Hollywood et la conscience black en 5 films
J.F.Pl.
Débarqué incognito dans une petite bourgade du Sud, un détective noir apparaît comme le suspect tout désigné d’un meurtre sur lequel il est venu enquêter. Un film-phare à une époque de troubles raciaux, et un rôle emblématique pour Sidney Poitier, s’écartant des stéréotypes où Hollywood cantonnait les acteurs afro-américains. David Oyelowo: « Pensez qu’il n’ait même pas été nominé pour ce film, mais qu’il a obtenu son Oscar pour Lilies of the Field, où il aidait des bonnes soeurs blanches. »
Pam Grier fait parler la poudre et d’autres arguments dans ce thriller de Jack Hill où, infirmière et soeur d’une jeune droguée, elle entreprend de nettoyer la ville de ses dealers. Soit, aux côtés d’un Shaft notamment, l’un des fleurons de la blackploitation, courant culturel et cinématographique s’étant épanoui avec les années 70 à destination du public black américain, et dont Miss Grier sera l’égérie -ce dont Quentin Tarantino saura se souvenir au moment de Jackie Brown…
Qui d’autre que Spike Lee, le réalisateur de Do the Right Thing, pour s’atteler, 27 ans après sa mort, à la biographie de Malcolm X, né Malcolm Little, leader de la Nation of Islam, et à la pointe d’un combat radical pour les droits des Noirs américains. Nominé à l’Oscar du meilleur acteur, Denzel Washington attendra Training Day pour repartir avec la précieuse statuette. Le film dénote, il est vrai, dans le paysage hollywoodien d’alors, David Oyelowo y voyant une « aberration exceptionnelle ».
Récompensé de l’Oscar du meilleur film en 2014, 12 Years a Slave, de Steve McQueen, est emblématique d’une tendance récente du cinéma américain, que David Oyelowo estime liée… à Barack Obama. « Son élection a signifié que, consciemment ou non, l’Amérique s’est interrogée sur le contexte l’ayant conduite à avoir un Président noir. D’où les Lincoln, Red Tails, The Butler, Selma et autre 12 Years a Slave, tournés pendant sa présidence. » Et se taillant, au passage, un joli succès.
Ava DuVernay opte pour une dramaturgie classique, porteuse d’une tension et d’une émotion croissantes à mesure que l’action se resserre autour du Edmund Pettus Bridge, théâtre de confrontations à répétition. Mais si l’on a déjà vu film plus révolutionnaire dans sa forme, Selma ne s’en avère pas moins en tous points passionnant, tant par les questions qu’il soulève que par leur résonance contemporaine manifeste. Au-delà de son acuité, le film réussit par ailleurs à étoffer l’image de Martin Luther King, au-delà des quatre mots –« I Have a Dream »- auxquels on tend souvent à le réduire. Et de dévoiler l’homme derrière le leader du mouvement des droits civiques, pour en restituer la complexité, en un portrait auquel David Oyelowo, impressionnant, apporte les nuances requises et plus encore, par-delà un incontestable charisme.
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