Kate Moss, la création d’une icône

© Nicola Graef

Il n’est pas question de rubrique people dans cet excellent documentaire que Nicola Graef consacre à Kate Moss. Rien de bien croustillant à se mettre sous la dent, si ce n’est les éléments de sa carrière qui ont construit sa légende, icône d’une génération, baignant dans le luxe et la culture punk.

Amateurs de pipoleries, amoureux de potins, ceci n’est pas pour vous. Epargnons votre temps précieux (pendant lequel Kim Kardashian et Lindsay Lohan changent de boyfriend): il n’est ici jamais question des amoureux de la top anglaise, tandis que sa propension à se poudrer la cloison nasale n’est que vaguement évoquée, et encore, uniquement pour souligner que les employeurs de la belle y trouvent leur compte en terme d’imagerie trash et rebelle. On n’apprend rien sur son enfance ni sur son passé, on sait juste qu’elle a été remarquée à 14 ans par une directrice d’agence dans les rues de New York. Et Kate Moss n’intervient pas une seule fois dans ce documentaire programmé dans la case Pop Culture.

C’est d’ailleurs un élément signifiant de ce sujet: il ne se passe pas un jour sans qu’elle figure en couverture d’un magazine ou en ouverture de pages gossip, et pourtant, la brindille ne donne jamais d’interview, ne s’exprime sur rien, n’a pas le moindre commentaire à jeter en pâture aux journalistes sur le moindre sujet.

Punk attitude

Une attitude qui a construit sa légende, faite de luxe et de punk, d’élégance et de rock. Soit un puits sans fond dans lequel les créateurs peuvent puiser leur inspiration. Si Kate Moss est devenue une telle icône, c’est parce que certains ont pu plaquer leurs rêves sur son petit visage pâle et émascié, sur sa silhouette décharnée. Elle est le chevalet, ils ont la palette. Elle n’est pas la plus belle du monde: elle est la plus caméléon, tout en restant reconnaissable entre mille. Et surtout, elle est cool.

La styliste Vivienne Westwood plussoie: « Ce que j’aime chez elle, c’est qu’elle ne se soucie de rien. Elle s’en fiche complètement d’être nue. (…) C’est assez punk comme attitude ». Le photographe Peter Lindbergh appuie: « Elle est tout simplement extrêment naturelle et gaie ». Elevée par l’industrie de la mode, la supermodèle incarnait à la perfection le grunge du milieu des années 90, entre nonchalance et provocation offensive. Aujourd’hui, elle donne à voir les défauts de l’être humain tout en restant un être à part. Sur elle, le moindre morceau de tissu devient intéressant.

Après 52 minutes de témoignages d’artistes et de modeux tout à sa gloire, on ne sait toujours pas comment son mythe a été créé, mais on se rend compte qu’il lui survivra.

Kate Moss, la création d’une icône, 22.40 sur Arte.

Documentaire de Nicola Graef.

Myriam Leroy

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