Critique

À la télé ce mercredi soir: Camp 14, dans l’enfer nord-coréen

Shin a été le témoin de l'exécution de sa mère et de son frère © Engstfeld Film
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Particulièrement bien ficelé, construit sur les récits édifiants, ce documentaire sur Shin Dong-hyuk raconte un pays où l’on est emprisonné pour s’être roulé une clope avec un bout de journal sur lequel figurait un haut dirigeant communiste.

En janvier dernier, Shin Dong-hyuk, seul individu connu à être né dans un camp nord-coréen et à s’en être échappé, avouait avoir modifié certains détails de son histoire. Le survivant du goulag avait raconté sa vie dans un bouquin à succès de la journaliste Blaine Harden, Rescapé du camp 14, et avait parcouru le monde pour combattre les abus commis en Corée du Nord, devenant un militant des droits de l’homme et témoignant notamment lors d’une commission de l’ONU.

L’affaire faisait grand bruit. Si le jeune garçon n’aurait pas été torturé au feu à treize ans mais à 20 (un détail), il n’aurait surtout pas pu provoquer l’exécution de sa mère et de son frère et y avoir assisté puisque les faits auraient eu lieu en son absence. De quoi entacher fameusement toute la valeur de son témoignage. Même si plus d’un vinrent à sa rescousse en arguant de la mémoire sélective pour expliquer ces multiples inexactitudes.

Le documentaire de Marc Wiese, qui retrace l’existence effroyable de Shin Dong-hyuk étayée par les souvenirs de deux anciens jeunes gradés chargés de surveiller, torturer et tuer des prisonniers récalcitrants, a beau devoir être pris avec des pincettes, il n’en a pas moins un intérêt évident quand on sait qu’aujourd’hui 200.000 personnes sont encore détenues dans ces camps de l’horreur.

Né en 1983 dans l’un d’entre eux, Shin a grandi dans une maison d’une pièce sans meubles où on dormait à même le ciment. Il a commencé les travaux forcés à six ans en même temps que l’école. Ramassant le charbon qui tombait des wagonnets poussés par d’autres mioches en dehors de la mine. Et ne s’imaginant pas qu’un autre monde existait derrière les barbelés.

Particulièrement bien ficelé, construit sur les récits édifiants (même si partiellement véridiques donc…) de ses trois témoins mais aussi sur des images d’animation très esthétiques donnant vie à quelques scènes parmi les plus douloureuses, Camp 14 raconte un pays où l’on est emprisonné pour s’être roulé une clope avec un bout de journal sur lequel figurait un haut dirigeant communiste. La vie humaine qui n’a pas plus de valeur que celle d’un ver de terre. La torture institutionnalisée. Les supplices et les exécutions publiques. Des histoires d’une cruauté invraisemblable et le cauchemar au quotidien…

DOCUMENTAIRE DE MARC WIESE.

Ce mercredi 22 avril à 23h15 sur Arte.

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