Let’s play, boy

Hugh Hefner n’est pas qu’un vieux monsieur un peu lubrique qu’on plante devant l’autel quelques jours avant les épousailles. Il est aussi un patron de presse redoutable, régnant sur un empire du charme depuis 1953. Ce documentaire peu frileux retrace 6 décennies de filles du mois à travers des images d’archives et des témoignages contemporains recueillis aux 4 coins du monde. Parce que Playboy est présent partout, même en pays islamique, même en dictature militaire.

Hugh Hefner a beau vendre du charme depuis 1953, il se prétend romantique. Tellement, d’ailleurs, qu’il avait décidé il y a quelques semaines de se remarier à 85 ans avec une starlette de 60 ans sa cadette. Elle, en revanche, ne brillait pas par son exaltation amoureuse: elle l’a planté devant l’autel, pavane déjà au bras d’un autre, et se répand en interviews à propos des contre-performances sexuelles du fondateur de Playboy. Un brin pathétique et pourtant, Hef (comme l’appellent ses playmates favorites) n’est pas juste un vieil obsédé trop crédule: il est aussi un remarquable patron de presse, à la tête d’un empire gigantesque qui a étendu ses tentacules partout dans le monde (même dans des dictatures militaires ou des pays islamiques) avec une efficacité redoutable. Un homme parti de rien -une mise de départ de 1000 dollars prêtés par sa mère (!) lui permettra de sortir le premier numéro- et qui a donné naissance, entre autres réjouissances, à des clubs où officient les fameuses bunnies, des boutiques de produits dérivés en tous genres, des chaînes de télévision et de radio entièrement dédiées à la chair fraîche, et une émission de téléréalité visible sur MTV, Les Girls de Playboy.

Mieux que Miss Bulgarie

Romantique, donc, mais surtout homme d’affaires avisé, Hugh Hefner. Et, dit-il, ardent défenseur des libertés individuelles et du féminisme, dont son combat pour la libéralisation des moeurs serait une émanation. Une ancienne Bunny, respectacle sexagénaire, se rappelle d’ailleurs de ses années de services en costume de lapin avec une certaine nostalgie, et estime que les conditions de travail et de salaire ainsi que le pouvoir dont elle se sentait investie auprès des hommes oeuvraient effectivement en faveur de l’émancipation féminine.

Ce documentaire un peu décousu retrace 6 décennies de filles du mois à travers des images d’archives et des témoignages contemporains, recueillis entre les Etats-Unis, l’Allemagne, les Philippines (où une édition chaste de Playboy a vu le jour en 2008) et la Bulgarie, notamment. Une jeune Bulgare peu avare de ses charmes est ainsi filmée alors qu’elle se rend à un casting pour un shooting dans l’édition locale du magazine. Là-bas, « Être playmate c’est mieux que devenir Miss Bulgarie. Ça apporte plus de notoriété. »

Et pour la célébrité que peut offrir une publication dont les ventes déclinent certes, mais qui reste la première de son créneau, il y aura toujours du monde au balcon.

Myriam Leroy

DIMANCHE 21 AOÛT, A 20H40, SUR ARTE.

D’ ANDRÉ SCHÄFER ET INGMAR TROST.

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