
60 idées de cadeaux culturels à mettre sous le sapin
En préparation de l’ultime baston (prévue au printemps prochain) opposant les Marcheurs Blancs à ce qu’il reste des royaumes de Westeros après sept saisons de guerre, de complots, de trahisons et de retournements d’alliance, la saga épique se récapitule aisément entre deux réveillons. Si vous ne pouvez vraiment pas attendre l’édition finale qui devrait arriver d’ici l’an prochain, cet objet vaut aussi pour le disque bonus Conquest & Rebellion, série animée qui revient sur l’histoire des dynasties des Sept Royaumes et les rancoeurs qui se règlent encore aujourd’hui entre Lannister, Stark, Targaryen et Sauvageons. Elle permet d’émettre quelques hypothèses sur la saison à venir. En revanche, l’édition Blu-ray donne pleinement la mesure de l’univers visuel de cette série superlative, qui butine son imaginaire dans l’epic fantasy, le Moyen Âge et la Renaissance fantasmés, les légendes millénaires… Quitte à foncer dans le mur des clichés dans une septième saison trop pressée d’arriver au clash final. N.B.
Distribué par Warner (Blu-ray). Prix: environ 70 euros.
Enrichies d’un documentaire qui rappelle comment cette sitcom a marqué les années 90 et lancé Will Smith sur orbite, ces six saisons sont une explosion d’humour funky: un jeune ayant troqué son ghetto de Philadelphie pour la riche banlieue de L.A. bouleverse le quotidien de son oncle embourgeoisé et de sa famille. La série pointe les questions et contradictions de l’adolescence, les différences sociales et les chocs culturels… et a transformé un pas de danse rythmé par Tom Jones en phénomène planétaire. Smell you later! N.B.
Distribué par Warner. Prix: environ 60 euros.
Anthologie culte et matricielle s’il en est, La Quatrième Dimension (The Twilight Zone en VO) n’en finit pas de fasciner les amateurs les plus exigeants d’histoires fantastiques, notamment grâce à son art consommé de la chute inattendue. Universal coffre l’intégrale remasterisée des cinq saisons ayant marqué une véritable révolution télévisuelle au tournant des années 50 et 60. Soit, en tout, 155 épisodes étalés sur un ensemble de 28 DVD par ailleurs gavé de suppléments conséquents. De la bombe, bébé! N.C.
Distribué par Universal. Prix: environ 60 euros.
Le coffret de films d’action et d’aventures le plus féministe de cette fin d’année! Alicia Vikander sort assez joliment de ses emplois habituels pour incarner Lara Croft dans un « prequel » dispensable mais divertissant. Et Gal Gadot crève littéralement l’écran en Wonder Woman, dans un film mêlant de manière jouissive délire au premier degré et prise de distance humoristique. Toutes deux damant le pion aux mâles avec un plaisir des plus communicatifs. Ces héroïnes marchent au super! L.D.
Distribué par Warner. Prix: environ 15 euros.
Ready Player One, le dernier film en date de Steven Spielberg, carburant abondamment à la pop culture des eighties, Warner l’associe à un échantillon substantiel de la production de l’époque dans un coffret de dix DVD. Manière aussi de retenir le meilleur d’un opus valant plus par ses clins d’oeil et références que par son action propre, plongée dans un univers virtuel tenant du vaste jeu vidéo plutôt que du cinéma… Et façon, par ailleurs, de souligner l’empreinte de ce même Spielberg sur le cinéma hollywoodien des dernières décennies, puisqu’il se trouve associé en qualité de producteur à trois autres titres proposés ici. Soit la comédie horrifique culte The Gremlins et l’épatant InnerSpace (qui revisitait à la mode des 80’s, Meg Ryan et Dennis Quaid à l’appui, Le Voyage fantastique de Richard Fleischer), signés tous deux de l’excellent (et volontiers subversif) Joe Dante, et The Goonies, décoiffant film d’aventures de Richard Donner, parti sur les traces d’une bande de gamins (dont Josh Brolin) engagés dans une chasse au trésor riche en rebondissements et émotions fortes.
