Critique

[Critique ciné] Les Garçons sauvages, une fantasmagorie hallucinante

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

AVENTURES/FANTASTIQUE | Cette oeuvre-collage apparaît avant tout comme l’expression de l’imaginaire foisonnant de son auteur, une scène d’ouverture suffisant d’ailleurs à poser Les Garçons sauvages en proposition de cinéma singulière.

[Critique ciné] Les Garçons sauvages, une fantasmagorie hallucinante
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« Connaissez-vous l’histoire de Tanguy et des garçons sauvages? » C’est porté par la voix de Lola Créton que le spectateur pénètre dans l’univers des Garçons sauvages, le premier long métrage de Bertrand Mandico, un monde en noir et blanc où scintillent des taches de couleurs comme autant de promesses d’enivrement des sens. Nous sommes au début du XXe siècle, et ils sont cinq -Jean-Louis, Tanguy, Hubert, Sloane et Romuald-, adolescents de bonne famille unis par la même fureur de vivre, à commettre un jour l’irréparable, tuant sauvagement leur professeur de lettres (Nathalie Richard). Alertés, leurs parents décident de les confier au Capitaine (Sam Louwyck), un homme cruel se faisant fort de les remettre dans le droit chemin. Et les jeunes gens d’embarquer à bord d’une coquille de noix pour une croisière punitive, expédition mouvementée qui les verra échouer, une révolte plus loin, sur une mystérieuse île dont la végétation luxuriante est aussi source de plaisirs infinis, ayant le don de les révéler à eux-mêmes sous le regard de l’énigmatique docteur Séverin(e) (Elina Löwensohn).

OEuvre-collage

Auteur, ces dernières années, de courts métrages fascinants ( Boro in the Box, portrait en forme d’abécédaire surréaliste de Walerian Borowczyk, l’un de ses modèles et Notre-Dame des Hormones, conte évoquant quelque version barrée de Peau d’âne…), Bertrand Mandico se lance, avec Les Garçons sauvages, dans l’aventure du long. Une aventure au long cours en l’espèce, puisque le réalisateur s’y attelle à un récit initiatique épousant les contours d’une robinsonnade à la Jules Verne contaminée toutefois par W.S. Burroughs, auquel le film emprunte son titre.

Des références, il y en aura de nombreuses en cours de voyage – Sa majesté des mouches, Orange mécanique, Cocteau, Sternberg, Ruiz, Shakespeare et même les Stranglers, pour n’en citer que quelques-unes. Pour autant, cette oeuvre-collage apparaît avant tout comme l’expression de l’imaginaire foisonnant de son auteur, une scène d’ouverture suffisant d’ailleurs à poser Les Garçons sauvages en proposition de cinéma singulière. Impression que ne dément pas la suite, au contraire, fantastique, onirisme et érotisme surréaliste pavant ce récit ouvrant sur un monde de tous les possibles, matière organique mouvante dès lors que la métamorphose se trouve au coeur de toute chose; jusqu’aux garçons qui sont interprétés, source de trouble supplémentaire, par des comédiennes -Vimala Pons, notamment, vue auparavant dans La Fille du 14 juillet. Tenant tout à la fois de l’expérience sensorielle et sensuelle, de la rêverie hypnotique et du film-trip, Les Garçons sauvages est une fantasmagorie hallucinante renouant encore avec l’esprit du cinéma des premiers temps, que bercerait un vent de liberté transgressive. C’est dire aussi si, avec Mandico, le cinéma redevient une expérience unique et envoûtante à laquelle l’on s’abandonne avec délice…

De Bertrand Mandico. Avec Vimala Pons, Elina Löwensohn, Sam Louwyck. 1h50. Sortie: 04/04. ****

>> Lire aussi notre interview de Bertrand Mandico

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