Critique

Cinéma Nova: des séances de lutte

Property
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Le cinéma Nova, à Bruxelles, se fend d’une sélection de quatre films américains inédits en Belgique autour de la question de la gentrification.

Phénomène d’embourgeoisement, voire de pure boboïsation, de quartiers populaires suite à l’arrivée de catégories sociales plus favorisées qui y réhabilitent certains logements et y importent d’autres modes de vie et de consommation, la gentrification est au coeur d’un ensemble de quatre fictions sous forte perfusion de réel venues des États-Unis et proposées par le cinéma Nova, à Bruxelles, du 27 janvier au 20 février.

Curiosité récemment restaurée datant de 1978 et primée à l’époque lors du tout premier festival Sundance, Property en constitue l’indéniable fer de lance. Le film s’inspire très librement de la bataille menée par Penny Allen, sa co-réalisatrice, contre un plan de développement urbain mis en place dans sa propre ville natale, Portland, quelques années auparavant. Suivant une bande d’attachants marginaux occupés à tenter de racheter leurs maisons aux promoteurs dans une saine volonté d’indépendance, il met une certaine survivance des utopies sixties à l’épreuve de la spéculation et d’un capitalisme déjà triomphant. Entre espoirs fragiles et inévitables tensions, le constat est parfois amer, mais il continue de souffler un bel esprit libertaire sur cet objet ouvertement fauché dont le tout jeune ingénieur du son n’est autre qu’un certain… Gus Van Sant. Petit événement en soi: Penny Allen sera présente le 29 janvier au Nova pour discuter du film avec le public.

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David contre Goliath

Une grosse quarantaine d’années plus tard, c’est au coeur de Washington D.C. que Residue (2020) situe son action. On y suit Jay, la trentaine, scénariste afro-américain de retour au bercail qui découvre à quel point son vieux quartier s’est transformé sous l’influence de propriétaires aisés et majoritairement blancs. Déboussolé, il s’y sent désormais comme un étranger… À l’instar de son protagoniste, porté par le désir de « donner une voix aux sans-voix« , le film, douloureux état des lieux traversé en filigrane par les revendications du mouvement Black Lives Matter, peine un peu à trouver sa place, quelque part entre autofiction, élans quasi documentaires et envolées clippées. Mais de sa narration volontiers vaporeuse naissent aussi quelques micro-fulgurances poétiques et sensorielles.

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Découpé en deux parties, A Bread Factory (2018) choisit, quant à lui, pour cadre la petite ville fictive de Checkford, dans l’État de New York, où une usine à pain désaffectée a été transformée en espace démocratique dédié aux arts. Menacé par l’arrivée en ville d’un couple de performeurs ultra branchés, le lieu pourrait être amené à disparaître faute de subventions. Se rejoue alors l’éternel combat de David contre Goliath dans une succession hélas très amidonnée, voire carrément rébarbative, de tableaux de vie à l’humour vaguement pince-sans-rire. Étrange et regrettable parti pris arty-snob s’agissant d’un film sinon prompt à défendre une culture à taille humaine et créatrice de liens.

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Property

De Penny Allen et Eric Alan Edwards. Avec Lola Desmond. 1978. 1h32. Sortie: 29/01. ***(*)

Residue

De Merawi Gerima. Avec Obinna Nwachukwu. 2020. 1h30. Sortie: 28/01. ***

A Bread Factory (Part 1 & 2)

De Patrick Wang. Avec Tyne Daly, Elisabeth Henry. 2018. 2h02 et 2h. Sortie: 28/01 et 06/02. **(*)

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