Donner est également l’auteur de l’impeccable Lethal Weapon, polar palpitant réunissant Danny Glover, dans le rôle du flic pondéré, et Mel Gibson, dans celui de son partenaire incontrôlable, Martin Riggs dit « l’arme fatale », association des contraires continuant à faire autorité. Enfin, une poignée de classiques ponctue l’ensemble: sommet de l’épouvante avec The Shining de Stanley Kubrick; SF visionnaire avec Blade Runner de Ridley Scott; expressions de l’imaginaire burtonien comme Beetlejuice et un Batman séminal. À quoi s’ajoute une excursion hors-cadre temporel avec The Iron Giant, film d’animation tourné à la fin de la décennie suivante par Brad Bird mais porté, il est vrai, par un irrésistible élan rétro (futuriste)… J.F.Pl.
Distribué par Warner. Prix: environ 80 euros.
Il est belge, a 90 ans et vit à Ostende. Raoul Servais est un des maîtres du cinéma d’animation européen et international, palmé d’or au Festival de Cannes et admiré par ses pairs. La Cinematek lui rend le plus bel hommage en éditant un coffret de deux DVD consacré à ses courts métrages, avec en bonus un documentaire passionnant. Les quatorze films réunis ici composent un ensemble des plus fascinants, surtout ceux réalisés dans les années 60 et 70 (Servais n’a plus tourné que sporadiquement depuis). À cette époque de révolutions, de redéfinitions, de recherches, l’art du cinéaste ostendais de Sirène et Harpya s’inscrivit en pointe en développant des techniques très particulières et un humour décapant, tantôt existentiel, tantôt politique, parfois les deux simultanément. Avec dans le collimateur, souvent, les autorités (policières, religieuses, économiques, militaires). La forme s’allie au sens, intimement, d’excitante façon, dans l’oeuvre d’un artiste auquel le Mu.ZEE consacre désormais une salle en permanence. L.D.
Distribué par la Cinematek. Prix: environ 21 euros.
Initiative appréciable: à l’occasion des fêtes, Sony Pictures exhume 21 fleurons de son catalogue des années 60 et 70, disponibles à l’unité dans un habillage inspiré des affiches de cinéma de l’époque. Il y en a pour tous les goûts, ou peu s’en faut: films de guerre portés par un aréopage de stars avec TheGuns of Navarone, de J. Lee Thompson, et le trio Gregory Peck-David Niven-Anthony Quinn, ou Anzio!d’Edward Dmytryk, avec Robert Mitchum et Robert Ryan; comédies musicales avec Funny Girl, qui devait valoir un Oscar à Barbra Streisand, et sa suite, Funny Lady; fresques épiques comme l’insurpassable Lawrence of Arabia de David Lean; western, à l’instar du Major Dundee de Sam Peckinpah; drames, avec l’oublié Hard Times de Walter Hill ou le classique Kramer vs. Kramer de Robert Benton; films d’aventures, parmi lesquels l’épatant The Man Who Would Be King de John Huston, avec Michael Caine et Sean Connery, l’acteur écossais figurant encore au générique de The Wind and the Lion et de Robin and Marian. Et l’on en passe, comme divers échantillons du Nouvel Hollywood, de Easy Rider de Dennis Hopper à Five Easy Pieces de Bob Rafelson; l’immense Taxi Driver de Martin Scorsese, et jusqu’à The Passenger, chef-d’oeuvre de Michelangelo Antonioni… J.F.Pl.
Distribué par Sony. Prix: moins de 10 euros la pièce.
Tourné en caméra cachée, Mon Ket, la première réalisation de François Damiens, tient plus de l’accumulation de sketches que du film de cinéma. Mais si le fil narratif est ténu -Dany Versavel, un taulard endurci, s’évade pour éduquer son fils à sa manière-, le résultat est hautement réjouissant, ovni alignant quelques morceaux d’anthologie, et porté par un humour débridé et généreux. L’édition deux DVD propose des scènes coupées guère moins hilarantes, un bêtisier et les réactions des piégés. J.F.Pl.
Distribué par Cinéart. Prix: environ 20 euros.
Dix ans après Gomorra, le réalisateur transalpin Matteo Garrone montre les crocs et renoue avec le meilleur de son cinéma « coup de poing ». Fable crépusculaire au réalisme mythologique très librement inspirée d’un fait divers qui terrifia l’Italie à la fin des années 80, Dogman épouse le point de vue canin pour mieux dire la violence des hommes. Interview de Garrone et Marcello Fonte, indiscutable prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes, en bonus DVD de ce conte cruel de la désolation. N.C.
Distribué par Cinéart. Prix: environ 20 euros.
