Critique

[À la télé ce soir] Dorian Gray, un portrait d’Oscar Wilde

© HENRIQUE MEDINA/WARNER BROS. E
Nicolas Bogaerts Journaliste

Lancé à grands coups de riffs et de batteries rock, le documentaire dresse un miroir sans teint entre l’écrivain dandy Oscar Wilde et son chef-d’oeuvre, Le Portrait de Dorian Gray.

Publié en 1890, ce récit hybride entre histoire extraordinaire et conte amoral a terrifié l’Angleterre victorienne et fait entrer sa littérature dans la modernité. Subversif par ses thèmes, le roman est aussi un prodigieux rêve prémonitoire, indissociable de la personnalité de son auteur, dont le goût pour les postures et la photographie a préfiguré les rockstars de la seconde moitié du XXe siècle, à l’image d’un David Bowie, inventant la célébrité moderne bien avant Andy Warhol. Les écrivains Amélie Nothomb et Will Self, ainsi que Merlin Holland, petit-fils de Wilde, sont convoqués, ainsi que de nombreuses images d’archives et une réalisation stylisée et fluide, pour reconstituer ce portrait double et à tiroirs: celui d’un hédoniste à l’époque des corsets et des débuts de la psychanalyse, d’un citoyen condamné pour ses moeurs considérées comme outrageantes et d’un auteur qui a, d’après les mots de Nothomb, rien moins qu’écrit le Faust des siècles à venir. Dans son Portrait, Wilde a entrevu sa propre déchéance et annoncé le narcissisme de notre époque. Le documentaire montre, avec les formes, l’amplitude de ce que celle-ci doit à celui-là.

Documentaire de Jérôme Lambert et Philippe Picard. ***(*)

Mercredi 21/10, 22h30, Arte.

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