Critique

[À la télé ce soir] Show Me a Hero

Show Me a Hero © HBO
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

On attendait énormément de cette minisérie en six épisodes diffusée cet été sur HBO. Parce qu’à sa barre, David Simon, auteur de ces véritables chefs-d’oeuvre que sont The Wire et Treme, nous a habitués au meilleur.

Simon est un chirurgien de l’intrigue, appliqué, minutieux, passionnant. Rares sont les auteurs américains qui, comme lui, parviennent à donner tant d’épaisseur à leurs personnages, même secondaires. Alors, forcément, une certaine fébrilité régnait autour de Show Me a Hero, soit six épisodes censés décrire comment, à la fin des années 80, la ville de Yonkers et ses habitants firent tout ce qui était en leur pouvoir pour éviter l’installation d’unités de logements sociaux, pourtant décidée par la justice. Le phénomène du nimby (not in my backyard: pas dans mon jardin), dans toute sa splendeur. Inquiète de voir des pauvres, souvent noirs, débarquer en son sein, la ville va mener un combat perdu d’avance, mais que ses élus, encouragés par une virulente minorité de citoyens, vont porter à bout de bras. Relatant cette histoire vraie, la série suit particulièrement l’ascension politique de Nick Wasicsko, conseiller municipal qui va devenir le plus jeune maire d’une grande ville aux Etats-Unis. Et c’est l’une des figures montantes du cinéma américain, le toujours impeccable Oscar Isaac (vu dans le très costaud A Most Violent Year) qui incarne avec beaucoup de conviction ce politicien qui, une fois en place, va rapidement se ranger aux arguments de la justice (sociale). En subissant les foudres de ceux qui l’avaient élu…

Mise en scène par Paul Haggis (Crash), Show Me a Hero est à la fois une nouvelle réussite et une légère déception. Pour la première fois de son brillant parcours, Simon déséquilibre quelque peu son intrigue, embourbé dans la densité de son sujet: si l’on se passionne pour le destin politique de Wasicsko et le dilemme moral auquel il fait face, on peine à s’intéresser aux trames secondaires, celles qui impliquent les habitants des cités à qui sont promis les maisons sociales. Mais si cet aspect semble un brin bâclé, on ne peut que saluer l’interprétation maîtrisée, la complexité du sujet et la nature passionnante de cette histoire aux enjeux sociaux et moraux de premier ordre. Qu’on ne s’y méprenne pas, si Show Me a Hero n’a pas l’envergure de The Wire, cette minisérie reste très largement au-dessus de la mêlée.

MINISÉRIE HBO CRÉÉE PAR DAVID SIMON ET RÉALISÉE PAR PAUL HAGGIS. AVEC OSCAR ISAAC, CATHERINE KEENER, WINONA RYDER.

Ce jeudi 3 décembre à 21h00 sur Be 1.

Lire également notre interview de David Simon.

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