Le sous-genre appelé Girls With Guns s’épanouit dans le polar d’action hongkongais du milieu des années 80 au début des années 90. Le diptyque réuni dans ce double coffret aux couleurs rouge et bleue témoigne avec éloquence… et violence de cette vague de films où femmes et filles en remontrent aux hommes en matière de combat mais aussi de stratégie, de résistance et de courage. Angel Terminators 2 (1993) n’est aucunement la suite du Angel Terminators de l’année précédente, mais les deux films, centrés sur des policières de choc qu’interprètent des égéries du genre (Moon Lee, Carrie Ng), sont aussi percutants l’un que l’autre! L.D.
Distribué par Spectrum. Prix: environ 20 euros.
Les dinosaures reviennent! De l’historique Jurassic Park de Steven Spielberg (1993) au tout récent Jurassic World: Fallen Kingdom (2018) en passant par The Lost World: Jurassic Park (1997), Jurassic Park 3 (2001) et Jurassic World (2015). La saga tout entière en cinq films et… six disques Blu-ray, car il y a tant de bonus -plus de neuf heures au total- qu’il faut leur consacrer la place nécessaire. La fête, donc, pour les nombreux fans d’une saga de science-fiction certes inégale dans ses développements mais qui a su rester globalement excitante. À la croisée du Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, du rêve contemporain de clonage et de la folie pour des parcs d’attraction offrant des sensations toujours plus fortes, Spielberg aura lancé une machine à spectacle toujours bien vivante. Et qui surfe avec plus ou moins de bonheur sur une fine ligne entre film d’aventures pour public familial et suspense horrifique (la recette des Dents de la mer, en fait). Un sixième épisode est annoncé pour 2021. L.D.
Distribué par Universal. Prix: environ 40 euros.
Les indispensables éditions Carlotta remettent en lumière l’oeuvre trop peu connue de l’immense Peter Bogdanovich, l’un des plus personnels et atypiques cinéastes du Nouvel Hollywood, via la parution de quatre objets superbes tant sur la forme que sur le fond. Les coffrets DVD/Blu-ray de prestige de son chef-d’oeuvre The Last Picture Show (1971), chronique douce et dure à la fois de la ruralité désenchantée, et de la pépite mélancolique Saint Jack (1979), grand film sur la corruption des hommes et des âmes où brille Ben Gazzara en proxénète américain déraciné à Singapour, regorgent de précieux memorabilia (affiche, photos, cartes postales…). Dans Le Cinéma comme élégie, riche ouvrage de conversations brassant autant de préoccupations thématiques ou historiques qu’intimes ou formelles, le critique français Jean-Baptiste Thoret présente son art comme l’expression d’une nostalgie d’un temps passé tel qu’il n’a peut-être jamais existé ailleurs que dans les films. Tandis que La Mise à mort de la licorne, roman-essai bouleversant d’inconsolable tristesse publié en 1984 mais pour la première fois traduit en français, voit le réalisateur revenir sur sa fulgurante histoire d’amour brisée avec la playmate assassinée Dorothy Stratten. Voyez, lisez, vivez Peter Bogdanovich! N.C.
Distribués par Carlotta. Prix: Environ 30 / 30 / 50 / 20 euros.
Les deux premières saisons de Twin Peaks, la série-culte créée par David Lynch et Mark Frost au tournant des années 90, sont réunies dans un coffret de dix Blu-ray généreux en compléments. Et proposant en outre Twin Peaks: Fire Walk with Me, le film tourné par Lynch en 1992, et relatant les sept derniers jours de la vie de Laura Palmer, ainsi que The Missing Pieces, ou 90 minutes de scènes alternatives ou coupées du long métrage. De quoi se reprendre un morceau de tarte aux cerises… J.F.Pl.
Distribué par Universal. Prix: environ 40 euros.
À travers trois générations de comédiennes -l’ancienne, avec la légendaire Shahrzad, la présente, avec Behnaz Jafari, et la future, avec Marziyeh Rezaei- réunies par un récit sinueux comme une route de campagne, un Jafar Panahi en veine « kiarostamienne » dresse un portrait alerte et subtil de l’Iran au féminin pluriel. Et d’instaurer au passage une solidarité féminine face aux traditions ancestrales persistantes, moteur d’un film intelligent et savoureux, Prix du scénario au festival de Cannes. J.F.Pl.
