De Mange tes morts à Get Out, 15 choses à voir à la télé cette semaine

© © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

En télé, en VOD ou en DVD, voici quinze films, documentaires et séries à ne pas rater dans la petite lucarne, du 2 au 8 septembre.

DUTRONC, LA VIE MALGRÉ LUI

Documentaire de Frédéric Brunnquell. ***(*)

Samedi 2/9, 22h40, La Une.

Milieu des années 60, le producteur Jacques Wolfsohn veut réagir au succès d’Antoine. Torpiller le chanteur aux cheveux longs et aux idées courtes en créant une nouvelle vedette. Wolfsohn demande à son assistant de composer la mélodie du tube à venir et d’organiser des auditions pour trouver la nouvelle voix mais finit par lui confier l’interprétation du morceau, exaspéré par la piètre qualité des candidats. Ce chanteur improvisé et décalé au sourire narquois a 23 ans et prend l’expérience comme une gigantesque blague. Il ne le sait pas encore mais il va faire carrière dans la musique et le cinéma. Il s’appelle Jacques Dutronc. « Il y avait plusieurs familles. Elles s’entre-tuaient, dit-il au sujet des souris qu’il élevait à l’époque dans sa piaule. Alors, j’ai tout parfumé à l’eau de Cologne. Elles se respiraient, elles ne savaient plus qui était qui. Je vais peut-être faire ça pour la planète. Tout parfumer au whisky. Enfin non. Plutôt au Bordeaux. » Dutronc se marre. Entre des interviews récentes de lui et de la femme de sa vie Françoise Hardy, des images d’archives montrent le beau et malin jeune homme qui fait craquer les filles, bluffe tout le monde de sa décontraction. Jacques se souvient avoir pris en otage des femmes d’organisateurs de concerts pour se faire payer lorsqu’il jouait encore dans des carrioles… Françoise raconte qu’avec ses potes, il vandalisait des chambres d’hôtel et démolissait des salles de bains… Souvent, dans les documentaires, le poids des ans est lourd à porter mais pas pour le couple Dutronc/Hardy. Lui parle de sa Françoise, la reine du bourdon et du cafard. « Fallait aller au BHV acheter une corde ou un rasoir électrique pour se couper les veines… comme les Belges… » Elle, décortique. Évoque sa misanthropie, son dégoût du genre humain… On le voit travailler avec son parolier Jacques Lanzmann, découvre son expérience dans la bande dessinée sonore. Et on se remémore ses aventures cinématographiques. Un docu riche, attachant et bien foutu.

J.B.

LA MANTE

Série policière de Nicolas Jean, Alice Chegaray, Breugnot, Grégoire Demaison et Laurent Vivier. Avec Carole Bouquet, Fred Testot et Frédérique Biel. ***

Dimanche 3/9, 20h15, La Deux.

De Mange tes morts à Get Out, 15 choses à voir à la télé cette semaine
© DR

« La Mante » est le surnom donné à Jeanne Deber (Carole Bouquet), tueuse d’hommes en série, une légende vivante forcée hors de son isolement 25 ans après ses sévices rendus pour aider la police à débusquer un copycat -un fan qui reproduit ses crimes au détail près. En échange de sa collaboration, elle exige d’avoir pour interlocuteur son fils Damien (Fred Testot) -si si, c’est possible-, devenu flic lui-même -ça aussi, c’est possible-, pour racheter les fautes de maman, avec qui il a par ailleurs coupé les ponts. Autant dire que la réunion va amener un vent de fraîcheur polaire dans les couloirs du commissariat. Mais, dans le fond, La Mante est-elle vraiment une mauvaise mère, une justicière dont l’oeuvre n’a pas été reconnue (ses victimes étaient de vraies ordures), une proie ou une manipulatrice? Ce thriller psychologique en filtres bleutés, sans être franchement malhonnête, souffre d’un canevas labouré au cinéma avec Hannibal Lecter dans Le Silence des Agneaux, Manhunter, Red Dragon.

N.B.

BELMONDO, LE MAGNIFIQUE

Documentaire de Bruno Sevaistre. ***(*)

Dimanche 3/9, 22h50, Arte. Sur Arte +7 du 3 au 10/9.

