Critique

[Critique ciné] Gemini Man: Will Smith vs Will Smith dans un film plutôt bancal

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

SCIENCE-FICTION/ACTION | L’acteur affronte son double rajeuni dans un film de science-fiction que le savoir-faire d’Ang Lee ne suffit pas à sauver de l’ennui.

Nouvelle production de Jerry Bruckheimer, Gemini Man a déjà une longue histoire. Le film est en gestation depuis deux bonnes décennies en effet, soit le laps de temps nécessaire pour développer une gamme d’effets spéciaux permettant à un acteur de se dédoubler et de rajeunir de façon convaincante à l’écran, le pitch voulant qu’un homme affronte son clone (digital) de 30 ans son cadet. Au fil des ans, de nombreux noms ont été associés au projet, parmi lesquels ceux de Tony Scott et Curtis Hanson pour la réalisation, d’Harrison Ford, Clint Eastwood ou Mel Gibson côté interprétation. C’est finalement Will Smith qui s’y colle, devant la caméra d’Ang Lee en définitive -un choix a priori judicieux, le réalisateur taïwanais ayant démontré, de Life of Pi à Billy Lynn’s Long Halftime Walk, pouvoir relever des défis technologiques sans y sacrifier sa vision artistique. Voilà du moins pour la théorie, le résultat s’avérant sensiblement moins probant pour le coup, n’étaient, justement, des effets spéciaux globalement bien maîtrisés, Smith se mesurant à son moi numérique guidé par la performance capture sans que l’homogénéité à l’écran ne s’en trouve mise à mal.

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La multiplication des Will Smith

Le film s’ouvre dans le décor familier de la gare Calatrava de… Liège. Et pour cause, non loin de là, un homme met la dernière main à des préparatifs méticuleux. C’est Henry Brogan, un agent très spécial, tueur professionnel d’exception (Will Smith -décidément abonné aux rôles de tireur d’élite après avoir campé Deadshot dans Suicide Squad), le seul à même d’atteindre sa cible dans un TGV lancé à pleine vitesse. Dont acte, ce qui ne l’empêche pas d’annoncer dans la foulée vouloir prendre une retraite bien méritée avec 72 morts au compteur. Pour se retrouver, quelques embrouilles plus loin, cible d’un tueur semblant pouvoir anticiper chacun de ses mouvements -et pour cause, il ne s’agit rien moins que de son clone affichant 30 ans de moins; le produit d’un programme militaire imaginé par son ancien mentor Clay Verris (Clive Owen).

La suite, puisque l’on est chez Jerry Bruckheimer, tient plus du film d’action bas du front que de l’essai d’anticipation. Ang Lee s’acquitte de la mission avec un incontestable savoir-faire -la scène de « bike-fu » dans les rues de Carthagène, en Colombie, est d’ailleurs un petit morceau d’anthologie- à défaut de réelle inspiration, et la multiplication des Will Smith (il y en a même une version ninja) est plutôt distrayante. Las, le scénario est au mieux quelconque, alors que, censée placer le spectateur au coeur de l’action, la combinaison de 3D et de HFR à 60 images par seconde pâtit d’un rendu approximatif. De quoi conférer à l’ensemble un caractère plutôt bancal…

D’Ang Lee. Avec Will Smith, Mary Elizabeth Winstead, Clive Owen. 1h57. Sortie : 09/10. *(*)

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