Europalia Arts Festival 2019 : La Roumanie à l’honneur

Europalia Arts Festival Romania 2019
Stagiaire Le Vif

La 27e édition du festival Europalia qui débute le 1er octobre prochain met la Roumanie à l’honneur. La prochaine biennale se veut éclectique dans les arts et les styles. Reflétant le passé socio-politique tumultueux du pays au confluent de l’Orient et de l’Occident ainsi que ses mouvances artistiques actuelles, Europalia Roumanie s’annonce riche d’évènements.

On connaît la programmation du prochain festival artistique Europalia. Le festival qui se tiendra du 1er octobre 2019 au 2 février 2020 comptera au total 265 évènements dispersés à travers la Belgique. 84 concerts, 105 performances artistiques, 25 conférences littéraires, 30 films dont la programmation est aussi prometteuse que variée.

« L’art et la culture peuvent faire la différence et nous reconnecter » affirmait Liliana Turoiu, présidente de l’Institut Culturel Roumain durant l’inauguration de la Biennale jeudi 6 juin au Palais d’Egmont à Bruxelles. La Roumanie compte d’innombrables intellectuels et artistes tels qu’Ionesco, Tristan Tzara ou encore Constantin Brancusi. L’automne prochain sera l’occasion de découvrir la richesse culturelle roumaine sous tous ses aspects.

2019 : 50 ans d’Europalia

Cette prochaine édition roumaine marque un changement après les dernières biennales promouvant des pays non européens tel que la Chine (2009), le Brésil (2011), l’Inde (2013), la Turquie (2015) ainsi que l’Indonésie (2017). Initié en 1969 à Bruxelles, Europalia en est désormais à sa 27e édition. De par sa position géographique entre les steppes eurasiennes et le bassin méditerranéen, la Roumanie est un carrefour de cultures.

Cette biennale vient marquer les 30 ans du coup d’État et de la révolution roumaine qui a mis fin au régime autoritaire communiste de Nicolae Ceausescu de 1965 à 1989. De nombreuses oeuvres au programme reflètent les changements socio-politiques radicaux qu’a connus le pays

Au Programme

Expositions : De la Roumanie antique à la Roumanie contemporaine.

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Les expositions au programme s’inscrivent dans l’actualité avec des thèmes tels que la migration ou encore la question du genre. L’exposition phare de ce prochain festival est celle du sculpteur devenu symbole de la créativité roumaine, Constantin Brancusi. Cette rétrospective au BOZAR est une première nationale. Rassemblant des oeuvres du monde entier de collections privées et publiques, la commissaire d’exposition Doïna Lemny suit le cheminement de Brancusi vers la « sublimation de la forme ».

L’exposition retracera le travail photographique du sculpteur moderne roumain et de ses autoportraits ainsi que son mythique voyage à pied de Bucarest à Paris ville où il rencontra Rodin et où il s’émancipera artistiquement par ses rencontres avec Man Ray, Fernand Léger ou encore Modigliani.

Y seront exposées des oeuvres de la Tate Gallery (Londres) et du Musée Pompidou (Paris) tel que « Le Baiser » ou encore « L’oiseau ». L’oeuvre « Le Sommeil » (1908), « la prière » ainsi que certaines de ses sculptures de bustes de femmes, toutes illustrations de sa rupture avec Rodin et de sa quête pour l’essentialisme seront exposées. Celles-ci seront mises en perspective avec certaines des oeuvres de Rodin ou encore de ses amis artistes. Un catalogue d’exposition est également prévu.

« DACIA : Grandeur de la Roumanie antique » au Musée gallo-romain de Tongres du 19 octobre au 26 avril rassemblera des oeuvres historiques venues du Musée National d’histoire de Roumanie, certaines datant de 650 av. J.-C. Sous le thème des échanges culturels seront exposé artefacts, objets or et trésors ainsi que des objets appartenant aux Gètes, peuple apparenté aux Daces.

Parallèlement, au Grand Curtius de Liège du 18 octobre au 26 avril aura lieu l’exposition « D’un Monde à l’autre, les civilisations du Danube ». Exposition sur les représentations du monde au néolithique et à l’Âge de bronze à travers 200 poteries, figurines et armes de la région du Danube.

Au KANAL (Centre Pompidou à Bruxelles) sera présenté du 14 décembre au 26 janvier l’Europalia Curator’s Award intitulé « HIT ». L’exposition confrontant musique, arts plastiques et pop culture avant-gardiste est une collaboration entre l’artiste belgo-roumaine Claudia Radulesco et la curatrice belge Els Vermang.

Ciprian Muresan (1977, Cluj-Napoca) mettra en dialogue ses oeuvres avec celle de la collection permanente du S.M.A.K à Gand du 19 octobre au 19 janvier. S’inspirant des de l’impact des utopies modernistes sur nos sociétés actuelles, l’artiste avait représenté la Roumanie à la 53e Biennale de Venise en 2009.

Est prévue une rétrospective unique d’Ion Grigorescu (1945, Bucarest) intitulé « Cinema » au KIOSK à Gand du 30 novembre au 2 février. Artiste majeur en Roumanie, ses films en 8mm datant de la période communiste seront montrés en parallèle à ses oeuvres peintes, photographiées et dessinées.

« Displacement and Togetherness » au centre culturel de Strombeek du 19 octobre au 12 décembre est un questionnement sur notre contemporanéité présentant des phénomènes migratoires de l’Europe de l’Est durant la période socialiste de 1960 à 1989 à travers interviews et archives.

