Critique

[À la télé ce soir] America

© SYLVAIN LESER
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Que reste-t-il du rêve américain? Le documentaire de Claus Drexel donne un début de réponse avec ceux qu’il a oubliés sur le bord de la route.

Quatre ans. Une olympiade. Une présidence américaine… À l’automne 2016, les états-Unis s’apprêtent à élire leur nouveau président. Trump? Clinton? Claus Drexel est parti à Seligman, une petite ville au coeur de l’Arizona sur les bords de la Route 66, prendre le pouls d’une Amérique blanche abandonnée. Il y a Larry, conducteur d’engins, qui boit et qui bosse, n’a ni assurance maladie ni tickets de rationnement. Hugh, qui est cow-boy et pour qui c’est tous les jours samedi. James, de l’église du calvaire. Ou encore George, membre à vie de la NRA (la puissante association de défense du port d’armes) qui possède une fameuse collection de pétoires. Son flingue, Sandy, vétérane du Viêtnam, d’Afghanistan et d’Irak, l’appelle Black Beauty. Quant à Corinne, elle a élevé cinq enfants et a échoué dans ce qu’elle appelle « l’île des jouets cassés« . « Des gens avec une histoire« , comme elle dit. Dans cette Amérique des grands espaces, ces états-Unis en apparence d’un autre temps, Drexel filme les oubliés. Des gens mécontents de leur salaire, de la précarité, de leur couverture sociale. Des hommes et des femmes tellement éloignés de tout qu’ils gèrent eux-mêmes leurs problèmes. Dépourvu de jugement, superbement filmé dans des décors naturels de western et des intérieurs surannés, America les fait parler de leur mode de vie et de l’attachement à leurs terres, d’armes à feu, d’élections et de peine de mort… Que reste-t-il du rêve américain? Début de réponse avec ceux qu’il a oubliés sur le bord de la route.

Documentaire de Claus Drexel. ****

Mardi 3/11, 00h10, Arte.

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