À la télé cette semaine: La Rose et la flèche, The End of the F***ing World, Comment Trump a manipulé l’Amérique…

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Films, séries, documentaires, émission: qu’y a-t-il à voir à la télévision cette semaine? Voici notre sélection du 3 au 9 février.

THE END OF THE F***ING WORLD

Une série Channel 4 créée par Jonathan Entwistle. Avec Alex Lawther, Jessica Barden, Gemma Whelan.

Disponible sur Netflix.

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« À cet âge-là, j’étais toujours déprimé, je m’ennuyais, je voulais absolument que cette période se termine. » Ainsi parlait Charles Forsman de son adolescence en 2014 dans Libération. Dans son roman graphique The End of the F***ing World, adapté en série par Channel 4 et diffusé actuellement sur Netflix, James (Alex Lawther) tente justement d’en finir avec l’ennui en s’adonnant au meurtre de petits animaux. Les pensées diluées dans des bluettes soul des années 60, il attend de tenter l’expérience sur un humain. Sans doute Alyssa (Jessica Barden) fera l’affaire, cette effrontée au langage bordé de jurons. Un baiser foiré et une nuit où tout bascule plus tard, les deux moineaux se tirent et mènent leur envie d’en découdre dans un road trip initiatique et meurtrier, à l’humour noir, grinçant et au romantisme échevelé, qui rappelle L’Attrape-Coeurs de JD Salinger ou Badlands de Terrence Malick. La BO trahit superbement la nostalgie subliminale du récit avec les perles pop, soul et garages de Graham Coxon, Françoise Hardy, Buzzcocks, The Belles, Janis Ian, Soko… La réalisation de Jonathan Entwistle et Lucy Tcherniak, auteurs relativement inconnus mais décidément à suivre, manie l’ironie, la poésie épique et la contemplation. Elle sublime les personnages et les paysages de la campagne anglaise, figés dans les codes vintage et désincarnés par la technologie. The End of the F***ing World est un cri qui déchire l’anesthésie générale et violente de l’époque, un rire désespéré qui acte la fin de l’innocence. N.B.

SPORTS D’HIVER HIGH-TECH

Documentaire de Heinz Leger. ***(*)

Samedi 3/2, 23h30, Arte.

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© DR

Que se passe-t-il quand les champions d’aujourd’hui utilisent le matériel des meilleurs sportifs du passé? Quel est l’impact des innovations technologiques sur les performances des athlètes? À quelques jours du coup d’envoi des Jeux olympiques d’hiver, Heinz Leger interroge la corrélation entre la performance et le progrès. Avec Steve Haake, spécialiste des sciences des sports, Leger a réuni six athlètes d’exception. Six champions qui, ensemble, ont remporté plus de 70 médailles de niveau olympique, paralympique et mondial. Le skieur alpin autrichien Manuel Feller (25 ans) affronte le légendaire et quinquagénaire Marc Girardelli avec des skis d’hier et d’aujourd’hui. La patineuse de vitesse Christine Nesbitt chausse des patins d’un autre temps tandis que le bobeur Maximilian Arndt se confronte, dans les conditions de l’époque, à un record de bobsleigh des années 40. Un petit docu scientifique et didactique sur l’évolution du sport, du matériel et des performances. J.B.

LINO VENTURA: LA PART INTIME

Documentaire de Philippe Kohly. ***(*)

Dimanche 4/2, 22h50, Arte.

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« Je crois pouvoir sans honte serrer la main de tous mes personnages. » La phrase peut sembler étonnante dans la bouche d’un acteur. Elle ne l’est pas vraiment quand elle émane de Lino Ventura. Le comédien qui a décliné un tas de rôles marquants dans des projets à succès a toujours eu soif de dignité. Le documentaire de Philippe Kohly raconte l’improbable destin d’Angiolino Pasquale et de ses 70 films. Souvent flic, tour à tour homme traqué qui doit sauver sa peau et voyou qui se fait justice… Ventura n’est apparu pour la première fois à l’écran qu’à 34 ans. Rythmé et pimenté par les interventions de Jean-Pierre Melville, Claude Pinoteau, Jean Gabin, Michel Audiard, La Part intime s’étend largement sur le début de sa vie. La naissance à Parme, l’exil à Montreuil dans un logement insalubre sans eau ni électricité. Puis le boulot à neuf ans et tous les petits métiers (groom, mécanicien, livreur, représentant, vendeur de journaux…) Avant de devenir champion d’Italie et d’Europe de lutte gréco-romaine. De se lancer dans le catch où il est « L’Italien », champion des poids moyens. Un portait classique pour retracer un impensable destin. J.B.

