de l’album Listen… sorti en septembre 1990 et vendu à 8 millions d’exemplaires, contre 20 pour le précédent, Faith. C’est justement parce qu’il sort d’un trip funky-hédoniste que des titres comme Praying for Time, Cowboys and Angels ou Heal the Pain prennent le ton de brillantes ballades dessinées par le doute et la mélancolie. On en ressort persuadé que l’âme anglo-chypriote s’est délivrée de quelques-unes de ses torpeurs, impression similaire gagnant les deux autres disques du coffret: le très seyant MTV Unplugged et le Bonus Audio incluant des raretés en compagnie de McCartney ou Astrud Gilberto. Le quatrième disque, un DVD, comprend une pièce de choix: le documentaire de 92 minutes réalisé en 1990 par The Southbank Show sur celui qui, dès l’enfance, voulait « devenir une star ». Ph.C.
Ils n’ont encore annoncé au compte-gouttes qu’une infime partie de leurs affiches mais les festivals d’été ont déjà entamé leur vente de tickets. Et c’est d’autant une meilleure idée à glisser sous l’arbre de Noël que beaucoup proposent jusqu’à la fin de l’année des tarifs préférentiels. Dour, les Ardentes et Couleur Café (mais aussi le hautement recommandable Guess Who? à Utrecht) ont tous leur formule Early Bird. Comme un oiseau sur la branche… J.B.
Né à Londres, mais ayant grandi à Bruxelles, celui que Mingus a baptisé le « young Django » a joué avec les plus grands (Stéphane Grappelli, Charlie Mingus, Chet Baker, Benny Goodman…) et promené sa guitare à peu près partout dans le monde. Alors qu’il vient de fêter ses 75 ans, l’incontournable Philip Catherine bénéficie d’un coffret reprenant cinq albums enregistrés entre 1974 et 1982, dont un Solo Bremen 1979 & 1982 totalement inédit. L.H.
Le box précédent avait été pris en charge par Brian Eno. Cette fois, c’est la grande prêtresse neo-soul Erykah Badu qui a été désignée pour prendre les commandes de ce nouveau coffret, le quatrième, consacré à l’oeuvre de Fela. Limité à 3000 exemplaires, à commander sur le site du label, il reprend sept albums de la légende afrobeat (dont Yellow Fever, No Agreement). Chaque vinyle étant accompagné d’un « essai » d’Erykah Badu et de photos inédites. L.H.
En octobre 1977 paraît ce sixième album de la bande à Freddie, affublé d’une hideuse pochette de l’artiste américain Frank Kelly Freas: cela n’empêchera nullement le quatuor anglais d’imposer un stomp rock taillé pour les stades via We Will Rock You et We Are the Champions. Cette luxueuse réédition nous plonge dans une nouvelle version vinyle du disque original, trois CD complémentaires et un DVD exhibant Queen et ses rêves de grandeur assumés. Ph.C.
On l’aurait vu reprendre récemment le chemin des studios. En attendant d’en apprendre davantage, Françoise Hardy, icône de la chanson française s’il en est, a droit à un nouveau coffret. Proposé à prix mini, il réunit les « 10 meilleurs albums parus entre 1967 et 2006 », dont Ma jeunesse fout le camp… (1967), Message personnel (1973), Le Danger (1996), etc. Chacun étant présenté dans une pochette CD « replica », reprenant les rectos/versos originaux. L.H.
Né en 2012, le magazine So Film a su imposer un regard différent sur le Septième art, passion du cinéma et penchant pour le journalisme gonzo y faisant résolument bon ménage. Démonstration avec ces New York Stories, empruntant leur titre au film de Woody Allen, F.F. Coppola et Martin Scorsese, et fantasme cinéphile en forme d’immersion en compagnie des James Gray, Safdie Brothers ou autre Abel Ferrara dans la ville-cinéma par excellence. Grands entretiens (avec les susnommés, mais encore Harvey Keitel, Brian De Palma ou D.A. Pennebaker), portraits fouillés (de Philip Seymour Hoffman à Louis C.K.), récits de tournage (comme celui, halluciné, de The French Connection, de William Friedkin), reportages (sur les traces, par exemple, du Bleecker Street Cinema, disparu par un jour funeste de 1990) composent une vision panoramique de Big Apple, débordant à l’occasion de l’écran. Ainsi, le temps d’un flash-back sur la carrière météorique de The Del-Byzanteens, le groupe où officia Jim Jarmusch au tournant des années 80. Un must. J.F.Pl.