Distribué par Coming Soon. Prix: environ 13 euros.
À la mesure de la démesure qui a caractérisé le règne de Louis XIV et la création de son palais, la série qui en porte le nom, Versailles, n’a ménagé ni son budget (27 millions d’euros rien que pour la première saison) ni ses effets pour capter les foules et hypnotiser les critiques. Le Roi Soleil a des ennemis tapis dans l’ombre, les couloirs et les portes dérobées, qui menacent une ascension qui n’a rien d’irrésistible. Saison après saison, les grandes affaires qui ont miné son règne, les complots, les guerres, les négociations entre puissances, le stupre, la mousse et le pampre, ainsi que la rivalité d’une partie de la noblesse qui résiste encore à la domestication, ont nourri une série qui a restitué à merveille l’ambiance du palais, les costumes, les enjeux. Du côté de la vérité historique, disons qu’elle est, avec Versailles, une notion très élastique. La volonté de donner du relief et une âme (fût-elle noire) à des personnages historiques, faisant apparaître des contradictions, une complexité, les a affublés paradoxalement de dialogues et de manières quelque peu anachroniques. Le casting remplit partiellement ces lacunes, tandis que la mise en scène et le rythme assurent un spectacle lustré, brillant, où le grandiose rivalise avec la pompe (dans son acceptation musicale et non péjorative). Dans un univers historique aussi balayé et assimilé que celui qui a vu naître l’aura de Louis XIV et de Versailles, jouer avec les codes de la modernité s’avère périlleux. Bonne surprise: chaque saison est accompagnée d’un making of (entre 18 et 32 minutes) qui montre bien que l’ambition de faire une série francophone calibrée pour l’international peut soulever des montagnes… Comme on érige un palais sur un marais infesté de moustiques. N.B.
Distribué par Studio Canal. Prix: environ 30 euros.
Exercice toujours un peu périlleux: Warner rassemble dix films américains plus ou moins récents dans un box placé sous le signe de la comédie. Il y a forcément du bon, du moins bon et de l’oubliable dans cette somme à destination des amateurs de franche rigolade un peu grasse sur les bords. Si Analyze This de Harold Ramis, avec le tandem Robert De Niro-Billy Crystal, et The Hangover de Todd Phillips (qui place aussi ici son Due Date mais surtout War Dogs, fable décadente assez vicieuse sous ses dehors « feelgood ») font déjà presque figure de classiques, le faussement décalé et finalement très moralisateur We’re the Millers avec Jennifer Aniston, le Focus indolent emmené par Will Smith et un Horrible Bosses sans rythme y sont de l’ordre de la quantité négligeable. Le burlesque Yes Man avec Jim Carrey, Crazy, Stupid, Love. et l’affolant topless de Ryan Gosling, ainsi qu’un The Intern finalement plus tendre que réellement guimauve complètent l’ensemble d’assez divertissante façon. N.C.
Distribué par Warner. Prix: environ 40 euros.
Le fantastique et la science-fiction (surtout) furent les terrains de jeu favori d’Irwin Allen (1916-1991). Deux films emblématiques du New-Yorkais font couple dans un bien plaisant coffret. Le Monde perdu (1960) imagine, quelque part entre Jules Vernes et Jurassic Park, une zone de l’Amazonie où ont survécu les dinosaures. Le Sous-marin de l’apocalypse (1961) anticipe pour sa part un réchauffement climatique fatal, et un sous-marin portant les espoirs de survie de l’humanité. Spectaculaire et un peu kitsch. L.D.
Distribué par Coming Soon. Prix: environ 15 euros.
Quatre fois Tom Cruise, pour un coffret au standard Blu-ray faisant la part belle à l’action et à la science-fiction. Action façon thriller captivant avec le Collateral de Michael Mann, où le beau Tom est tueur à gages, et dans le mouvementé Mission: Impossible-Rogue Nation, où il prolonge les aventures de l’agent secret trahi Ethan Hunt. Science-fiction organique et inspirée dans l’intense La Guerre des mondesréalisé par Spielberg, post-apocalyptique et inégalement prenante dans l’oubliable Oblivion. L.D.
Distribué par Universal. Prix: environ 18 euros.
