Critique

Critique ciné: Yves Saint Laurent

Yves Saint Laurent - Charlotte Lebon et Pierre Niney © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

BIOGRAPHIE | Pierre Niney est extraordinaire en Yves Saint Laurent, dans le biopic élégant mais trop sage que consacre Jalil Lespert au génial styliste et à son compagnon, Pierre Bergé.

Phénomène peu banal: Yves Saint Laurent est l’objet non de un mais bien de deux biopics en l’espace de quelques mois, au Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, sur les écrans cette semaine, devant succéder le Saint Laurent de Bertrand Bonello, attendu à l’horizon du festival de Cannes. Couvrant une vingtaine d’années de la vie du styliste, de 1957 au milieu des années 70, le premier a reçu l’imprimatur de Pierre Bergé, le compagnon de Saint Laurent, qui a cornaqué la production, autorisant notamment l’équipe à tourner dans les lieux qui faisaient l’intimité du couple ou lui ouvrant les portes des collections imaginées par le génial couturier. Un privilège dont Jalil Lespert a su faire bon usage, même si l’atout maître du film reste son duo d’acteurs principaux, Pierre Niney et Guillaume Gallienne, stupéfiants. Les deux sociétaires de la Comédie Française se partagent les rôles de Yves Saint Laurent et Pierre Bergé en effet, avec, dans le chef du premier, un mimétisme particulièrement bluffant, allant jusqu’aux intonations, là où le second en campe l’amant et partenaire avec aisance et naturel -au même titre que le parcours de l’icône de la mode, leur couple est le coeur et le moteur de l’histoire.

Révolutionner le vestiaire féminin

Celle-ci prend le destin de Saint Laurent au vol, en 1957, lorsque, quittant sa famille et Oran, il est engagé chez Dior, à Paris. Le jeune homme de 21 ans est un surdoué et, au décès inopiné du fondateur de la maison de haute couture, c’est presque naturellement qu’il va en prendre les destinées en main. Le premier défilé Yves Saint Laurent pour Dior est un triomphe; il y fait également la connaissance de Pierre Bergé, pour ce qui constituera la rencontre de sa vie. Les deux hommes ne se quitteront plus, en effet, couple à la ville et partenaires en affaires au sein de la société YSL, créée au début des années 60. Et Jalil Lespert de les accompagner, quelques années durant, de succès en épreuves et vice versa, dans le tourbillon d’une existence traversée de turbulences -Bergé sera aussi celui qui saura protéger Saint Laurent de lui-même.

Les vies d’Yves Saint Laurent valaient bien une, voire deux biographies. Dommage néanmoins, s’agissant d’un homme ayant « révolutionné le vestiaire féminin », que Lespert opte pour une approche, en définitive, fort sage et essentiellement illustrative d’une vie dont il aligne les péripéties sans plus de point de vue. Elégant mais corseté, son Yves Saint Laurent s’en tient aux canons traditionnels du biopic, pour n’atteindre que fugitivement à la grâce -ainsi lorsque le Time Has Come Today des Chambers Brothers accompagne le jaillissement d’inspiration qui résultera dans la collection Mondrian, ce moment où le créateur mit le monde de la mode et au-delà à ses pieds. ˜

  • De Jalil Lespert. Avec Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Charlotte Le Bon. 1h54. Sortie: 15/01.
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