Toutes les couvertures des recueils du journal de Spirou,éditions Dupuis, 172 pages. Prix: environ 30 euros.
Les bandeaux titres du journal Spirou, éditions Dupuis. 336 pages. Prix: environ 46 euros.
Les fans de Franquin n’en n’ont jamais assez. Ils devraient donc raffoler de ces deux albums-anthologies reprenant pour l’un, toutes les couvertures qu’il a créées pour les recueils Spirou (les gros volumes condensant une dizaine d’hebdomadaires) dès 1946, et pour l’autre, tous les bandeaux titres de couverture qu’il a pu illustrer, toujours pour Spirou, entre 1953 et 1960. O.V.V.
Si vous ne le saviez pas encore, Hugo Pratt était un grand aquarelliste. Grand amoureux de la littérature, de l’Afrique et des femmes, il illustra à la fin de sa vie des poèmes africains de Rimbaud, des textes relatifs à la jeunesse coloniale et à la culture militaire de Kipling ainsi que des sonnets érotiques de Baffo. Depuis longtemps épuisés, les voilà réédités par l’excellente maison d’éditions de littérature Le Tripode, qui fait ici sa première incursion dans le monde de la bande dessinée. C.B.
Les vrais B-Boys dans la place possèdent sans doute déjà les premiers tomes de cet incontournable -l’Histoire en bande dessinée et dans le détail du rap et de la culture hip-hop made in US- mais si vous avez découvert Ed Piskor avec le troisième volume fraîchement sorti de la saga, faites-vous vite offrir ce beau coffret reprenant les deux premiers tomes, allant de 1975 à 1983: il est accompagné d’un comics inédit. O.V.V.
Première monographie consacrée à l’ensemble de l’oeuvre de Will, l’auteur de Tif & Tondu et grand grand géant de Spirou aux cotés des Franquin Jijé, Morris et Peyo, ce beau Mirages ne fait pas les choses à moitié. Grand et riche de centaines de reproductions, planches, dessins et originaux, qu’il soient en noir et blanc, au lavis ou dans de superbes aquarelles, il propose un voyage chronologique et graphique nourri en émotions visuelles. O.V.V.
Georges Perec (1936-1982) avait pour ambition d' »écrire des livres qui se dévorent à plat ventre sur son lit« . Trente-cinq ans après sa mort, la parution de ses oeuvres dans la bibliothèque définitive de la Pléiade devrait effectivement fournir l’excuse idéale pour garder la chambre à Noël. La Vie mode d’emploi, Je me souviens, Espèces d’espaces, Les Revenentes, La Disparition…: se comparant à un paysan qui cultiverait plusieurs champs -sociologique, autobiographique, ludique, romanesque-, fer de lance de l’Oulipo, Perec n’a cessé de faire plier l’écriture devant des contraintes formelles aussi géniales qu’a priori intenables -manière, mêlant réalité et imaginaire, de se reconstruire une mémoire au milieu des tragédies de l’Histoire. Y.P.
Une publication Playboy sans playmates dénudées, voilà qui n’est pas banal. C’est oublier un peu vite que derrière l’usine à fantasmes qui a scellé la légende de la revue créée par l’iconoclaste Hugh Hefner, se cache une bien plus vaste entreprise de déboulonnage de l’Amérique conservatrice. La chair et le désir d’un côté, comme pour mettre à l’épreuve de la tentation le discours puritain, la réflexion et la subversion de l’autre. À travers notamment des nouvelles littéraires, des reportages dans les plaies du pays et surtout des rencontres de haut vol avec les représentants et agitateurs de l’avant-garde culturelle des 60 dernières années. D’où le casting cinq étoiles au générique de cette compilation jouissive des 20 meilleures interviews parues dans le magazine de charme. Stanley Kubrick, Clint Eastwood, Paul Newman, Joan Baez ou encore Paul Simon s’y mettent à nu, mais au figuré dans ce cas-ci, avec une liberté de ton qui doit autant au format XXL des entrevues qu’à un « environnement » éditorial propice à la sincérité et à la confidence. Ce qui nous vaut un florilège de citations mémorables. De Stephen King imaginant que « le triomphe ultime serait qu’un lecteur ait une attaque cardiaque, littéralement mort de peur » à Marcello Mastroianni avouant son « malheur »: « À partir du moment où vous êtes une star de cinéma, les femmes vous imaginent comme un amant passionné et insatiable -tout particulièrement si vous êtes italien. Les attentes sont terribles. Même Superman n’y arriverait pas. » On y croise aussi un certain Donald Trump déclarant en 1990: « Je ne veux pas être président. Je suis sûr à cent pour cent. Je changerai d’avis uniquement si je vois que notre pays continue à s’effondrer. » Playboy, le magazine qui déshabille l’Amérique… L.R.