Quoi de mieux qu’un coffret dédié à l’éternelle Audrey Hepburn pour illuminer les fêtes? Celui qu’édite Universal recèle, aux côtés de l’imposant Guerre et Paix de King Vidor, un carré de classiques d’une souveraine légèreté où l’actrice rayonne et enchante, imposant style et charme ravageurs de Sabrina en Vacances romaines,de Diamants sur canapé en Drôle de frimousse, pour ce qui ressemble furieusement à un concentré de bonheur. Pétillant et, cela va sans dire, incontournable… J.F.Pl.
Distribué par Universal. Prix: environ 20 euros.
Le rap game est un peu l’équivalent du rock’n’roll circus: un folklore avec ses règles, ses coups d’éclats, ses bagarres. C’est désormais aussi, littéralement, un jeu. Mieux: en pleine bourre depuis trois-quatre ans, la scène belge a droit à sa propre collection de cartes, façon Panini ou jeu de bagnoles Top Trumps. « Crowdfundé », le projet Magierap imaginé par Julien Pagani, membre du collectif Digital Bastard, annonce quelque 200 cartes à venir, de JeanJass à Veence Hanao. L.H.
Infos sur www.magierap.be
Sept ans après sa mort, Amy Winehouse continue de faire l’actualité -docu (le multiprimé Amy), expos (récemment au Musée juif de Bruxelles), et même une future tournée hologramme… Le livre de Blake Wood propose quant à lui une série de clichés inédits de la star. En 2008, le photographe rencontre la jeune chanteuse, alors en pleine hystérie médiatique. Il deviendra rapidement un proche, l’accompagnant notamment lors de ses vacances à Sainte-Lucie. D’où un recueil montrant une Amy Winehouse plus détendue, loin du récit de la diva fracassée, rongée par l’alcool et les drogues. L.H.
De Blake Wood, éditions Taschen, 176 pages. Prix: environ 30 euros.
Gynécologue de profession, Serge Elhaïk a mené pendant une trentaine d’années une recherche approfondie sur les arrangeurs de la chanson. Ceux qui portent un morceau à des hauteurs supérieures: Jean-Michel Defaye poussant Léo Ferré dans C’est extra, François Rauber supervisant le répertoire de Brel ou encore l’apport magistral de Jean-Claude Vannier aux chansons de Gainsbourg. Deux cents rencontres pour 2 160 pages, le travail d’une vie et le guide ultime de l’arrangement musical en francophonie. Étourdissant. Ph.C.
De Serge Elhaïk, Éditions Textuel, 2160 pages. Prix: 55 euros.
C’est en écoutant cet album, tout particulièrement Helter Skelter, que Charles Manson dit avoir entendu un appel à la guerre raciale. Commanditant par la suite des meurtres (qui mèneraient à l’assassinat de madame Polanski Sharon Tate) pour en faire accuser la population noire. Danger Mouse (plus réjouissant) l’a mélangé au Black Album de Jay-Z pour donner naissance à son album gris. Resté en tête des hit-parades pendant huit semaines au Royaume-Uni et neuf aux États-Unis, The Beatles, plus connu sous le nom de White Album (à cause de sa pochette toute blanche) est le disque le plus décousu des Fab Four. Mais malgré les mésententes au sein du groupe durant sa réalisation et la chanson de ducasse Ob-La-Di, Ob-La-Da, il tient encore formidablement la route un demi-siècle après sa création. A fortiori retravaillé par le fils de leur producteur historique, avec des démos enregistrées à Esher dans le manoir Kinfauns de George Harrison et une cinquantaine de versions primitives ou inachevées (dans sa version Super Deluxe à six CD). Have a white Christmas… J.B.
Distribué par Universal. Prix: environ 145 euros.
Kate Bush a 19 ans lorsque paraît en février 1978 The Kick Inside. Premier carton à l’international sous l’impulsion de Wuthering Heights, imparable titre inspiré de l’univers romantique exacerbé d’Emily Brontë. Ce blitzkrieg commercial pose d’emblée le talent de Bush: timbre alpiniste -les hauteurs raréfiées du chant- talent de drama-queen et sens cinématographique prononcé. Outre The Kick Inside, le Remastered Part I reprend les six albums studio de Bush sortis jusqu’à The Red Shoes en 1993, avec le sentiment d’écouter celle qui, avant Björk, incarne la quintessence d’une pop audacieuse trouvant aussi le chemin des charts. En dépit d’une curieuse différence de prix -35 euros- le Remastered Part II propose un plan d’écoute similaire au I. Soit trois albums studios – Aerial (2005), Director’s Cut(2011), 50 Words For Snow (2011)- et deux triples, le live Before the Dawn et The Other Side. Ce dernier constitue la rareté du lot en offrant cinq mixes auparavant parus en 12 » et 20 raretés et prises alternatives. Dont You Want Alchemy,palpitante soul music rare chez l’Anglaise au teint pâle et Passing Through Air plus Humming, chansons enregistrées en 1975 alors que Kate n’a que 17 ans et montre de toute évidence une prédisposition de chanteuse bientôt chargée de moduler l’Histoire de la pop et de la féminité. Un double cadeau qui rappelle que l’audace reste une valeur indémodable. Ph.C.
