Critique

Le film de la semaine: Le Goût des myrtilles, retour à la nature

Le Goût des myrtilles © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

DRAME | La poésie de Thomas de Thier étreint le thème du grand âge avec délicatesse dans un film énigmatique et touchant.

Le 3 juin n’est pas un jour comme les autres pour Jeanne et Michel. C’est à cette date, chaque année, que le second vient chercher la première pour un pique-nique en forêt. L’âge n’a pas fait renoncer le vieux couple à ce rituel, et la météo leur sourit une fois de plus aujourd’hui. La douceur accompagne leur trajet en voiture, puis leur promenade quand ils gagnent l’ombre des arbres. La tendresse de Jeanne et Michel trouve sous la futaie un bien bel écrin. Mais des circonstances que nous ne dévoilerons pas ici feront bifurquer leurs chemins, et l’inquiétude soudain les étreindre… Pour son deuxième long métrage de fiction après l’émouvant Des plumes dans la tête (2003), Thomas de Thier nous emmène en balade, sur les pas d’un Michel Piccoli (lire son interview dans le Focus du 10 octobre) et d’une Natasha Parry accordés à son subtil projet. Si la mort d’un enfant, le basculement de sa mère au seuil de la folie, habitaient sa première réalisation, le cinéaste belge évoque ici le grand âge, le retour figuré mais aussi littéral à une mère nature dont, même très vieux, l’humain reste l’enfant…

De Thier dirige très librement un duo Piccoli-Parry que Doillon avait réuni en 1981 dans sa Fille prodigue, et qu’on revit récemment au théâtre dans Ma main dans la tienne, mis en scène par Peter Brook à partir d’une correspondance de Tchekhov. Aux meilleurs moments du film, ils sont comme en apesanteur, dans un cadre que le cinéaste cheville à leur émouvante présence. Le Goût des myrtilles s’enracine dans la réalité tout en y intégrant des éléments poétiques, comme quand une troupe de jeunes filles scoutes prend l’allure de nymphes sous le regard de Michel perdu dans les bois. L’originalité du film est dans cette fusion du réel et de l’imaginaire. S’en dégage un sentiment puissant de lien entre l’Homme et le grand tout d’une nature souveraine, d’où nous venons et où nous retournons à la fin du parcours. C’est beau, et touchant. Parfois un peu distendu, erratique, mais assurément fascinant avec ses échos lointains de panthéisme façon shinto.

  • DE THOMAS DE THIER. AVEC MICHEL PICCOLI, NATASHA PARRY, ARNO. 1H26. SORTIE: 15/10.
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