Le photographe anglais Mark Neville (1966) est une pointure de la photographie documentaire contemporaine. Il s’est fait connaître du grand public en 2004 à la suite de Port Glasgow Book Project, un ouvrage témoin d’une année de résidence écossaise durant laquelle il a réalisé un portrait sans complaisance de cette ville prise dans la tourmente d’un déclin post-industriel. Loin de s’être reposé sur ses lauriers depuis, Neville a posé son objectif aux quatre coins du monde, là où ça fait mal: exclus du système à Pittsburgh, jeunes recrues de l’armée britannique en Afghanistan, enfants souffrant de malformations congénitales en raison de déchets toxiques déversés dans le contexte d’une effroyable pollution industrielle dans la petite ville de Corby (Northamptonshire)… Avec son titre faussement léger, Fancy Pictures revient sur plus de douze années d’engagement photographique intensif. Cette implication se traduit par des travaux de longue haleine, des prises de position, une immersion exemplaire auprès de communautés dont l’intéressé rend compte… et bien sûr des images magnétiques. M.V.
Fin des années 90, les auteurs Rossi et Le Tendre se sont offert une récréation mythologique dans leur univers western en nous contant les aventures de deux héros grecs: Tirésias et Héraclès. Le premier était, à ses dépens, l’enjeu d’une rivalité entre Zeus et Héra. Le second nous fait le récit de la révolte d’Alcée, premier nom d’Héraclès, pour conquérir le trône de Mycène. Plus qu’un péplum, les auteurs mettent en scène des protagonistes à l’épaisseur musculaire et dramatique dans un dorénavant classique de la bande dessinée. C.B.
L’artiste française d’origine libanaise Lamia Ziadé fait le pari de revisiter un siècle d’Histoire au Proche-Orient. Défilé de gouaches aux couleurs vives et en noir et blanc façon archives, son gros carnet de voyage est une suite de portraits et d’instantanés historiques d’une zone dévastée par le bruit et la fureur. Anarchique, élégiaque, tragique, sensorielle, l’odyssée graphique commence à Tyr, dans un grand cimetière qui ne peut cacher sa beauté. « Ton voyage dans le deuil et la destruction ne fait que commencer. Il va être funèbre et merveilleux. Tu entres dans l’histoire du Proche-Orient. » Fort. Y.P.
C’est LA photographe que toutes les stars s’arrachent. Il faut dire qu’Annie Leibovitz, dans le métier depuis près de 50 ans, n’a pas son pareil pour sanctifier ses modèles à travers des décors sur mesure, tantôt spectaculaires, tantôt dépouillés, qui soulignent à la perfection les traits saillants de leur personnalité. Nicole Kidman, Leonard Cohen, Cate Blanchett, Barack Obama… Tout le gotha mondial de la dernière décennie défile dans ce coffee table book classieux et raffiné comme un coupé de légende. L.R.
Influencé par le cinéma d’Antonioni autant que par la peinture de Brueghel et de Goya, Harry Gruyaert ne s’est jamais considéré comme un photojournaliste au sens strict du terme. Son instinct est sa boussole. Et la sensualité de l’ordinaire, sa muse. Une approche impressionniste qui tranche avec celle, prétendument plus objective, de ses collègues de l’agence Magnum, où il a dû aussi imposer dès son arrivée en 1981 dans ce bastion du noir et blanc son goût, suspect à l’époque, pour la couleur, genre mineur réservé alors à la publicité et aux photos de vacances. Mais dont il a démontré dès les années 60 qu’elle pouvait être un puissant allié pour révéler les couches de sédiments enfouies sous la surface du réel. Démonstration éclatante et hypnotique avec ce East/West, coffret de deux livres exposant en miroir le quotidien des ennemis idéologiques d’hier: le Los Angeles et le Las Vegas de 1981 d’un côté, le Moscou de 1989 de l’autre. Voitures, piscines, motels et malls à l’Ouest, babouchkas emmitouflées, magasins rationnés et poitrines bardées de médailles à l’Est, conformément aux idées reçues. Sauf que les compositions au cordeau et les incroyables jeux de lumière et de couleurs du regard empathique de l’artiste belge transcendent cette grammaire figée pour laisser affleurer de part et d’autre une même mélancolie douce-amère. Comme deux poèmes visuels à la beauté triste. Un classique instantané. L.R.