De Mange tes morts à Get Out, 15 choses à voir à la télé cette semaine
© DR

Éternel déconneur, il ne fonctionne qu’à la reconnaissance populaire. Ancien boxeur devenu l’as de la cascade, il a surfé sur la Nouvelle Vague et détrôné les rois du box office. Loin des canons de la beauté d’alors, Jean-Paul Belmondo se démarque par sa bonne humeur et son physique. Fils de bonne famille (le père est sculpteur, la mère artiste peintre), le jeune Jean-Paul est indiscipliné. Études classiques. Conservatoire. Il fait ses débuts sur les planches dans les bistros et les campings avec la pièce Mon ami le cambrioleur mais s’enfuit de la tournée avec Guy Bedos, en stop dans un camion de farine. Godard et ses méthodes lui permettent d’inventer une nouvelle manière de jouer. Belmondo, c’est le pote de Rochefort et Marielle qui aime enfiler les gants et organiser de fausses bagarres. Le mec avec qui on joue au foot les dimanches (au but, son éternel goût du plongeon…). Et l’acteur qu’un bras d’honneur prive à tout jamais de la Comédie-Française. Le documentaire de Bruno Sevaistre dépeint sa romance avec Ursula Andress, sa rivalité avec Delon, sa relation d’amour/ haine avec Melville et son entente avec de Broca. Le tournage de ses films physiques comme Cartouche (sans doublure déjà) et celui de Un Singe en hiver avec Verneuil et Gabin. Les conseils du cascadeur Gil Delamare, les chevilles foulées et les poulies en pleine figure… Belmondo, le magnifique raconte un homme dont le nom est devenu une marque à part entière et a fini par se décliner comme un logo sur les affiches. Sacré Bebel…

J.B.

TU MOURRAS MOINS BÊTE

Série d’animation d’Amandine Fredon d’après le blog et la BD de Marion Montaigne. ****

Lundi 4/9, 20h45, Arte. Sur Arte +7 du 4/9 au 29/11/2022.

De Mange tes morts à Get Out, 15 choses à voir à la télé cette semaine
© DR

Est-ce vraiment utile de mettre du papier toilette sur les lunettes des WC avant de poser ses fesses dessus? De quel traumatisme souffre Dark Vador et comment peut-il garder l’haleine fraîche en macérant toute la journée dans son casque? Pourquoi les vrais flics ne goûtent pas la drogue comme dans les films et les séries télé? Est-ce que c’est bon pour la santé de bouffer son placenta? Accrochez vos ceintures, bouchez les oreilles de vos enfants (ou pas)… Le professeur Moustache et son souffre-douleur d’assistant Nathanaël sont de retour pour une deuxième saison de Tu Mourras Moins Bête. La plus décapante série animée de vulgarisation scientifique ayant connu les honneurs de la télévision. Comme d’habitude, Moustache (la voix de François Morel) soumet nos interrogations les plus loufoques à son extrême rigueur scientifique, tordant le cou aux clichés de la pop culture et enfreignant allègrement les règles du bon goût. Le blog et la bande dessinée de Marion Montaigne (« je suis insupportable, dès que je regarde un film, je râle comme un pou à la moindre approximation scientifique ») se déclinent aujourd’hui dans une deuxième salve de 40 épisodes. Autant de capsules à l’humour noir et sans limites pour apprendre des trucs qui vous feront briller d’intelligence en société. Avec ça, c’est sûr, vous mourrez moins bête. Mais bon, vous mourrez quand même…

J.B.

VIKTOR UND VIKTORIA

Comédie musicale de Reinhold Schünzel. Avec Renate Müller, Hermann Thimig, Adolf Wohlbrück. 1933. ***(*)

Lundi 4/9, 22h40, Arte. Sur Arte +7 du 4/9 au 3/12.