Distribué par Warner. Prix: 55 et 90 euros.
Jadis diffusée en direct par la station de radio de Detroit WDET, cette performance de Charles Mingus a été captée le 13 février 1973 à la Strata, lieu qui accueillait des concerts, des expos, abritait un café et une petite maison de disques. Le contrebassiste s’y produit en quintet avec Don Pullen au piano, John Stubblefield au saxophone, Joe Gardner à la trompette et le batteur Roy Brooks, pilier de la scène de Detroit. Un splendide coffret de cinq albums disponible en vinyles et en CD. J.B.
Distribué par BBE. Prix: environ 75 euros (vinyles).
Quatorzième volet des Bootleg Series consacrées à Bob Dylan, More Blood, More Tracks se concentre comme son nom le laisse deviner sur les enregistrements réalisés par Robert Zimmerman entre septembre et décembre 1974 pour son album Blood on the Tracks. À l’époque, le Zim vient de se séparer de sa femme après dix ans de vie commune et de perfectionner ses talents de peintre avec Norman Raeben. Six CD, 87 morceaux (souvent Dylan seul à la guitare ou avec son harmonica) pour redécouvrir un chef-d’oeuvre folk. J.B.
Distribué par Legacy/Sony. Prix: environ 150 euros.
Trois CD (ou six vinyles) et un Blu-ray. Réédition Deluxe pour le cinquantième anniversaire du troisième album de Jimi Hendrix… Electric Ladyland se décline ici dans sa version originale remasterisée à partir des bandes analogiques. Sous forme d’un live enregistré en 1968 à l’Hollywood Bowl quelques semaines avant sa sortie et d’une compilation Early Takes rassemblant des démos inédites et des versions alternatives. Le tout agrémenté d’un livret de 48 pages et d’un docu sur son enregistement. Sexy Lady… J.B.
Distribué par Legacy/Sony. Prix: environ 75 euros.
1968 a été une année particulièrement chahutée pour le label Stax. Elle fut à la fois celle de son plus gros tube – (Sittin’ On) The Dock of the Bay– et celle de tous les bouleversements. Quelques mois plus tard, l’assassinat du Dr King marqua un autre tournant pour une écurie qui avait fait du mix racial un atout unique. Tout cela est raconté dans un passionnant coffret, regroupant tous les singles sortis cette année-là -134 titres en tout, des Staples Singers au tout premier 45 tours d’Isaac Hayes. L.H.
Distribué par Craft Recordings. Prix: environ 76 euros.
C’est un classique de saison. La bande-son aussi dégoulinante qu’incontournable pour accompagner la dinde et la bûche, au coin du sapin. Dans les pays anglo-saxons en particulier, les chansons de Noël sont un véritable exercice imposé pour les musiciens, tous genres confondus, de Mariah Carey à Sufjan Stevens. Autant dire que Steven Jezo-Vannier, l’auteur de cette improbable Histoire des chansons de Noël, avait de la matière, qu’il distille sur une centaine d’entrées, des Sex Pistols à Snoop Dogg. L.H.
De Steven Jezo-Vannier, éditions Le Mot et le reste, 256 pages. Prix: environ 20 euros.
Rares sont les auteurs de littérature contemporaine qui s’attaquent encore bille en tête à des fresques de très longue haleine. En donnant tout l’espace-temps nécessaire à son Vernon Subutex, Virginie Despentes renoue avec le geste feuilletoniste en le mâtinant d’affres et d’audace toutes contemporaines, en flirtant avec la marge. Subutex, vendeur de disques fauché, forcé de fermer boutique, dégringole jusqu’à la rue et se rattrape tant bien que mal aux branches, aux corps, et aux amis d’avant. L’anti-héros collisionnera urgemment ces enfants du rock qui ne croient plus aux lendemains qui éructent et se fera courser en possession de la dernière mystérieuse interview d’un des leurs qui a tutoyé la gloire et fini par faire une overdose… Avant de découvrir ce personnage fascinant et corrosif sous les traits de Romain Duris (une série est en cours de développement chez Canal +), laissez-vous happer par Subutex et ses acolytes pendant trois tomes, désormais coffrés en poche! A.R.
