Guy Verstraeten

Joli coup de la RTBF avec les Kennedys

Guy Verstraeten Journaliste télé

Avec « The Kennedys », la RTBF prouve que les séries américaines atterrissent désormais à la hâte dans les lucarnes européennes.

La chronique de Guy VERSTRAETEN

Jolie performance. Pour la première (et la dernière?) fois, nous avons eu le privilège de visionner une série américaine avant même qu’elle soit projetée dans le salon de l’Oncle Sam. On pourrait mentir, broder, maquiller, mais non, nous ne sommes pas spécialement amis, chez Focus, avec les créateurs de The Kennedys, messieurs 24 heures chrono Jon Cassar et Joel Surnow. Au contraire même, leur ténacité à défendre, via Jack Bauer, les vertus de la torture en cas de crise nous pousserait même à éviter soigneusement leur compagnie.

Bien installé à droite de l’échiquier idéologique, le duo s’est attaqué à l’une des icônes du monde libéral et démocrate américain en la personne de JFK, dont il croque l’entourage et le parcours dans une série en huit épisodes à l’efficacité redoutable. Mais sans pitié aucune. Alors, les Kennedy et quelques historiens ont fini par avoir gain de cause: la commanditaire History Channel l’a finalement joué cold feet, laissant le biopic télé stagner plusieurs mois avant atterrissage… sur la toute petite Reelz Channel. Sujet sensible, traitement controversé, goût de souffre: pour la première du 3 avril dernier, même les cases publicitaires ont ramé pour trouver preneurs…

Vigilance, réactivité

Cela dit, la mini-série s’annonçait dès le départ comme un gros événement façon petite lucarne, suscitant l’excitation des télés du monde entier. La RTBF a raflé la mise belge en profitant de la lutte menée entre Canal+ et France 3: la chaîne publique l’ayant emporté, BeTv ne pourra pas profiter du partenariat avec sa grande cousine hexagonale. Un coup dans l’eau pour la chaîne cryptée, qui se rattrape pourtant avec le meilleur de ce que produisent les Américains, niveau série.

Si les plus grands shows d’outre-Atlantique ont parfois mis du temps à débarquer ici, la diffusion ultra réactive des excellentes Boardwalk Empire ou Justified sur BeTv prouve la vigilance des chaînes cryptées européennes. Plus généralement, l’avènement planétaire d’Internet et le téléchargement illégal ont sérieusement redistribué les cartes pour les séries: une nouvelle donne qui pousse les chaînes américaines à proposer, dès le lendemain de la diffusion télé, leurs séries phares en streaming sur le Web. Forcément, le temps de réaction s’est affûté pour les réseaux européens. Même grand public. La diffusion de la récente The Good Wife sur RTL-TVI illustre la tendance: même s’ils phagocytent encore largement les chaînes privées, Les Experts, réceptacles à audience bien commodes quand on manque de créativité ou de moyens pour étoffer ses grilles, ne suffisent plus à convaincre un public plus averti et exigeant. Tant mieux.

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