De Mange tes morts à Get Out, 15 choses à voir à la télé cette semaine
© DR

Le remake hollywoodien de 1982 est évidemment bien plus connu! Victor Victoria est même un sommet de la comédie musicale et de la filmographie de Blake Edwards, qui y mettait en scène la femme de sa vie, la grande Julie Andrews, dans un rôle de chanteuse jouant les travestis masculins. Le réalisateur avait transposé l’action de l’Allemagne au Paris du début des années 1930 mais c’est bien à Berlin, en 1933, qu’était née cette histoire, telle que rendue dans le film de Reinhold Schünzel programmé ce lundi par Arte. Viktor und Viktoria osait, juste avant l’avènement d’Hitler, proposer d’audacieuses variations sur la sexualité, à travers l’histoire d’une artiste se faisant passer pour un homme travesti en femme, faux-semblant inventif pour un jeu aux échos gays aussi subtils que savoureux. Également scénariste, Schünzel avait travaillé pour Lubitsch et en avait gardé quelque chose! Renate Müller, la star du film, mourra 4 ans plus tard, à 31 ans, assassinée (dit-on) par des membres de la Gestapo…

L.D.

GAME OF THRONES SAISON 6

Série de David Benioff et D. B. Weiss. Avec Emilia Clarke, Lena Heady, Kit Harington, Peter Dinklage, Nikolaj Coster-Waldau, Sophie Turner. ****

Mercredi 6/9, 20h35, La Deux.

C’était l’époque où la saga de George R.R. Martin excellait à étirer les intrigues, enrichir les seconds rôles, faire grimper les tensions et les enjeux, ouvrir les vannes des possibles en termes de morts dramatiques et de coups de Jarnac scénaristiques. Au regard d’une 7e saison qui part en vrille, la 6e saison est un chef-d’oeuvre. Avec Jon Snow poignardé à mort dans la cour de Chateaunoir, Sansa et Theon dans les griffes du bâtard Ramsay Bolton qui tient le Nord dans sa poigne de sadique, Jaime ramenant leur fille Myrcella à Cersei -pas vraiment dans son pristine état-, Arya SDF à Braavos, Danaerys dans les griffes de Dothrakis revanchards, on regarde les femmes et les hommes tomber alors que, hors-champs, les Marcheurs Blancs continuent de marcher. Avec cette matière de départ peu optimiste, Benioff et Weiss, aidés d’acteurs impeccables, tissent un récit qui tient en haleine de la première à la dernière minute, prend un tour mystique de plus (merci Bran Stark), tire des larmes de crocodile et offre des bastons homériques.

N.B.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

MATIÈRE GRISE: FEEL GOOD MUSIC

Émission scientifique de Patrice Goldberg. ***(*)

Mercredi 6/9, 23h00, La Une.

De Mange tes morts à Get Out, 15 choses à voir à la télé cette semaine
© DR

Chacun de nous est susceptible de ressentir à travers un instrument, un morceau ou même un genre musical particulier, un émoi indescriptible qui nous emplit d’une énergie invariablement positive. Cette même impulsion qui nous pousse à la transe, prêts à prendre d’assaut les plus grands défis comme les plus moites des dancefloors. Cette sensation qui « ne s’explique pas » est-elle si indéfinissable que ça? C’est le mystère, vous l’aurez compris, que tentent de décrypter les toujours plus curieux tauliers de Matière Grise. Il est dorénavant assuré qu’au contact de quelques notes bienveillantes, le circuit de la récompense booste en dopamine un cerveau qui n’en demandait pas tant. Comblé par les mêmes sensations de plaisir que lorsque l’on mange, boit ou s’ébat sous la couette. Un pur shoot de volupté hédoniste à répéter à l’envi, et tout cela sans aucun risque pour la santé. Ce qui se fait plutôt rare, avouons-le. Ce que nous savions moins, par contre, c’est que la musique peut décupler ou altérer le goût d’un aliment ou que le cerveau se synchronise immédiatement à la pulsion musicale. C’est ce qui s’appelle avoir le rythme dans la peau! Une prouesse que nous partageons, cela dit en passant, avec certaines des plus incongrues bestioles de notre planète. Ce n’est pas le cacatoès à huppe jaune qui nous contredira. Ce frisson vieux comme le monde renferme-t-il une recette mathématique ou la formule demeure-t-elle magique? Sous ses dehors déjà entendus, un documentaire qui tient finalement la cadence.

M.U.

