Critique

[Critique ciné] Mary Queen of Scots, impressionnant duo d’actrices

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME HISTORIQUE | Josie Rourke explore la relation entre les reines Marie d’Écosse et Élisabeth d’Angleterre, rivalité incarnée par un impeccable duo d’actrices, Saoirse Ronan et Margot Robbie.

Les intrigues de Cour n’en finissent décidément plus d’inspirer les cinéastes. Quelques semaines après The Favourite, où Yorgos Lanthimos disséquait les rivalités entre courtisanes dans l’entourage de la reine Anne d’Angleterre au début du XVIIIe siècle, voilà que déboule Mary Queen of Scots, drame historique de Josie Rourke investissant le château de Holyrood, résidence des rois et reines d’Écosse, à l’époque du règne mouvementé de Mary Stuart. S’ils se déclinent l’un et l’autre largement au féminin, les deux films sont toutefois d’essence différente: là où le prodige grec signait une comédie de moeurs toute de raffinement cruel, la réalisatrice britannique, venue du théâtre, enrobe l’histoire de Marie Ière d’Écosse d’un halo funèbre, raccord avec un destin tragique qui devait conduire à son exécution le 8 février 1587.

Contexte délétère

[Critique ciné] Mary Queen of Scots, impressionnant duo d'actrices

La vie tumultueuse de Mary Stuart a déjà fait l’objet de multiples transpositions à l’écran (en plus de romans, pièces et jusqu’à un opéra), Katharine Hepburn pour John Ford, Zarah Leander pour Carl Froelich, ou encore Vanessa Redgrave, devant la caméra de Charles Jarrott, comptant parmi les comédiennes lui ayant prêté leurs traits. Josie Rourke a, pour sa part, choisi Saoirse Ronan pour incarner la souveraine, intuition judicieuse tant l’actrice new-yorkaise en livre un portrait où l’autorité le dispute à la vulnérabilité. Son histoire, le film l’envisage à compter de l’orée des années 1560, lorsque à la suite de la mort de son époux, le roi de France, la jeune veuve regagne son Écosse natale, reine catholique dans un environnement majoritairement protestant, confiante par ailleurs dans son droit à la succession de la couronne anglaise. De quoi susciter quelque inquiétude à la cour de la reine Élisabeth d’Angleterre (Margot Robbie), sa cousine, en un contexte d’ensemble propice aux intrigues de couloirs, alliances éphémères, trahisons diverses et, tant qu’à faire, meurtres et assassinats, qui vont donner sa toile de fond délétère au film.

Au-delà du fil mouvementé des événements, c’est à la relation liant ces deux souveraines que s’attache la réalisatrice, esquissant, entre rivalité à distance et fascination mutuelle, le destin convergent de ces deux femmes régnant dans un monde dirigé par des hommes et, partant, unies dans leur solitude. Un prisme singulier permettant à Mary Queen of Scots d’échapper aux lourdeurs de la reconstitution historique classique, sans pour autant que ce film à l’esthétique ultra-soignée n’emporte totalement l’adhésion. Trop figé, sans doute, dans son maniérisme cireux pour libérer totalement son potentiel, pourtant idéalement (dés)incarné par son impressionnant duo d’actrices.

De Josie Rourke. Avec Saoirse Ronan, Margot Robbie, Jack Lowden. 2h05. Sortie: 27/02. ***(*)

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