La baraque à frites, visite au fritkot de la gare de Jette

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Ca n’est pas un épisode de Strip-Tease, et pourtant ça y ressemble fortement. Si ce n’est que le côté voyeur laisse la place à une véritable émotion, parce que ce documentaire est profondément humain.

Avec un accent bruxellois aiguisé comme un coupe-patates: « Tu sais où je vis? Là où je suis. Si moi ce soir, je rentre chez ma mère et je dis je veux dormir chez ma mère, et ben je suis chez moi. Je vais chez ma meilleure amie (je n’en ai pas, mais enfin…), j’ai envie de traîner dans le café (ce que je ne fais jamais, mais enfin… ça peut arriver), mais je suis chez moi. (…) Partout c’est chez moi et nulle part. Y’a un seul endroit où je sais où je suis, c’est ici, ça c’est chez moi, ça c’est bel et bien chez moi. »

Et chez elle, c’est le fritkot Mercier, planté devant la gare de Jette. Autant dire que les dialogues sortis droit de C’est arrivé près de chez vous ou des plus savoureux Strip-Tease s’enchaînent avec les allées et venues de clients parfois cassés par la vie. Comme cette petite madame toute ratatinée, bien inspirée de rappeler que les Etats-Unis se sont construits sur les cendres des Indiens d’Amérique, laissant les Noirs, importés comme des machines esclaves, sur le bas-côté.

Le documentaire, centré sur la personnalité fédératrice de la fritkotière, est un hymne à ce folklore culinaire en voie de disparition. Elle, la Brusseleir, avec son espagnol impeccable et son excep-tionnel mari, version encore plus arrondie et plus moustachue de l’ancien délégué aux droits de l’enfance Claude Lelièvre, tape la papote avec ses habitués et le film nous touche, parce que profondément humain.

La Baraque à frites, 22.00 sur Arte.

Documentaire de Manuel Poutte.

G.V.

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