MANGE TES MORTS

Drame de Jean-Charles Hue. Avec Jason François, Michaël Dauber, Frédéric Dorkel. 2014. ****

Mercredi 6/9, 23h15, Arte. Sur Arte +7 du 6/9 au 13/9.

Ce sont des gens du voyage. À la marge de la société. La famille Dorkel vit deux événements simultanés: le baptême chrétien de Jason, 18 ans, et le retour de son demi-frère Fred, qui est enfin sorti de prison. Mickael, un autre de leurs frères, les accompagnera pour une virée loin du camp où ils vivent, à la recherche d’une cargaison de cuivre… Révélation du Festival de Cannes 2014 (il y était projeté à la Quinzaine des Réalisateurs), Mange tes morts est un film puissant, rock’n’roll, qui déchire en nous confrontant à un univers que la société ignore ou alors rejette sans même essayer de la comprendre un tant soit peu. Joué par des non-professionnels, filmé à hauteur d’humain avec des échos de western et de polar noir, le film de Jean-Charles Hue dynamite les conventions avec une force rare, une évidence brutale, offrant l’image et la parole à ceux qu’on ne veut pas voir.

L.D.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

WHEN WE RISE

Minisérie de Dustin Lance Black. Avec Mary-Louise Parker, Guy Pearce, Michael K. Williams, Rachel Griffiths. ****

Jeudi 7/9, 21h00, Be 1.

Oscarisé en 2008 pour son scénario de Milk -portrait de Harvey Milk, militant de la cause homosexuelle- Dustin Lance Black retrouve le réalisateur Gus Van Sant dans cette minisérie en huit épisodes qui raconte la lutte pour les droits des LGBT aux États-Unis, de 1972 à aujourd’hui. Si les gay, lesbiennes, bisexuels, transgenres et cisgenres ne sont pas à proprement parler des figures invisibles des séries (Orange is the New Black, The L-World, Queer as Folk, Transparent…) aucune fiction télé distribuée mondialement ne s’était attaquée à l’histoire des combats pour leurs libertés. Sans doute parce que beaucoup les considèrent, à tort, comme acquises depuis longtemps. L’année 1972 c’était hier et aux États-Unis, l’homosexualité était punissable par la loi, les ratonades de la police ou les cures d’électrochocs. Depuis le district du Castro à San Francisco la résistance s’est organisée, s’appuyant sur les luttes des années 60: Roma Guy (Mary-Louise Parker) est issue des combats féministes. Cleve Jones (Guy Pearce) est un régulier des marches contre la guerre du Vietnam. Rescapé de cette boucherie, Ken Jones (Michael K. Williams) milite pour les droits civiques. Avec leurs compagnons, ils affronteront les ravages d’une société puritaine… et du SIDA. Sur un arc de 40 ans, Van Sant et Black racontent à la bordure du docufiction, mêlant images d’archives et scènes (re)jouées avec empathie, pédagogie et des acteurs sublimes, ce moment clé qui a vu des millions de personnes assumer, dans la douleur et une magnifique résilience, leur identité.

N.B.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

MOBUTU, ROI DU ZAÏRE

Documentaire de Thierry Michel. ****(*)

Jeudi 7/9, 21h20, La Trois.

C’est un documentaire en tout point fascinant. À la fois riche d’informations, d’images d’archives rares ou inédites, de leçons historiques bonnes à méditer et d’une dimension tragique quasi-shakespearienne (et même par endroit tragi-comique). À l’occasion des 20 ans du décès du président Joseph Désiré Mobutu Sese Seko, la RTBF diffuse pour la toute première fois, en exclusivité sur La Trois, la version longue en trois épisodes du film consacré par Thierry Michel au dictateur congolais. Une intégrale absolument passionnante, divisée en trois actes: La Conquête du pouvoir (1960-1969), Le Maître du jeu (1970-1990) et La Fin d’un règne (1990-1997). Il ne faut pas manquer cette oeuvre capitale pour la compréhension non seulement d’un personnage, d’une époque, d’un pays et d’un continent, mais aussi des mécanismes du pouvoir tels que l’Afrique n’en donne pas seule l’exemple. Mobutu, Roi du Zaïre est aussi un miroir…

L.D.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

DRUM – WRITING ON THE CITY ****(*)

Drum, de Keywan Karimi. Avec Amirreza Naderi, Sara Ghlizade, Ibrahim Zanjanian. 1h34.

