Les séries mythiques revues et corrigées (1/7): MacGyver 2011

De 1985 à 1992, ABC a diffusé 141 épisodes de MacGyver. À quoi ressemblerait la série si elle était née une vingtaine d’années plus tard?

Dans sa version originelle, MacGyver prêtait son incroyable débrouillardise à la fondation Phoenix, sorte de think-tank humanitaro-écologiste dont la vaste mission était simplement de « sauver le monde ». Adepte de la non-violence, viscéralement opposé à l’utilisation d’armes à feu, Mac colmatait des fuites d’acide avec des tablettes de chocolat, faisait diversion avec une fausse fusillade bidouillée sur le principe des dominos: l’allumette qui brûle la corde qui laisse tomber la carabine qui tire toute seule… Autre marque de fabrique du héros à la coupe mulet: une décontraction à l’épreuve du feu, un humour insubmersible, qui lui fait répondre « Pourquoi, vous en avez? » à la boutade « Ne me dites pas que vous allez faire une bombe avec du chewing-gum?! »

L’iPhone m’a tuer

Été 2011, il renaît sous une forme un brin différente. Angus MacGyver, garçonnet solitaire (forcément, avec un prénom pareil), avait un temps libre inversément proportionnel à son nombre d’amis quand il était petit. Il jouait tout seul, avec ce qu’il dénichait au hasard de ses explorations de la cour de récré. Fabriquait une bombe de poche avec une pomme de pin, un coussin péteur avec un berlingot de Fristi vide. Promis à un brillant avenir de bricolo-scientifico-agent secret, repéré dès le plus jeune âge par l’amicale des héritiers de Géo Trouvetou du Journal de Mickey, il vit ses rêves s’écrouler avec l’émergence de l’iPhone.

Désormais, l’agilité et l’habileté à manier le couteau suisse étaient moins utiles à la survie que le téléchargement d’une série d’applications sur son téléphone. Trouver son chemin en forêt? Geolives propose des cartes topographiques. Télécommander une fusée à distance? Remote. Vérifier l’inclinaison d’une surface? Clinometer. Faire croire à une fusillade? Shotgun.

La technologie avait désormais pris le pas sur l’astuce. Un certain Jack Bauer la maîtrisait d’ailleurs tout aussi bien que lui et pouvait par ailleurs revendiquer des gros muscles et une formidable aptitude au coup de pied retourné et à la descente du coude, ce dont ne disposait pas MacGyver. La concurrence de Chuck Norris était également devenue trop écrasante.

Voilà donc notre héros devenu magicien, animateur de goûters d’anniversaire, clown astucieux qui sait mieux que personne que les Mentos font jaillir le Coke Light de sa bouteille et qu’une bougie s’éteint quand on l’emprisonne sous un verre.

La série dont il est le personnage principal débute lorsqu’il doit colmater le trou fait dans une piñata par un petit convive obèse y ayant subtilisé une sucrerie. Un épisode, un cas de figure. Le tout sur fond de quête d’un vrai boulot -objectif: intégrer l’équipe du Mac Line Store de City 2, devenir technicien de maintenance Apple.

Sans surprise, ses aventures ne sont pas reconduites par ABC, qui déplore qu’elles n’ont pas trouvé leur public, et que de toute manière, tout héros dont l’auxiliaire de vie principal n’est pas l’iPhone n’a plus aucune crédibilité auprès de son public de digital natives. Sale temps pour les Castors juniors.

Myriam Leroy

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