De Virginie Despentes, Éditions Livre de Poche, 1248 pages. Prix: environ 27 euros.
En l’espace d’un livre, Emil Ferris est devenue « l’une des plus grandes artistes de bande dessinée de notre temps« , dixit Art Spiegelman. Mais de fait, quel livre! Soit le récit entièrement dessiné (ou hachuré) au stylo-bille d’une petite fille adepte des freaks dans le Chicago des sixties, hymne sophistiqué à la liberté et à la différence en écho à la propre histoire de l’auteure, quasiment condamnée à l’âge de 40 ans par une méningo-encéphalite fulgurante. Impressionnant et effectivement jamais lu. O.V.V.
D’Emil Ferris, Éditions Toussaint Louverture, 416 pages. Prix: environ 35 euros.
L’injonction peut heurter -« Les 99 BD qu’il faut avoir lues au XXIe siècle »-, mais le principe des listes est un classique, cette fois rehaussé par une iconographie originale et un article très fouillé qui accompagnent les 99 BD choisies. On y trouve des évidences (Corto Maltese, Tintin, Lucky Luke, Blueberry, Akira), des incontournables (Breccia, Moebius, Mattotti) et quelques perles moins connues (Binky Brown, Les 110 pilules). O.V.V.
Sous la direction de Vincent Bernière, Éditions Revival, 224 pages. Prix: environ 29 euros.
Si James Baldwin fut le sujet central du très remarqué I’m Not Your Negro, on sait moins que l’auteur afro-américain engagé fut lui-même un critique de cinéma à l’oeil vif, passant au crible la vision ultra-blanche de l’Amérique véhiculée par Hollywood. On trouvera dans Le Diable trouve à faire, inédit en français, quantité d’échos avec le documentaire au montage impeccable de Raoul Peck. Impossible de revoir Naissance d’une nation ou Lawrence d’Arabie de la même façon après une telle lecture. A.R.
De James Baldwin, Éditions capricci, 136 pages. Prix: environ 17 euros.
Au départ, il y a un étudiant japonais à Leipzig. Et un protocole: depuis la fenêtre de sa chambre, photographier la table de ping-pong du parc en contrebas dès que quelque chose s’y passe. Durant cinq ans, Hayahisa Tomiyasu documentera les nuits et jours d’une table verte qui servira à tout (sauf peut-être à son usage premier): piste d’atterrissage de cerfs-volants, sèche-linge, terrain de jeux pour enfants, ou de toilettage pour chien… Soit autant d’instants décisifs, et d’occasions de documenter le curieux bizarre des comportements humains. First Book Award 2018. Y.P.
De Hayahisa Tomiyasu, éditions Mack. Prix: environ 30 euros.
Le surdoué Hugues Micol est fasciné par l’Ouest américain, qu’il a déjà graphiquement visité dans Providence ou le récent Scalp. Il en remet une superbe couche cette fois purement picturale avec Whisky, une sélection de dessins à la gouache ou l’aquarelle dans lesquels il réinvente littéralement le « western art » et la représentation des paysages du Far West, juste foulés par un cowboy et son cheval. Beau et brillant. O.V.V.
De Hugues Micol, Éditions Cornélius, 112 pages. Prix: environ 38 euros.