Le « blast » signifie en anglais le souffle d’une explosion. C’est également, pour Polza, la fulgurance d’une hallucination soudaine provoquée par une très forte émotion. C’est en tout cas ce qu’il explique aux deux inspecteurs venus l’arrêter pour une raison que le lecteur ignore encore. Mais pour connaître le mobile de son geste, les policiers devront être patients et écouter l’histoire de ce SDF pas comme les autres. Le récit de sa véritable descente aux enfers débute par une rupture avec la société des hommes, une libération des contraintes de ses lois. Une vie en marge, avec ses moments de grâce dans la nature mais également ses rencontres parfois très violentes avec d’autres marginaux. À l’image de son protagoniste, les éditions Dargaud sortent une énorme intégrale du chef-d’oeuvre de Manu Larcenet. Situé graphiquement entre le style « gros nez » du Combat ordinaire et le très réaliste Rapport de Brodeck, le récit que nous offre ici l’auteur est poignant, percutant et superbe. C.B.
Inutile de chercher plus loin le cadeau cinéphile de cette fin d’année. Soit un coffret livre/DVD réunissant le recueil d’entretiens consacré, en 2001, par Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud à Brian De Palma, ouvrage de référence mis à jour et augmenté de nouvelles interviews (autour de ses derniers films comme Le Dahlia noir ou Redacted), et relevé de six DVD en forme de best of de sa filmographie, de Phantom of the Paradise à Scarface, en passant par Furie ou Body Double. Somptueux. J.F.Pl.
Un beau travail que l’on doit en grande partie à Erwin Dejasse, le spécialiste belge de la BD argentine et des compères Muñoz et Sampayo (il en fait sa thèse à l’ULg): la réédition, très attendue, des quinze chapitres formant l’ensemble du Bar à Joe, révolution graphique et narrative parue dans (À Suivre) dès 1978. Une formidable claque en noir, blanc et ambiances, sur les papillons de nuit de New York. O.V.V.
Attention, pépite. Auteur de L’Imagier des gens (prix du Plus beau livre du monde, carrément), le surdoué Blexbolex est de retour avec un album sans texte. Une petite fille passe tranquillement ses vacances chez son grand-père (?) avant que ne s’y invite un éléphanteau encombrant comme il se doit, avec lequel elle saura se montrer cruelle… Indatable, désuet et pop à la fois, bucolique et psychédélique, un livre d’images qui use de fenêtres narratives secondaires, élargissant magiquement ses dimensions spatio-temporelles. Une fête à l’imagination qui colonise les yeux. Dès 6 ans. Et pour longtemps. Y.P.
Incontournable pour les amateurs de pop culture contemporaine! Les éditions Taschen, décidément très actives dans le domaine cette année (avec deux autres monographies consacrées au photographe David LaChapelle), offrent au co-créateur de Gorillaz et dessinateur super trendy Jamie Hewlett un écrin digne de son succès et de sa folie graphique. Soit plus de 400 pages pour autant d’illustrations souvent grand format retraçant la carrière et l’univers graphique du Londonien, du comics Tank Girl à l’inévitable Gorillaz, objet artistique et conceptuel en soit, co-créé avec Damon Albarn, et dont le succès planétaire doit évidemment beaucoup à Hewlett, seul maître à bord de ses visuels, incroyablement nombreux. L’occasion, aussi, d’y voir les travaux d’un Jamie Hewlett moins connu ou clinquant, issus par exemple de la scénographie de l’opéra chinois pop Monkey, Journey to the West, monté également avec Albarn, ou encore issus de diverses expositions auxquelles il a pu participer en 20 ans. Depuis le milieu des années 90, son style cartoonesque, tout en humour noir et couleurs flash, est de fait une référence pour toute la pop culture, de la pub à la musique. Tout ça vaut bien un (très) beau livre bourré aussi d’anecdotes, d’infos et de croquis, à faire pâlir de jalousie tous les hipsters qui viendront poser leurs Vans sur votre table basse. O.V.V.
Lettres à Véra, de Vladimir Nabokov, Éditions Fayard, 856 pages. Prix: environ 36 euros.
Correspondance 1944-1959, de Albert Camus et Maria Casarès, Éditions Gallimard, 1312 pages. Prix: environ 33 euros.