Writing on the City, de Keywan Karimi. 1h.

Dist: Coming Soon. Egalement disponible sur UniversCiné.

Keywan Karimi, jeune cinéaste iranien opprimé dans son pays, porte une parole libre, sur des images souvent géniales.

De Mange tes morts à Get Out, 15 choses à voir à la télé cette semaine

Le 14 décembre 2013, au petit matin, les Gardiens de la Révolution se sont présentés au domicile de Keywan Karimi à Téhéran. Le jeune cinéaste allait rester deux semaines enfermé dans la prison d’Evin, en cellule d’isolement et interrogé quasi quotidiennement. Libéré sous caution, il dut se présenter au tribunal à huit reprises entre mars 2014 et septembre 2015. Le 13 octobre, la sentence tombait: six ans d’enfermement et 223 coups de fouet, pour plusieurs charges dont une principale: « insulte à la religion ». Son crime? Un film. Un documentaire intitulé Writing on the City où le réalisateur compile les slogans et graffitis apparus sur les murs de la capitale iranienne depuis la révolte contre le Shah jusqu’aux critiques visant aujourd’hui les autorités du régime théocratique. La mobilisation internationale de collègues par centaines et la procédure d’appel à son jugement auront permis une réduction de peine. « Seulement » un an de prison, désormais, le nombre de coups de fouet restant inchangé… Keywan Karimi aura 32 ans le 21 septembre. Cinéaste en danger, il est aussi un des plus talentueux réalisateurs de la nouvelle génération, pas seulement iranienne.

De Mange tes morts à Get Out, 15 choses à voir à la télé cette semaine

Il aura suffi d’un film pour lui attirer les foudres d’un régime punissant de mort l’athéisme et l’homosexualité, et réprimant régulièrement les artistes (comme Jafar Panahi, autre cinéaste « empêché »). Un second, Drum, est venu confirmer que dans la fiction aussi, Karimi se révélait passionnant. Les deux oeuvres figurent sur un DVD indispensable. Writing on the City parcourt l’histoire d’une ville et d’un pays à travers les messages s’affichant sur les murs de Téhéran, cris de rébellion des opposants mais aussi slogans et images du pouvoir. Avec un commentaire en voix off et au féminin (ce n’est pas un détail), et quelques plans de jeunes contestataires masqués, la bombe de couleur à la main, forçant à leurs risques et périls une liberté d’expression que la théocratie leur refuse. Drum est tout autre chose. Une fiction anxiogène autour d’un avocat auquel est remis un mystérieux paquet. Un objet dont la possession va l’entraîner dans une spirale de lourds périls… Téhéran est à nouveau un personnage à part entière. « Si j’avais les moyens, je n’hésiterais pas à cramer cette ville!« , lâche au tout début le juriste désabusé. On peut songer, en regardant ce Drum au noir et blanc sublime, au film d’Orson Welles Le Procès, adapté de Kafka. Pour le sens de l’absurde et d’une menace totalitaire annihilant toute possibilité de défense. Mais aussi pour le style, que Karimi maîtrise spectaculairement, dans le mouvement comme dans le plan fixe. Un artiste majuscule, que ses ennuis judiciaires nous rendent encore plus précieux, plus proche.

L.D.

GET OUT

De Jordan Peele. Avec Daniel Kaluuya, Allison Williams, Catherine Keener. 1h44. ***(*)

