Critique

[À la télé ce soir] Kidnapping

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Nicolas Bogaerts Journaliste

Rocambolesque, cette série politique nous rappelle que le pire est invisible pour les yeux et que la marchandisation criminelle de l’enfance s’épanouit dans la plus grande banalité.

Cette série franco-danoise imaginée par le scénariste de Bron et The Killing rate quelque peu son entrée à vouloir trop en faire: inspecteur de la criminelle danoise, Rolf Larsen enquête sur une disparition d’enfant qui le mène en Pologne. Sa femme étant à l’étranger, il doit prendre sa fille en bas âge sur le ferry pour aller rencontrer ses homologues polonais. Et c’est son bébé qui disparaît à son tour. Les réserves qu’inspire le premier épisode sont levées dès le deuxième: cinq ans plus tard, relancée par le meurtre en France d’une jeune Danoise, l’enquête rebondit dans les méandres d’un trafic d’enfants à l’échelle européenne. Le récit devient politique et le scénario lance ses filets. Rolf (Anders W. Berthelsen), dérivant entre deuil et divorce, est appuyé par Claire Bobain, de la police française, à qui Charlotte Rampling offre sa droiture et son regard de Droopy. Révélant l’absence de coopération policière, impliquant les services sociaux et un réseau ultra catho approvisionné par un couvent polonais digne des Magdalene Sisters -où se joue en parallèle l’histoire d’une mère célibataire arrachée à son enfant-, le puzzle se reconstitue dans un suspense astucieux, qui gère bien ses résolutions et accroche d’un épisode à l’autre. Rocambolesque, cette série politique nous rappelle que le pire est invisible pour les yeux et que la marchandisation criminelle de l’enfance s’épanouit dans la plus grande banalité, nourrie par les besoins irrationnels de parentalité des plus nantis.

Série créée par Torleif Hoppe. Avec Anders W. Berthelsen, Charlotte Rampling, Nicolas Bro. ***(*)

Jeudi 1/10, 20h55, Arte.

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