Avant Internet et les sms, les mortels s’envoyaient des lettres. Conçues dans l’intimité d’une chambre, certaines, émanant d’écrivains, sont des chefs-d’oeuvre secrets. En 1923, Vladimir Nabokov rencontre Véra Slonim dans un bal à Berlin. Il est en plein chagrin d’amour, elle porte un intriguant demi-masque noir. Ils formeront le couple (officiel) le plus durable de la littérature du XXe siècle. En 1944, Albert Camus et l’actrice Maria Casarès deviennent amants à Paris. Camus est marié, leurs débuts sont orageux. Séparés pendant quatre ans, ils se retrouveront par hasard, ne se quittant plus des yeux jusqu’en 1959 et l’accident de voiture dans lequel il mourut. Publiées après leur disparition à tous, leurs lettres sont l’expression sublime de ce que peuvent être la fascination ininterrompue et le sentiment de proximité quasi cosmique entre deux êtres. Laboratoire inespéré de l’écriture et de la création, les romans épistolaires qu’elles composent atteignent surtout à l’insoluble universel: qu’est-ce qu’aimer, une vie durant? Une (double) merveille. Y.P.
On connaît de Siné, décédé en 2016, son Siné Hebdo souvent plus provocateur et drôle que le Charlie Hebdo qu’il avait quitté fâché, ses Chats et ses jeux de mots qui firent sa presque fortune, ou, pour les plus anciens, les cartoons sans concession qu’il produisait en direct et sans filet avec Cabu et Loup dans le Droit de réponse de Michel Polac. On se souvenait moins, et c’est bien dommage, des centaines de dessins qu’il a fournis pendant plus de 25 ans au mensuel Lui. Des dessins drôles et forcément gentiment érotiques, plus libérés que libertins, publiés entre 1963 et 1989, où l’ours mal léché qu’il était laissait libre cours à des dessins moins engagés, parfois plus poétiques, et témoins en tout cas d’une incroyable évolution des moeurs. Édité par Fluide glacial et son grand ami Lindingre, ce Siné comme chez lui contient près de 200 dessins. O.V.V.
Figure incontournable du mouvement noir américain et militante féministe, Angela Davis (1944) réexplore l’oeuvre des deux blueswomen un peu oubliées Gertrude « Ma » Rainey et Bessie Smith. Décortiquant leurs chansons, Davis montre que « noires, bisexuelles, fêtardes, indépendantes et bagarreuses« , elles ont, bientôt suivies par Billie Holiday, jeté les bases d’une culture musicale prônant une sexualité féminine libre, tout en appelant à l’émancipation des femmes noires. Un essai passionnant de critique musicale plébiscité par Toni Morrison, accompagné d’un CD 18 titres. Y.P.
L’un de nos « must have » de l’année, qui ravira les amateurs de bande dessinée contemporaine, mais aussi les vieux lecteurs curieux, biberonnés à Tintin, Blake et Mortimer, Blueberry, Lucky Luke ou Michel Vaillant: Blutch en redessine les séquences marquantes, en y intégrant son incroyable patte et de petites variations. Un album unique, aux frontières de l’art plastique et de la madeleine de Proust. O.V.V.
Quatrième (et dernière?) intégrale des oeuvres de Serge Clerc à paraître aux éditions Dupuis. Après l’intégrale rock, l’intégrale science-fiction et l’intégrale Phil Perfect, voilà le condensé quasiment exhaustif des travaux du Français en matière de polars: Le Manoir, L’Irrésistible Ascension, mais aussi des tonnes d’illustrations et de petits récits inédits publiés entre autres dans Métal hurlant ou Fluide glacial. O.V.V.
Comme de coutume, la PlayStation 4 jongle avec les éditions spéciales pour les fêtes de fin d’année. Des versions dignes de figurer dans un clip de gangsta rap 90’s défilent, à l’image des finitions Gold et Silver (350 euros avec 500 Go de disque dur et deux manettes). Étrangement, Sony et ses éditeurs tiers ne mettent toutefois pas en valeur l’exécution Pro de la console (légèrement plus puissante et recommandée pour les téléviseurs UHD). Call of Duty WWIIn’habille ainsi que sa version « simple » (dite PS4 Slim) d’un camouflage vert. Dans le même ordre d’idées, Gran Turismo Sport n’honore que la version de base de la machine. Cette édition limitée offre une unité centrale et une manette colorées d’un gris métallique et coiffées du logo de la série. Accompagnée du jeu, de 250 000 crédits (à peine de quoi acheter une voiture) et de divers contenus digitaux, cette édition d’1 To de disque dur vaut toutefois le détour. Toujours en équilibre parfait entre fun et réalisme, l’ADN de Gran Turismoexplose lorsqu’il s’applique à des courses en ligne. Mieux, le fair-play y est roi. Jouer en paix à Noël? Rien de mieux. M.-H.T.
