Critique

[À la télé ce soir] Magritte, la trahison des images

Magritte, la trahison des images © DR
Massimo Urbinati Journaliste

À l’occasion de l’attendue rétrospective au Centre Pompidou, Didier Ottinger et Sylvain Bergère incitent à replonger dans les étonnants secrets poétiques de ce grand enchanteur.

Peindre le charme et le plaisir. Un incroyable lyrisme solaire en réaction à la laideur quotidienne. René Magritte, tout autant philosophe que peintre? Et pourquoi pas? Ce documentaire qui vaut le détour ne constitue nullement une biographie au sens propre, mais plutôt une aventure au sein de l’esprit d’un homme qui, entre autres choses, s’adonnait à la peinture. Le gaillard ne croyait ni à l’inconscient ni à l’interprétation. « Mais s’ils préfèrent essayer de traverser les murs plutôt que de passer par la porte, que voulez-vous que j’y fasse? » Dans un refus total de prendre le parti exclusif des mots ou des images, Magritte peint des pensées qui éclatent au grand jour. Très vite, les affinités sélectives (un oeuf dans une cage) supplantent la beauté hasardeuse née du choc et de l’arbitraire (l’exquise rencontre fortuite sur une table de dissection d’un parapluie et d’une machine à coudre chers à Lautréamont) célébrant non pas la manière de peindre, mais bien ce qu’il faut coucher sur la toile.

À l’occasion de l’attendue rétrospective qui vous tend les bras au Centre Pompidou parisien en ce mois de septembre, Didier Ottinger (commissaire éclairé de l’exposition) et Sylvain Bergère incitent, en préambule, à replonger dans les étonnants secrets poétiques de ce grand enchanteur. Joyeusement commentée par le maître, lui qui méprisait le rituel et la pose d’artiste, la méthode de travail est ici dévoilée aux yeux de tous. Une aubaine pour les mordus, on les comprend, de cet artisan de l’insondable mystère du quotidien.

DOCUMENTAIRE DE DIDIER OTTINGER ET SYLVAIN BERGÈRE. ****

Ce mercredi 21 septembre à 22h15 sur La Une.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content