Critique

[Le film de la semaine] The Revenant, grand film

Leonardo DiCaprio dans The Revenant d'Alejandro González Iñárritu © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

WESTERN | Inarritu arpente un horizon mythique sur les pas d’un trappeur laissé pour mort dans l’Ouest sauvage. Un film inouï, avec un stupéfiant DiCaprio…

« Bats-toi jusqu’à ton dernier souffle, mon fils… » Emergeant de la dévastation, ces quelques mots résonnent tel un mantra dans The Revenant, le nouvel opus d’Alejandro Gonzalez Inarritu, un « survival » embrassant un horizon mythique. Située dans les années 1820, l’action débute alors qu’un petit groupe de trappeurs est attaqué par des Indiens. L’engagement est fulgurant et sauvage, ne laissant qu’une poignée de survivants, cherchant le salut par la rivière. Parmi eux, Hugh Glass (Leonardo DiCaprio), un homme rompu aux dangers et aux vicissitudes de l’Ouest sauvage. Mais qui, après un corps-à-corps avec un grizzli, va être abandonné, laissé pour mort, par ses compagnons d’infortune; seul, avec sa volonté et sa soif de vengeance pour uniques ressources face à l’immensité d’un environnement hostile…

Récit des origines

Une équipée vengeresse dans un cadre enneigé? Le rapprochement avec The Hateful Eight, le dernier Tarantino, est assurément tentant. Mais s’il s’appuie sur une trame simple et classique (empruntée au roman éponyme de Michael Punke, inspiré de faits réels, et par ailleurs voisine de celle de l’impeccable Man in the Wilderness de Richard C. Sarafian), The Revenant est cependant un film hors du commun. Recourant à de longs plans-séquences qu’habille un imposant travail sur le son (et la partition de Ryuichi Sakamoto), Inarritu y propose une expérience immersive sans guère d’équivalent -un postulat affirmé dès la scène inaugurale, dont le réalisme cru et la violence sèche n’ont guère à envier à l’ouverture de Saving Private Ryan, c’est dire. Moins démonstrative, la suite est pourtant plus impressionnante encore tant l’odyssée de Hugh Glass atteint bientôt à une dimension quasi spirituelle, venue transcender le motif de la vengeance. Maître glissement que celui-là, qui vaut au film des allures de récit des origines, confrontant l’homme à une nature souveraine, à laquelle les paysages canadiens confèrent un surcroît de grandeur encore, de même qu’à une succession d’épreuves rythmant la route de son obsession.

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The Revenant évoque quelque voyage au bout d’une nuit peuplée d’ombres et de fantômes, qui fait dire à l’un de ses protagonistes: « Je n’ai pas peur de mourir, je suis déjà mort. » Pour autant, portée par un souffle épique puissant, cette oeuvre d’une sombre et ravageuse beauté -soulignée encore par l’extraordinaire photographie d’Emmanuel Lubezki, lequel n’a recouru qu’à la lumière naturelle- compose une sidérante ode à la nature en même temps qu’elle explore l’âme humaine, fût-elle réduite à un râle. Celui de Hugh Glass n’a pas fini de nous hanter, en tout cas. Et on n’imagine pas Leonardo DiCaprio, proprement stupéfiant dans ce pas de deux avec la mort, repartir une nouvelle fois bredouille de la cérémonie des Oscars. Grand film.

D’ALEJANDRO GONZALEZ INARRITU. AVEC LEONARDO DICAPRIO, TOM HARDY, DOMHNALL GLEESON. 2H36. SORTIE: 27/01.

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