Critique

[À la télé ce soir] Le Prix de la déraison

© AT PRODUCTION
Massimo Urbinati Journaliste

La problématique des returnees, ces combattants revenus au pays, est un sujet de société particulièrement épineux. S’il est aisé de les maudire, il est beaucoup moins évident de chercher à comprendre les raisons d’une telle dérive fondamentaliste.

C’est au coeur de cette démarche ambivalente que se fonde cet audacieux documentaire de Safia Kessas, qui s’inscrit dans un drame collectif en mouvement, celui du retour, de l’accueil et de la remise en question. Pour cela, la réalisatrice a suivi Julie durant près de trois ans. Une ex-djihadiste qui a accepté de témoigner à visage découvert et dont la déraison fut courte en temps mais longue en conséquences. Elle tente aujourd’hui de réparer ses errements et la douleur des déchirures corrélatives. Il n’est pas simplement question de s’amender. Il lui faut d’abord tout mettre en oeuvre pour réendosser son statut disgracié de mère. Et surtout, partager une expérience « audible et crédible » afin de confronter à la réalité et à la violence des actes posés d’autres jeunes désireux de se risquer dans tel processus d’engagement. Il n’est point ici question de plaindre, ni même de juger. Tout l’enjeu du film, brut et sans commentaires, réside moins dans la destination que dans le chemin d’introspection critique entamé et assumé. Et qu’il était donc nécessaire de soulever et de retracer.

Documentaire de Safia Kessas. ***(*)

Lundi 21/9, 21h10, La Trois.

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