LA ROSE ET LA FLÈCHE

Film d’aventures de Richard Lester. Avec Sean Connery, Audrey Hepburn, Richard Harris. 1976. ****(*)

Dimanche 4/2, 00h30, France 3.

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Des films sur Robin des Bois, il s’en était tourné de très nombreux quand l’excellent Richard Lester (Quatre garçons dans le vent, Le Knack, Le Forum en folie) se mit en tête d’en ajouter un. Mais pas du tout comme les autres! Un récit où Robin l’intrépide et la douce Marianne auraient pris de l’âge… Lui rentre d’un long exil et elle vit dans un couvent lorsque débute un film où la mélancolie s’allie à l’humour pour offrir un spectacle inoubliable. Sean Connery, au sommet de son charisme et de son talent d’acteur, campe Monsieur des Bois. Audrey Hepburn, subtile et diaphane, incarne Dame Marianne. Ils sont merveilleusement touchants dans un petit bonheur de film d’aventures et d’amour, au charme fou et persistant. Robert Shaw (en shérif de Nottingham) et Richard Harris (Richard Coeur de Lion) ajoutent leurs accents shakespeariens au meilleur film de Lester. Lequel s’en alla ensuite réaliser plusieurs… Superman. L.D.

LES BRACELETS ROUGES

Minisérie créée par Albert Espinosa Puig. Adaptée par Marie Roussin. Avec Michaël Youn, Camille Lou, Isabelle Gélinas, Guy Lecluyse. ***(*)

Lundi 5/2, 21h00, TF1.

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Adaptés de la série espagnole du même nom, ces six épisodes mettent en scène le chemin de résilience d’un groupe d’enfants malades. Souffrant d’une tumeur, Thomas attend de se faire amputer la jambe. Son voisin de chambre Clément va lui servir de guide dans le dédale des couloirs. Roxane souffre d’anorexie. Avec la bateleur Mehdi et Sarah la pincée, ils forment une bande dont les coups de coeur et de sang sont racontés par Côme, le narrateur plongé dans le coma: « La vérité c’est qu’il y a des gens qui vivent et puis des gens qui meurent. Et entre les deux, il y a nous. » Sans fausse pudeur ni voyeurisme misérabiliste, la série dresse le portrait de cette ribambelle, de leurs parents (Michaël Youn passablement assagi) et médecins, avec beaucoup de coeur et de drôlerie. On en ressort avec les yeux qui pétillent et un coeur gros comme ça. N.B.

LA FOLIE ATOMIQUE

Documentaire de Peter F. et Michael Muller. ***

Mardi 6/2, 21h45, Arte.

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La Corée du Nord, 25 millions d’habitants détenus derrière des barrières quasi infranchissables. Reclus et probablement surarmé. à sa tête, l’un des plus grands fêlés de la planète… Arte consacre une soirée entière à Kim Jong-un, dictateur trentenaire fan de basket ball et d’armes nucléaires. Le piège des Kim revient sur les enjeux géopolitiques du conflit avec les États-Unis. Des Dollars pour Kim Jong-un enquête sur son système d’esclavage moderne. La Folie atomique tente de lever le voile sur son flippant programme nucléaire. La dictature nord-coréenne est-elle susceptible de provoquer une catastrophe planétaire ou de devenir grossiste en technologie nucléaire? Experts, agents de renseignement et militaires (parfois reconvertis) éclairent de leurs lumières cette analyse au ton un peu trop sensationnaliste. J.B.

QUE LA FÊTE COMMENCE

Drame historique de Bertrand Tavernier. Avec Philippe Noiret, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle. 1975. ****

Mercredi 7/2, 20h55, Arte.