Contrairement à la NES Classic Mini, la Super NES Classic a le chic d’être livrée avec deux manettes. Paradoxalement, les 21 hits embarqués sur cette dernière se prêtent moins à des duels que ceux de la 8 bits rééditée l’an dernier. Difficile toutefois de bouder son plaisir face des classiques comme Super Mario RPG, Yoshi’s Island, F-Zero, Secret of Mana et autre Final Fantasy III. Cerise sur le pixel, l’inédit Star Fox 2 plane sur la machine. Une arme secrète et imparable. M.-H.T.
Du monde ouvert trash et US de No More Heroes à Killer7, oeuvre controversée de 2005, Goichi Suda affiche des productions atypiques à son palmarès. Ce développeur japonais fan de foot et de britpop revient sur son parcours hors norme avec cette biographie officielle en tirage limité à 500 copies, signées par le créateur. Réalisée via des entretiens, elle détaille notamment sa carrière mais aussi les coulisses de l’industrie du jeu vidéo nippon. M.-H.T.
Présentée sur YouTube via une fausse pub vintage, la figurine de Blazkowicz rend un hommage magnétique au héros de Wolfenstein II: The New Colossus. Ce cousin de Big Jim livré avec l’édition collector du FPS sanglant s’accompagne d’accessoires, parmi lesquels une veste en cuir, six sulfateuses et une hache. Un poster et un steelbook accompagnent ce package qui vient de chuter de prix sur Amazon. M.-H.T.
Le destin de Mario s’est toujours noué aux générations successives des consoles de Nintendo qu’il accompagnait à la vente, en bundle. Big N perpétue cette tradition en livrant une couleur spéciale de sa Switch. Honorant une cuvée 2017 qui réinvente, encore, les codes ludiques du moustachu, ses deux Joy-Con arborent ainsi le rouge mythique de la casquette du célèbre plombier. Ces manettes qui se détachent de l’écran de la console apparaissent toutefois comme les seuls artefacts distinctifs de cette édition spéciale. Du reste, ce titre qui permet désormais d’incarner les adversaires de la séminale saga n’accompagne, hélas, la console que via une version dématérialisée. Les adeptes de boîtiers et de cartouches pourront toutefois basculer vers un pack alternatif proposant le jeu physique et la console (aux couleurs classiques). La boutique officielle de Nintendo sur Amazon vend ce dernier bundle à 332,39 euros contre 392 euros pour l’édition limitée de la Switch de Super Mario Odyssey. Quand on aime… M.-H.T.
8Bitdosalue le40e anniversaire l’Apple II avec une édition limitée de son AP40 Pro. Ce joypad sans fil se connecte au célèbre ordinateur via un adaptateur bluetooth qui l’accompagne. Livrée avec un support en forme de clavier miniature et logé dans une boîte aux airs de lecteur de disquettes, cette manette limitée à 1974 exemplaires tourne également sous iOS, Android, PC, Mac, PS3 et PS4. Des Retro Receivers en vente séparément la connectent enfin aux Super Nintendo, NES et à leurs rééditions Mini. M.-H.T.
Auteur de Parlez-vous le geek? chez Larousse et rédacteur en chef du Journal du Gamer, Fabio Bevilacqua cosigne ce Grand Quiz du gaming. Le jeu de société balance 90 cartes et pose 270 questions réparties en six catégories. Jouable à deux ou en équipe, le coffret aborde les consoles mythiques, les sagas, les héros, le gaming 2.0 et un spécial WTF. Trois niveaux de difficulté évitent les game over précoces et s’adaptent au plus grand nombre. M.-H.T.
Cuphead n’est pas qu’un jeu de plateforme miraculeux immergeant le gamer dans un dessin animé des années 20. Ce titre qui rend hommage à Max Fleischer, le père de Betty Boop, se promène avec talent dans les années folles, sur une BO impeccable. Entre ragtime, jazz et autres rythmes brésiliens, quatre 33 tours rendent un superbe hommage à la cinquantaine de titres et thèmes musicaux de la production indé. Une mise en vinyles très à propos. M.-H.T.
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