Critique

À la télé ce samedi soir: No Future, la déferlante punk

Glen Matlock, ex bassiste des Sex Pistols © Nicolas Sourdey
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Dédié à Joe Strummer et à un Johnny Thunders dont il a été l’attaché de presse, le documentaire de Maneval est une plongée de deux ans dans le tourbillon musical et social punk.

« Si vous avez une épingle ou un clou planté à travers la joue, si vous avez de petites croix nazies dessinées sur le front, vous êtes un paumé. Vous êtes un punk… » Voilà comment Gérard Holtz introduit dans un journal télévisé le festival de Mont-de-Marsan qui attire, en 1976 et 1977 dans les Landes, les Damned, The Clash et autres Eddie and the Hot Rods. A l’époque, Alain Maneval a 24 ans et vit à Londres. Fils de prolo originaire de Saint-Etienne, le jeune homme, qui a travaillé à l’usine mais a quitté les « crassiers », se reconnaît dans ces adolescents qui crachent leur dégoût de tout, glandouillant dans les magasins de disques et les friperies de King’s Road… Les Ramones et Thunders ont montré la voie. Le Blank Generation du New-Yorkais Richard Hell va comme un gant à une Angleterre blafarde embourbée dans l’une des pires crises économiques de son histoire…

Dédié à Joe Strummer et à un Johnny Thunders dont il a été l’attaché de presse (il fut aussi celui de Ian Dury et a animé l’émission Po-Go sur Europe 1), le documentaire de Maneval est une plongée de deux ans dans ce tourbillon musical et social. Il se promène dans les rayons de chez SEX, la mythique boutique de Malcolm McLaren et de Vivienne Westwood. Pogote au Roxy, le club gay en déclin qui devient pendant une centaine de jours le refuge des jeunes parias. Et raconte l’existence furtive de groupes qui n’existaient parfois que le temps d’un concert…

Les souvenirs de Maneval, qui a été jusqu’à embarquer sur la Tamise le jour du Jubilé de la reine pour le concert historique des Sex Pistols, interrompu à coups de matraques par la police, servent de fil rouge à No Future: la déferlante punk. Alimenté par des interviews récentes de Topper Headon (The Clash), Glen Matlock (Sex Pistols), Don Letts, Henry Padovani (The Police, Wayne County…), F.M. Einheit (Einstürzende Neubauten), Lulu Larsen (du collectif Bazooka), du cinéaste Julian Temple ou encore du clairvoyant Jean-Jacques Burnel (The Stranglers), le docu brosse de manière assez succincte et rythmée le portrait de cette jeunesse en colère qui voulait en finir avec le flower power et les hippies. Mais en essayant de tout survoler dans un format de 52 minutes (jusqu’à la vague française, moins prolétaire et plus dandy, les retentissements du mouvement en Allemagne et en Suisse), il laisse forcément un goût de trop peu en bouche. Pour les néophytes et les nostalgiques.

  • DOCUMENTAIRE D’ALAIN MANEVAL ET FRED AUJAS.
  • Ce samedi 28 février à 22h35 sur Arte.

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