Critique

[le jeu de la semaine] Bravely Default II: morts à crédit

Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Passer son tour est un art que Bravely Default transcende avec passion en ressort ludique sur son deuxième épisode. une espèce en voie de disparition.

En amour comme au travail, avoir plusieurs coups d’avance serait vital. Loin de cette discutable happycratie pour coachs de vie, Bravely Default II célèbre singulièrement la retenue et la préparation à des fins ludiques. Ce jeu de rôle se présente en outre comme un savoureux anachronisme puisque son approche au tour par tour ne fait plus vraiment recette. Invoquant les Final Fantasy des années 90, le jeu des créateurs du très recommandable Octopath Traveler plane donc comme un oiseau rare sur Switch.

Petit rappel des faits. Les jeux de rôle au tour par tour ont ceci de jubilatoire qu’ils permettent d’attaquer et de se défendre en prenant le temps de la réflexion. Le tout au fil de plusieurs dizaines d’options savantes. Accessoires par centaines, types de combattants et nature de l’adversaire y modèlent une équation savante dont on affine des variables infinies en espérant arriver à la formule miracle. Celle qui fera le maximum de dégâts.

Bravely Default II capitalise sur cette forme de baston très mentalisée pour y ajouter une donnée supplémentaire: en combat, le joueur peut passer son tour pour garder des coups en réserve et ensuite enchaîner plusieurs actions successives. En pratique, lancer une triple attaque grignote, par exemple, durablement la barre de vie d’un adversaire qui a tendance à se soigner.

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Éloge de la retenue

Permettant aussi d’activer un bouclier pour tous ses coéquipiers, ces combos futés et jubilatoires peuvent également se déclencher sans attendre. Mais ils figeront ensuite le gamer lors des tours suivants. À n’utiliser donc que si la majeure partie de l’équipe se retrouve au tapis ou face à un monstre en fin de vie… Cette mécanique maligne fluidifie au final l’action. Bien placée, elle permet même d’éliminer deux monstres en un seul tour. Mieux, les enjeux ludiques sont gonflés: passer trois fois son tour pour charger une triple attaque de feu inopérante peut être fatal au groupe.

Une princesse déchue et un jeune marin amnésique au lourd secret, un barde revanchard et un jeune prince qui se prend trop au sérieux: affublé d’un propos écolo et une soif de pouvoir aveugle, Bravely Default II caste une galerie de personnages entendus. Son récit se suit sans déplaisir. Mais on y revient surtout pour son gameplay peu rénové (depuis l’épisode de 2013 sur 3DS) mais toujours efficace. Notons aussi que les phases d’exploration sur la carte permettent de voir et d’éviter les ennemis. Ces derniers fuient une team trop puissante tandis que leur asséner un coup d’épée juste avant le contact offre un tour d’avance de réserve. Bien vu.

Déballant des moments de combat désespérés typiques des J-RPG, Bravely Default II se vit finalement au rythme d’explorations, de combats et de préparations. Son tutoriel initiera sans problème les béotiens aux arcanes du genre. Une manière comme une autre pour le jeu d’assumer pleinement son statut de gardien d’un genre presque mort.

Bravely Default II

édité par Square Enix et développé par Clay Tech Works, âge: 12+, disponible sur Nintendo Switch. ****

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