Architecture

« Enchanting views. Planification et architecture du tourisme roumain de la Mer noire dans les années 1960 et 1970″ à la Fondation CIVA à Bruxelles Bdu 17 janvier au 5 mars analyse l’histoire du développement architectural touristique et de sa production architecturale par le biais d’une analyse critique.

Musique

La diversité musicale roumaine sera présentée dans diverses institutions à Gand, Anvers, Bruxelles, Amsterdam, Berlin ainsi que Londres. De la Hip-hop roumaine et des percussions expérimentales ainsi que de la New Beat électro de Eirwud Mudwasser à la musique classique et au quatuor à cordes roumains. Tous les goûts musicaux seront servis. Parmi la riche programmation musicale :

Au BOZAR à Bruxelles se dérouleront plus de cinq concerts: la soprano et diva roumaine Angela Gheorghiu le 15 novembre, le duo de Valentin Radutiu au violoncelle et Rundeberg au piano le 27 octobre, le pianiste anglo-roumain Florian Mitrea le 12 janvier ou encore une soirée consacrée au compositeur et violoniste roumain virtuose George Enescu.

Au V11 de Rotterdam ‘Raze de Soare’, un groupe de pop orientale aux influences de musique traditionnelle, performera le 3 octobre.

Le groupe ‘Fanfare Ciocarlia’ composé de 24 musiciens groove funky transformeront l’Electric Brixton de Londres en fête avec leur Balkan funk.

Pour les nightclubbers désirant danser jusqu’à l’aube, le DJ ‘Bogman’, après 7 ans passés à New York viendra de Bucarest pour trois soirées à Rotterdam et Bruxelles.

Le DJ roumain Dragos Rusu sera également présent le 3, 4 et 5 octobre dans trois lieux pour les fans de techno hardcore et acid house réinterprété aux sonorités de musique tzigane contemporaine.

Khidja & Balabas dévoileront un set aux rythmes hypnotiques aux sonorités occidentales et orientales accompagné d’installation visuelles de l’artiste George Jasper Stone.

Le 5 et 6 décembre, la DJ roumaine ‘Borusiade’ désormais installée à Berlin dévoilera son set oscillant entre Dark Disco, Minimal Wave et Raw House.

Des résidences promouvant de nouvelles créations nous permettront de découvrir Alexander Arpeggio et Maria Balabas

Théâtre

Un mélange de nouvelles créations et d’adaptations classiques de la littérature roumaine caractérise la programmation de la prochaine édition.

Le 13 décembre au théâtre de Liège et le 19 décembre au Phénix la Scène Nationale Valenciennes sera présentée l’adaptation de Rhinocéros d’Ionesco par le metteur en scène américain Robert Wilson.

Aux Halles de Schaerbeek sera présentée du 17 au 19 décembre l’adaptation de Silviu Purcarete du classique Kabuki qu’est The Scarlett Princess. C’est un dialogue fascinant entre les cultures européennes et japonaise aux traditions scénique ancestrales.

Danse et performances ; sept créations supplémentaires seront dévoilées au Concertgebouw de Brugge, au CCHA de Hasselt ainsi qu’au BOZAR, Théatre des Tanneurs et le Kaaistudio à Bruxelles. Une d’entre elle est « The Birth of Violence » de Iaona Paun, regard philosophique sur l’extrémisme radical tel qu’ils sont présentés et analysés dans les médias.

Cinéma

Art qui a « émergé des cendres » au début du 21e siècle, le septième art sera central à cette prochaine biennale. Le ‘nouveau cinéma’ roumain, rendant hommage à Harun Farocki et Andrei Ujica sera représenté à travers des thèmes récurrents tel que la famille et la propagande socialiste.

« Vidéogrammes d’une Nation : Déconstruire la réalité » est une introspection dans les transformations historiques ; le réel et ses « tranches de vies » ainsi que l’inconscient collectif. Rétrospective du composé de classiques ainsi que d’oeuvres subversives, la série thématique et chronologique constituée de 35 projections est prévue dans quatre villes belges, certaines étendues à l’EYE Film Institute d’Amsterdam.

La CINEMATEK de Bruxelles accueillera la majorité des projections reflétant sur les changements sociaux culturels et politiques roumains du siècle dernier.

Conférences littéraires

Plus de 25 conférences aux thèmes variés sont prévues. De la poésie roumaine contemporaine à la période dada et l’oeuvre de son fondateur Tristan Tzara. Une table ronde à l’occasion des 30 ans de la révolution de 1989 est également au programme en présence de Gabriela Adamesteanu, porte-drapeau de la dissidence roumaine. Occasion de se rappeler que l’avant-garde européenne fût initiée en Roumanie.

« L’oiseau dans l’espace » (1923) photographié dans l’atelier parisien de Brancusi© Getty Images/iStock

Autant dire que la Roumanie resplendit en Europe. De la présidence de l’Union européenne qui s’achève le 30 juin prochain à la nomination de Timisoara comme capitale européenne de la culture en 2021, le pays marque son engagement dans l’Union européenne à tous les niveaux. Autant d’occasions de marquer les 100 ans de la grande unification de la Roumanie en 1918. Brancusi et sa sculpture iconique « L’oiseau dans l’espace » semblent symboliser parfaitement le rayonnement que connaît actuellement la Roumanie, son envol.

En attendant l’automne prochain, rendez-vous du 19 juillet au 29 septembre 2019 au château de Beloeil pour un avant-goût des évènements.

Europalia Arts Festival, 27ème édition, du 1er octobre 2019 au 2 février 2020.

Jean Castorini

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