Critique

[Critique ciné] Notti Magiche: hommage au cinéma italien

Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

COMEDIE DRAMATIQUE | Paolo Virzì réussit un bien joli cocktail de polar, de satire sociale et d’hymne au cinéma. Sans oublier le football

Il fait beau et doux, en cette soirée du 3 juillet 1990. L’Italie et l’Argentine se disputent une place en finale de la Coupe du monde de football, au stade San Paolo de Naples. Partout ailleurs dans le pays, les gens se sont rassemblés devant la télévision. Comme par exemple à Rome, sur un quai du Tibre où l’on suit en retenant son souffle la séance décisive de tirs au but. Tout occupés par la folle dramaturgie des penalties réussis et surtout ratés, les supporters azzuri sont soudain arrachés à la triste défaite italienne par un double grand fracas. Une voiture vient de percuter le garde-fou du pont le plus proche et de tomber spectaculairement dans le fleuve. Les pompiers vont en retirer le cadavre d’un célèbre producteur de cinéma: Leandro Saporano…

Ainsi commence Notti magiche, le nouveau film de Paolo Virzì. Le réalisateur de La prima cosa bella et de La pazza gioia réussit un prologue captivant, débouchant sur une rapide séquence façon polar où trois jeunes gens se font alpaguer par les carabinieri (les gendarmes italiens) en rapport avec la mort du nabab. Une photo polaroid a mis les enquêteurs sur la piste de ces aspirants cinéastes, venus à Rome pour participer à la finale d’un concours de scénarios. Antonino le Sicilien, Luciano le Toscan (comme Virzì) et Eugenia la Romaine ne se connaissaient pas voici seulement quelques jours. Et n’avaient jamais approché le producteur défunt avant que ne se déclenche une suite d’événements singuliers…

[Critique ciné] Notti Magiche: hommage au cinéma italien

Rêves et réalité

Virzì a écrit le script de son nouveau film avec ses collaborateurs fidèles Francesco Piccolo et Francesca Archibugi. Deux hommes et une femme comme les jeunes héros de Notti magiche. Lesquels vivent à 200 à l’heure une folle tranche d’un été qu’ils n’oublieront jamais. Mauro Lamantia (l’intellectuel timide venu du Sud paupérisé), Giovanni Toscano (le rebelle surdoué, dragueur et hâbleur) et Irene Vetere (la citadine discrète mais issue d’un milieu friqué) incarnent à merveille ces jeunes gens pleins d’espoir, dont les rêves vont très vite se confronter à la réalité d’un monde du cinéma tout sauf angélique. Le film oscille entre burlesque endiablé, mélancolie nostalgique et suspense prenant. On y croise quelques figures marquantes du cinéma italien, dont Federico Fellini et Roberto Benigni sur le tournage de La Voce della luna. Et on s’amuse à reconnaître d’autres personnages dont s’inspire Virzì pour les croquer avec gourmandise. Mené à haut rythme, sur un mode ouvertement charmeur et riche en moments comiques, Notti Magiche use du football et de sa Coupe du monde comme d’une métaphore des ambitions nourries que suivent si souvent de cruelles déceptions. Dans le cinéma comme sur le gazon maudit où le penalty raté de Serena brisa le rêve de tout un peuple. Mais bon, seize ans plus tard, l’Italie devenait championne du monde en battant la France. La même année, 2006, Paolo Virzì tournait son septième long métrage: Napoléon et moi

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Notti magiche

De Paolo Virzì. Avec Mauro Lamantia, Giovanni Toscano, Irene Vetere. 2 h 05. Sortie: 05/06.

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