Critique

[À la télé ce soir] Volker Schlöndorff: tambour battant

© CINETEVE
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

C’est une figure majeure du cinéma européen. Il a côtoyé Godard et Chabrol, travaillé comme stagiaire et assistant pour Malle, dont il vante l’aisance et la grâce, pour Melville, qui lui a appris le cinéma économe, et pour Alain Resnais, dont le fameux Nuit et Brouillard l’a changé à jamais. C’est pourtant d’un Allemand dont on parle ici. Volker Schlöndorff. Un gamin né en 1939 à Wiesbaden qui a étudié chez les Jésuites dans le Morbihan. L’un des plus illustres représentants du nouveau cinéma teuton palmé d’or à Cannes en 1979 avec Le Tambour. Histoire d’un petit garçon refusant de grandir sous le régime nazi tirée d’un roman de Günter Grass. Le documentaire de Pierre-Henri Gibert tire le portrait d’un cinéaste frondeur qui a ouvert la voie à Herzog, Wenders et Fassbinder et n’a cessé de dénoncer les dérives de son pays en assurant sa renommée artistique. Un réalisateur qui a adapté les plus grands auteurs de la littérature pour donner vie à des personnages rebelles, en conflit avec le pouvoir dominant. Robert Musil pour Les Désarrois de l’élève Törless, allégorie épinglant la complicité de la population allemande face aux atrocités hitlériennes. Heinrich Böll pour L’Honneur perdu de Katharina Blum. Ou encore Marguerite Yourcenar pour Le Coup de grâce. Exalté par le monde des livres et de l’imaginaire mais terriblement en résonance avec celui des vivants, Schlöndorff retrace sa vie et sa carrière, raconte sa découverte du cinéma, sa relation avec Billy Wilder et son combat pour sauver les studios de Babelsberg… Un docu qui a le goût de la résistance.

Documentaire de Pierre-Henri Gibert. ****

Mercredi 6 mai, 22h20, Arte.

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