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Quelle distribution! Bertrand Tavernier réunit la crème d’une génération d’acteurs français. Noiret, Rochefort et Marielle: que des pointures! Et dans des rôles historiques puisque l’action se situe au début du XVIIIe siècle, quand la mort de Louis XIV inaugura l’époque dite de la Régence. Philippe Noiret interprète Philippe d’Orléans, neveu du défunt et qui en tant que régent devra diriger la France en attendant que le futur Louis XV, trop jeune pour accéder au trône, atteigne sa majorité. La période sera riche en intrigues, notamment par l’action pas forcément positive de l’influent conseiller qu’est l’abbé Dubois (Jean Rochefort). Certains aristocrates en venant à nourrir des projets de rébellion, à l’image du marquis de Pontallec, campé par Jean-Pierre Marielle… Derrière la caméra, un sourire au lèvres, Bertrand Tavernier film la comédie du pouvoir avec un sens appréciable du spectacle à la fois populaire et (très) intelligent. L.D.

THE HALCYON

Série créée par Charlotte Jones. Avec Steven Mackintosh, Olivia Williams, Annabelle Apsion, Mark Benton. **(*)

Jeudi 8/2, 20h55, France 3.

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Alors que, hors de ses murs, le monde est déchiré par la guerre, un hôtel de prestige, The Halcyon, tente de donner dans ce Londres de 1940 un nouveau sens à l’injonction « the show must go on ». On pense souvent à la célèbre série Downtown Abbey dans cette fiction constellée de romance et d’intrigues so british. Amoureux transis, espions et héros arpentent les couloirs de ce palace dont les aventures n’ont pas survécu à une première saison. La raison est simple: brouillonne, elle ne parvient pas à choisir entre comédie amoureuse ou drame sociopolitique. Dans ce huis clos feutré, ou crissent les lambris et les secrets étouffés, la vie et la fantaisie tentent de se frayer un chemin, mais sans scénario conséquent, on tourne en rond sur ses patins. C’est lorsqu’il arpente les intrigues secondaires (le racisme et le sexisme en temps de guerre, les lâchetés quotidiennes, la corruption…) que le récit parvient à nous sortir de l’ennui, ou de la sieste… N.B.

UNFAIR GAME. COMMENT TRUMP A MANIPULÉ L’AMÉRIQUE

Documentaire de Thomas Huchon. ***(*)

Jeudi 8/2, 22h30, La Une.

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« L’élection du 43e président des États-Unis ne s’est pas jouée à la loyale. » De supercheries en fake news, de clowneries et bravades, l’ascension de Donald Trump vers la Maison-Blanche a eu des airs de grosse blague potache. Sauf que, en coulisses, c’est un scandale techno-politique, dont nous feignons d’ignorer encore la portée néfaste, qui a lacéré les fondements même de la démocratie. Passé le cas du journaliste idiot qui, pour gagner sa vie, invente des fake news à la pelle et s’étonne de les retrouver amplifiées par l’extrême droite, ce documentaire réalise une enquête fouillée pour reconstituer la manipulation objective qui a influencé des milliers d’électeurs à leur insu, en utilisant massivement et secrètement les données personnelles des Américains et en exploitant les algorithmes des réseaux sociaux. Le développement de nouveaux outils permettant déjà d’influer sur les élections dans des zones expérimentales du monde a été mis à profit par Steve Bannon et Robert Mercer pour profiter des failles du système américain et porter au pouvoir un illuminé. Âpre, sec, implacable. Et pas joli joli. N.B.

PYEONGCHANG 2018: CÉRÉMONIE D’OUVERTURE

Vendredi 9/2, 11h45, France 2.

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Ça y est. C’est parti. Ce vendredi 9 février débuteront à Pyeongchang, en Corée du sud, les XXIIIes Jeux olympiques d’hiver. Marquant le grand retour de l’événement dans une petite ville de montagne après quelques éditions en métropoles (Nagano, Salt Lake City, Turin, Vancouver, Sotchi). Ils n’étaient que sept il y a quatre ans. 21 athlètes défendront les couleurs de la Belgique lors de ces JO asiatiques parmi lesquels trois snowboarders emmenés par Seppe Smits, champion du monde 2017 de slopestyle et porte-drapeau de notre délégation (rencontre cette semaine en Suisse dans les pages du Vif), trois skieurs alpins et trois patineurs de vitesse… Soit la délégation la plus fournie de l’après-guerre pour notre très plat pays. Dans l’Histoire des JO d’hiver, la Belgique ne compte que cinq médailles à son palmarès. La dernière remonte à 1998 et au bronze de Bart Veldkamp, néerlandais naturalisé. Pour la précédente, il faut remonter à… 1948. J.B.

