Critique

[Le film de la semaine] Janis: Little Girl Blue, d’Amy Berg

Janis: Little Girl Blue, d'Amy Berg. © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DOCUMENTAIRE | Amy Berg consacre un documentaire fouillé à la chanteuse Janis Joplin, icône sixties rattrapée par ses démons et un destin tragique à l’âge de 27 ans…

Le documentaire musical a la cote, et après Bob Marley (Marley, de Kevin Macdonald), Sixto Rodriguez (Searching for Sugar Man, de Malik Bendjelloul), Nick Cave (20.000 Days on Earth, de Iain Forsyth et Jane Pollard) ou Amy Winehouse (Amy, d’Asif Kapadia) parmi beaucoup d’autres, c’est aujourd’hui au tour de Janis Joplin d’en faire l’objet avec Janis: Little Girl Blue.

On trouve à la réalisation de ce film une documentariste réputée, Amy Berg, auteure notamment de Deliver Us from Evil, ou encore de West of Memphis. Pour retracer le destin de Janis Lyn Joplin, née en 1943 à Port Arthur, au Texas, et fracassée en plein vol, 27 ans plus tard, dans un motel de Los Angeles, non sans être devenue entre-temps une icône générationnelle, la cinéaste procède de manière classique. Et s’appuie sur force documents d’époque (photos, images live, sessions de studio…), relevés des témoignages de proches de la chanteuse -famille, musiciens, et notamment les membres de Big Brother and the Holding Company, son groupe de 1966 à 1968, et du Kozmic Blues Band, qui devait l’accompagner ensuite-, mais aussi d’observateurs de son irrésistible ascension (ainsi, par exemple, de D.A. Pennebaker, l’auteur de Don’t Look Back, qui avait filmé Monterey Pop, où elle devait signer une double performance mémorable). A quoi elle ajoute les nombreuses lettres de Janis Joplin, échanges épistolaires auxquels Cat Power prête sa voix, et qui donnent une vibration intime au propos.

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Tempérament de feu

Plutôt convenu dans sa forme, et assurément fort sage eu égard à la personnalité de Joplin, le résultat s’avère néanmoins passionnant, traduisant tout à la fois l’effervescence du moment -la jeune rebelle débarque à San Francisco au coeur des années 60, en pleine explosion du flower power-, comme l’aura singulière de la chanteuse, dotée d’un tempérament de feu en plus de sa voix d’exception. Difficile, par ailleurs, de rester insensible à la soul psychédélique qu’elle portait à incandescence sur scène, et Janis est électrifié par un groove grisant, quand il ne prend pas aux tripes, comme lorsqu’elle enregistre Summertime d’un timbre ouvrant sur un abîme d’émotions.

Une sorte de contrepoint à son destin tragique qui verra Janis Joplin céder à ses démons -alcool et drogues diverses- à mesure qu’elle gravit les échelons de la renommée, jusqu’à y succomber dans la nuit funeste du 4 octobre 1970, alors même qu’elle semblait les avoir surmontés. Impossible, à cet égard, de ne pas tracer de parallèle entre la vie de celle que l’on surnomma la « Mama cosmique » et celle d’Amy Winehouse, autre artiste écorchée fauchée en pleine gloire, en quelque refrain tristement connu celui-là…

D’AMY BERG. AVEC JANIS JOPLIN, D.A. PENNEBAKER, KRIS KRISTOFFERSON. 1H43. SORTIE: 22/06.

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