Critique

Les drôles d’oiseaux d’Aviary Attorney

Aviary Attorney © Sketchy Logic Games
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Copiant les ressorts ludiques et juridiques d’Ace Attorney, Aviary Attorney salue le zoomorphisme de Jean-Jacques Grandville avec humour.

Souligner la vacuité de la comédie humaine et critiquer la société par le biais du zoomorphisme est un art dans lequel Jean-Jacques Grandville excellait au XIXe siècle. Aujourd’hui, l’illustrateur voit ses planches satiriques renaître de façon pour le moins inattendue dans Aviary Attorney. Picorant goulûment les idées ludiques d’Hatoful Boyfriend et surtout d’Ace Attorney, ce délicieux point & click couvé à Coventry (non loin de Birmingham) plane toutefois comme un oiseau qui mime ses congénères. De quoi le déclarer coupable de plagiat?

Avocat dandy et alcoolique, Jayjay Falcon se prend souvent le bec pour un rien avec Sparrowson, son assistant bourru. Le faucon futé et le moineau sans tact défendent pourtant avec talent des accusés issus d’une société parisienne de 1848 où se mêlent meurtre, espionnage et trahison familiale. Premier chapitre. Monsieur Grenwee, grenouille de son état, a été éventré lors d’un repas bourgeois. Lady Caterline De Miaou, fille du Baron Rorgueuil (un riche investisseur à tête de lion), est immédiatement soupçonnée. Dès la première enquête et jusqu’à la fin, l’aventure parisienne à l’humour très britannique ne cache pas qu’elle s’inspire délibérément de la structure des Ace Attorney de Capcom. Faute avouée…

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Bariolé de dialogues savoureux aux jeux de mots volontairement foireux, Aviary Attorney ouvre ainsi chacun de ses épisodes par une scène de crime dévoilant plus ou moins de détails au gamer. L’enquête peut ensuite démarrer. Colombo, es-tu là? Visiter la scène du crime et des lieux apparentés. Rechercher des indices, à la souris, dans des boudoirs et autres jardins splendides. Interroger plusieurs témoins. Sur fond de lithographies élégantes, le duo aviaire et avide de justice recueille des éléments sous forme de précieux mots-clés et d’objets qu’il brandira lors de chaque procès.

La ferme des animaux

L’aventure ourlée de sarcasmes -jamais très corrosifs- ne réinvente donc pas le genre. Mais on sent que Jeremy Noghani, game designer et scénariste du jeu, a pris un réel plaisir à écrire chaque ligne de dialogue. Une girafe servante qui vole de l’argenterie. Un canari photographe qui se prend pour un artiste et propose d’envoyer des tweets. Un renard princier espagnol. Chaque rencontre se double en outre d’une bande originale classique insufflant drame, légèreté ou majestuosité aux scènes. Le tout avec un rare sens de l’érudition et de l’à-propos.

Du Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns aux extraits du Carmen de Bizet, l’orchestration immerge le joueur, surtout lors des jugements. Phase décisive, les contre-interrogatoires de témoins demandent ainsi de sélectionner les (bons) termes douteux de leur déposition pour les mettre sous pression. Par instinct, on décide ensuite de taper une Objection sans savoir si l’on dispose de la preuve matérielle pour l’appuyer. Bien surveiller les réactions négatives ou positives du jury est vital. Les gamers eux ont tranché sur le cas d’Aviary Attorney: non coupable.

ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR SKETCHY LOGIC GAMES, ÂGE NC, DISPONIBLE SUR PC ET MAC.

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