CLAUDE FRANCOIS, LA REVANCHE DU MAL AIMÉ

Documentaire de François Chaumont et Laurent Portes. ***(*)

Vendredi 9/2, 20h50, La Une.

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Il y a quarante ans, le 11 mars 1978, Claude François s’électrocutait mortellement en voulant redresser, maniaque qu’il était, l’applique électrique murale au-dessus de sa baignoire. On avait déjà eu droit l’an dernier à un docu sur Cloclo de Daisy D’Errata et de Karl Zero. Si L’Ombre au tableau reposait sur les témoignages de Dani, d’Alain Chamfort ou encore de Yann Moix ( Podium), La Revanche du mal aimé tire le portrait du bonhomme avec des images d’archives et exclusivement des extraits de ses propres interviews. Sans édulcorer, il dépeint Cloclo l’Égyptien, le Monégasque, l’idole des jeunes et le stakhanoviste solitaire qui n’obtiendra jamais la reconnaissance de ses pairs. Remontant le fil de sa vie, il évoque les relations difficiles avec son père qui ne lui pardonnera jamais son métier de saltimbanque. Son épouse qui se casse avec Bécaud. Et l’affamé de sexe qui abuse de son pouvoir. Chaumont et Portes signent une biographie fouillée, bien ficelée et extrêmement musicale (les extraits de concerts et de passages télé sont longs et nombreux) pour refléter au plus près l’une des plus grandes stars de la chanson française en même temps que l’homme d’affaires assoiffé de puissance et d’amour. Mégalo, capricieux et dépensier. J.B.

LES VICTOIRES DE LA MUSIQUE

Cérémonie présentée par Daphné Bürki.

Vendredi 9/2, 21h00, France 2.

Louane
Louane© DR

Bigflo & Oli, Kyo, Louane et Soprano s’y disputeront le prix de la chanson originale de l’année. BB Brunes, Lady Sir et Shaka Ponk s’y affronteront sur le terrain du meilleur album rock. Quasi tout est dit. Créées en 1985, les Victoires de la musique s’annoncent d’ores et déjà comme une nouvelle ode au business et une insulte à la culture. Il y a bien quelques exceptions. Quelques candidats de qualité pour faire un peu illusion. Charlotte Gainsbourg dans la catégorie Artiste féminine. Camille pour son sens du live. Mais les listes établies après les votes des professionnels du milieu réunis en plusieurs collèges électoraux (une seule récompense est décernée par le public) font encore plus peur que d’habitude. Les César de la musique, comme certains les ont rebaptisées, promettent un enfumage hors catégorie. On se consolera en écoutant l’album de Group Doueh et Cheveu ou en chaussant La Pantoufle de Forever Pavot… J.B.

JACKIE KENNEDY, MILITANTE DE LA PREMIÈRE HEURE

Documentaire de Maud Guillaumin. ***(*)

Vendredi 9/2, 23h00, La Une.

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Trois jours après l’assassinat de John F. Kennedy, sa veuve, Jackie, exige et obtient que le cercueil du président soit porté par des soldats blancs et noirs. Ce 25 novembre 1963, c’est l’air de rien un mini-séisme qui traverse les obsèques présidentielles, une étape important dans l’Histoire américaine, tant la ségrégation raciale est une donnée avec laquelle compose encore une bonne part de la société civile et politique. Jackie Kennedy a fait bien plus qu’acter symboliquement, ce jour-là, l’égalité entre Noirs et Blancs. C’est l’aboutissement logique d’un combat que la première dame n’aura eu de cesse de mener durant le mandat de son époux. Trop souvent ramenée à nos souvenirs pour, son glamour, Jackie Kennedy a pris fait et cause contre le racisme sans jamais que la publicité de ses actions ne retombent sur d’autres que celles et ceux aux coeur de la lutte. Témoignages et images d’archives rythment ce documentaire ultra classique mais étonnant en ce qu’il rend à Jackie Kennedy son vrai relief. N.B.

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