Dist: Universal. Egalement disponible sur iTunes, Proximus TV, VOOmotion…

Petit film fauché qui passe les stéréotypes de race à la moulinette horrifique, Get Out a électrisé l’Amérique: champion du box-office la semaine de sa sortie en salles, culminant à du 99 % de satisfaction critique sur les agrégateurs de référence de type Rotten Tomatoes, adoubé par le réalisateur de The Exorcist William Friedkin… Si on n’ira certes pas, à l’instar d’un journaliste singulièrement exalté du New Yorker, jusqu’à comparer son réalisateur Jordan Peele à Luis Buñuel (sérieux…), force est de reconnaître que ce petit objet pop a du chien. « Ce n’est pas parce que vous êtes invité que vous êtes le bienvenu« , prévenait l’affiche du film. À l’écran, la vérité est à la fois plus complexe et largement plus tordue que cela. Couple interracial semblant filer le parfait amour, Rose et Chris décident d’officialiser leur relation auprès des géniteurs de la première le temps d’un week-end hors du temps où l’on fait grand cas de la couleur de peau du second. Construite en un crescendo de vicieuses bizarreries, la suite excelle dans l’ambiguïté et le malaise tandis qu’elle louvoie entre audaces narratives et propositions formelles d’une rare pertinence -une vraie mise en scène de l’état d’hypnose, par exemple. Nerveux, malin, stylé, forcément un peu roublard, Get Out ose les ruptures de ton assez radicales, quitte à friser ponctuellement le grand-guignol dégénéré -à l’heure des délires suprématistes que l’on sait, après tout… Fin alternative, scènes coupées, commentaires audio, plongées dans les coulisses du film et séance de questions-réponses avec Peele et ses acteurs en bonus Blu-ray.

N.C.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

SAGE FEMME

De Martin Provost. Avec Catherine Deneuve, Catherine Frot, Olivier Gourmet. 2h. ***

Dist: Twin Pics. Egalement disponible sur iTunes, Proximus TV, VOOmotion…

Catherine Deneuve et Catherine Frot n’avaient jamais tourné ensemble. C’est désormais chose faite avec Sage Femme, un film dont leur confrontation est d’ailleurs l’argument principal. Claire (Frot), une sage-femme ayant sacrifié sa vie à son métier y a la désagréable surprise de voir réapparaître, 30 ans après, Béatrice (Deneuve), ancienne maîtresse de son père et son exact contraire. Entre la fourmi laborieuse et la cigale frivole, les retrouvailles sont forcément compliquées. Mais si les deux comédiennes s’en donnent à coeur joie, le résultat d’ensemble ne convainc que modérément, ce nouveau film au féminin de Martin Provost (Séraphine) apparaissant en définitive fort convenu. Pas de bonus.

J.F. PL.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

WHY HIM?

De John Hambourg. Avec James Franco, Bryan Cranston, Megan Mullaly. 1h52. **(*)

Dist: Fox. Egalement disponible sur iTunes, Proximus TV, VOOmotion…

John Hambourg fut le scénariste de la série Meet the Parents (Mon beau-père et moi) où Robert De Niro persécutait le fiancé (Ben Stiller) de sa fille. Il retrouve son thème de prédilection dans Why Him?, où un papa protecteur et un tantinet réac (Bryan Cranston) voit d’un très mauvais oeil la relation de sa fille étudiante avec un millionnaire du gaming couvert de tatouages et mettant des « fuck » dans toutes ses phrases (James Franco). De quoi générer quelques moments savoureux mais sans atteindre la tension ni le délire burlesque du tandem De Niro-Stiller. Les suppléments Blu-ray (une heure au total) sont particulièrement soignés. Dommage que le film reste pour sa part simplement moyen.

L.D.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

SUPERGIRL (SAISON 1)

Une série CBS créée par Ali Adler, Greg Berlanti et Andrew Kreisberg. Avec Melissa Benoist. *(*)

Dist: Warner. Egalement disponible sur Proximus TV.

Flanqué ici d’Ali Adler (Glee), on a connu le tandem Berlanti-Kreisberg (Arrow, The Flash) plus inspiré en matière de divertissement super-héroïque à destination teenage. Si les effets spéciaux ne sont objectivement pas à la hauteur, le véritable problème réside ailleurs: de l’ingénue binoclarde Kara Danvers (Melissa Benoist, l’ouvreuse de Whiplash) à la magnat super bossy Cat Grant (Calista Flockhart, éternelle Ally McBeal), chaque personnage semble n’être qu’un pâle décalque girly de l’univers de Superman, dont Supergirl est la cousine. Vilains grimaçants, dialogues indigents et humour de catwalk: le vieil axiome « féminin donc superficiel » semble avoir la peau dure. Léger malaise…

N.C.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content