Critique

[À la télé ce soir] Place aux jeunes

Dans les années 60, la jeunesse veut vivre de paix, d'amour et de voyage. © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Réalisé par Patrick Barbéris, ce documentaire raconte en musique l’histoire du mouvement hippie et plus largement d’une jeunesse qui rêve d’autre chose.

1960. Un tiers des Français a moins de 25 ans. Ces jeunes habitent encore chez leurs parents en attendant le mariage ou le service militaire, mais cherchent à s’affirmer. Et en cette ère nouvelle de l’image et des médias, la télévision et la radio leur ouvrent de nouveaux horizons. C’est le temps des copains et les débuts de l’argent de poche. On écoute une musique venue d’ailleurs. On revendique le droit de vivre en se faisant plaisir. Le pouvoir d’achat de la jeunesse n’a jamais été aussi considérable. Elle devient la cible privilégiée des maisons de disques. Et Carnaby Street la Mecque d’une mode qui prétend abolir les barrières de classes. Les cheveux s’allongent. Les jupes raccourcissent.

Grâce à la télé, on découvre l’Amérique et ces jeunes qui se battent contre la guerre du Viêtnam. Antoine devient un phénomène de société tandis qu’arrive une drôle de tribu. Elle se revendique de Kerouac, de Ginsberg, de la Beat Generation. Refuse la société de consommation et la vie de machine. Va chercher chez les beatniks la liberté qu’on lui refuse.

À Amsterdam, « à un jour ou deux de Paris en autostop », les Provos militent pour une société ludique, partageuse et non hiérarchisée. Manifestent pour l’avortement libre et gratuit, et la libéralisation du cannabis. À San Francisco, Haight-Ashbury affirme le pouvoir libérateur des fleurs. Réalisé par Patrick Barbéris, Place aux jeunes raconte en musique (California Dreamin’, Les Élucubrations d’Antoine, Daydream, Somebody to Love…) l’histoire du mouvement hippie et plus largement d’une jeunesse qui rêve d’autre chose, qui veut vivre de paix, d’amour et de voyage. Monterey, gratuit, est en 1967 le premier festival de pop et de jazz aux États-Unis. Woodstock. Île de Wight. Les grands rassemblements musicaux sont l’occasion d’afficher sa révolte. Mais la musique est une source de profit comme les autres. Et si les festivals entretiennent le goût des voyages, c’est l’apparition du Guide du routard. « On ne prend plus la route, on part en vacances. » De la Californie à Amougies, uniquement fabriqué avec des images d’époque, Place aux jeunes est une savoureuse, tendre, mais lucide plongée dans le monde des beatniks et des hippies. Peace, love, etc.

DOCUMENTAIRE DE PATRICK BARBÉRIS. ****

Ce vendredi 23 septembre à 23h00 sur La Une.

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