Critique

[À la télé ce soir] Berlin 56

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Nicolas Bogaerts Journaliste

Portée par une distribution quasi-irréprochable, la série Berlin 56 est la bonne surprise du printemps.

En 1956, l’année où Elvis Presley fait jaillir le rock et ses hanches endiablées à la face du monde, Berlin panse encore ses blessures de guerre: l’Est est une gigantesque plaie ouverte, tandis que l’Ouest tente de retrouver son lustre d’antan sur la Kurfürstendamm, avenue devenue vitrine du mode de vie occidental. Au numéro 56 de « Ku’damm », Caterina Schöllak dirige d’une poigne de fer son école de danse de salon et ses trois filles, Helga, Eva et Monika. Entre l’aigreur et la maltraitance de sa mère, et une société allemande rivée dans les postures, le sexisme et les rapports de force, Monika surnage. Tandis que ses soeurs font le choix du confort et des convenances, elle va suivre Freddy, musicien de l’école, et s’abandonner au rock ‘n roll, cette « musique de nègre » qui va l’aider à apprivoiser son corps. Berlin 56 esquisse avec beaucoup d’adresse et de style le portrait de femmes qui ne cessent de porter et supporter la domination que les hommes entendent appuyer sur tout et tous, et le chemin malaisé vers la délivrance. Inspiré des peintures d’Edward Hopper, l’univers visuel de la série alterne les chromos pastels et les zones d’ombres, dessinant la fin d’un monde et de ses non-dits, et le début d’un autre, avec ses espoirs insensés. Porté par une distribution quasi-irréprochable, Berlin 56 est la bonne surprise du printemps.

SÉRIE DE SVEN BOHSE. AVEC CLAUDIA MICHELSEN, SONJA GERHARDT, MARIA EHRICH, EMILIA SCHÜLE, HEINO FERCH. ****

Ce jeudi 6 avril à 20h55 sur Arte.

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