Critique

À la télé ce jeudi soir: Sacrifice

Burning Bush (Sacrifice) © HBO
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Estampillée HBO Europe, éminent gage de respectabilité, cette mini-série tchèque ajoute de véritables qualités cinématographiques à son évocation historique.

Jan Palach, le Printemps de Prague, tout ça… On connaît, un peu, pas trop en fait, surtout de nom. Pour les générations 2 et 3.0, les chars de l’armée soviétique ne servent qu’à rouler sur des cartes postales vieilles et défraîchies. Du passé… C’est l’un des grands mérites de cette mini-série en trois épisodes que de nous sortir des limbes un épisode trop oublié du siècle dernier. Mais ce n’est pas sa seule vertu. Estampillée HBO Europe, éminent gage de respectabilité, cette fiction tchèque ajoute de véritables qualités cinématographiques à son évocation historique. Autant dire que s’il ravira les amateurs de récits historiques, Sacrifice pourrait fort bien emporter la mise auprès des simples curieux.

Petit rappel des faits. Début 1968, le président tchécoslovaque Alexander Dubcek donne de l’air au régime communiste local, en insufflant quelques litres d’huile de liberté dans les rouages de diverses institutions, presse en tête. Un mouvement que l’Histoire retiendra sous l’appellation « Printemps de Prague ». Malheureusement pour les Tchécoslovaques, l’URSS n’a pour la démocratie à l’occidentale qu’un goût plutôt tempéré: en août, Moscou envoie ses chars rétablir la situation, agrippant d’une main de fer les velléités locales de liberté. En opposition à l’asphyxie démocratique imposée par les Soviétiques, un jeune étudiant de 21 ans, Jan Palach, va s’immoler par le feu en janvier 1969, sur la place Venceslas. Décédé après quelques jours d’une agonie atroce, Palach symbolisera l’insoumission et le sacrifice aux idées, même si le pouvoir tchécoslovaque fera tout pour atténuer l’impact de son geste.

Sacrifice raconte de manière intense et poignante comment famille et amis se battront pour réhabiliter la mémoire de l’étudiant… Bien que polonaise, la réalisatrice de cette mini-série, Agnieszka Holland, étudiait à Prague au moment des événements. « J’avais été extrêmement bouleversée par le sacrifice de Jan Palach, qui avait le même âge que moi lorsqu’il s’est immolé. Mais j’étais encore plus choquée de voir comment l’élan de solidarité nationale qu’avait suscité ce geste avait rapidement laissé place à la résignation, voire à la compromission, face à la répression », explique- t-elle dans un entretien donné à Arte. Tant l’interprétation que la mise en scène impressionnent dans cette fiction que la chaîne franco-allemande diffusera jeudi, pour ses deux premiers épisodes, vendredi pour sa dernière partie. A voir.

  • MINI-SÉRIE RÉALISÉE PAR AGNIESZKA HOLLAND. AVEC TATIANA PAUHOFOVÁ, PATRIK DERJEL, JAROSLAVA POKORNÁ.
  • Ce jeudi 27 mars à 20h50 sur Arte.
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