Avant de marquer l’Histoire du cinéma, Kubrick fut d’abord Stanley, jeune photojournaliste new-yorkais écumant dans la seconde moitié des années 40 toutes les couches sociales de sa ville natale pour le compte de Look, magazine d’actualité à gros tirage. C’est son père, cardiologue et photographe amateur, qui lui transmet la passion de l’image fixe, scellée le jour de ses treize ans quand il reçoit un Graflex professionnel. Ambitieux et doué, le futur réalisateur d’Orange mécanique et de 2001 réussit à vendre sa première photo en 1945 -un vendeur de journaux l’air défait, entouré de titres annonçant le décès du président Franklin D. Roosevelt. Il n’a alors que 17 ans et il est encore au lycée. Un an plus tard, il est engagé. En alignant chronologiquement ses reportages, publiés ou non, le livre offre une vue imprenable sur la matrice d’un futur génie du 7e art, pour l’heure clairement influencé par Weegee, LE photographe de rue de l’époque. S’il y a à boire et à manger dans ce défilé de trognes, d’anonymes, de scientifiques, de wannabes, de femmes fatales, de boxeurs, on devine très vite les lignes de force esthétiques qui hanteront ses futurs longs métrages, comme si le photographe était déjà moins au service d’une représentation fidèle du monde que le monde n’était au service de ses propres obsessions visuelles. Stanley s’en donne à coeur joie dans l’effervescence d’après-guerre. Et prépare le terrain de sa seconde vie. Passionnant. L.R.
De Luc Sante, Sean Corcoran et Donald Albrecht, Éditions Taschen (multilingue), 328 pages. Prix: environ 50 euros.
À côté de Souris Calle, un parcours en forme d’hommage à son chat disparu (le projet mégalomane donnant par exemple lieu à un vinyle avec des contributeurs comme The National, Benjamin Biolay ou Pharrell Williams), la sidérante artiste Sophie Calle présente en ce moment à la Galerie Perrotin de Paris Parce que…, une exposition photo idéalement relayée par un catalogue mordoré. Le principe? Chaque cliché de Calle y est caché dans l’interstice d’une reliure japonaise, que le lecteur doit ouvrir s’il veut le découvrir. En regard, un texte (suite de phrases débutant systématiquement par « Parce que« ) indique la raison d’être de l’image masquée: « Parce que je me demande combien ça coûte« , « Parce que c’est celui qui reste qui a le dernier mot« , « Parce que l’idée fulgurante d’y convier Bill Gates« , « Parce qu’on m’apprend qu’elle est morte le jour de ses noces… » Légende? Mini-nouvelle? Consigne? Le lecteur découvre la justification de la photo avant la photo elle-même. Un amusant pervertissement des habitudes du regardeur. Y.P.
De Sophie Calle, éditions Xavier Barral. Prix: environ 36 euros.
Si votre entreprise organise un Secret Santa, il se pourrait que ce petit livre futé occasionne beaucoup de fous rires dans l’open space. Pour la troisième année, la joyeuse équipe du Tripode, épaulée par Adrien Gigold, a collecté les titres de presse les plus drolatiques, absurdes et décalés. Saviez-vous par exemple que « La bombe de la Seconde Guerre mondiale était en fait une courgette »? Adieu donc, 25 décembre morose et lendemains de veille avec le moral en berne! A.R.
Préparé par Adrien Gigold et Frédéric Martin, Éditions Le Tripode, 136 pages. Prix: environ 9 euros.
L’Adversaire, Un roman russe, D’autres vies que la mienne, Le Royaume, Limonov…: depuis 35 ans, le romancier Emmanuel Carrère construit des livres « à sujets », où l’intime se mêle du monde. Une forme d’autofiction tout à fait singulière dans le paysage français, observée ici depuis un ouvrage somme sur l’oeuvre. Des contributions de Michel Houellebecq ou John Updike, des extraits de correspondances avec Pierre Michon et Michel Déon, sans oublier des inédits de Carrère lui-même, comme des synopsis de scénario. Passionnant. Y.P.
Sous la direction de Laurent Demanze et Dominique Rabaté, éditions P.O.L., 555 pages. Prix: environ 37 euros.
Née à Paris en 1908, Simone de Beauvoir n’a jamais pu réellement choisir entre appartenance (sensorielle, intense, totale) à la vie et nécessité de l’écriture. Comme le rappelle l’avant-propos à l’édition complète de ses Mémoires: « Faire de sa propre existence l’objet de son écriture, c’était en partie sortir de ce dilemme. » Des Mémoires d’une jeune fille rangée en 1956 jusqu’à La Cérémonie des adieux, publié en 1981 après la mort de Sartre, son histoire édifiante sert autant l’être femme que la littérature. « On ne peut jamais se connaître mais seulement se raconter. » Incontournable. Y.P.
Éditions de la Pléiade, 1.470 et 1.547 pages. Prix: environ 63 euros le volume, 125 euros pour les deux.
L’éditeur de beaux livres Taschen fait toujours les choses en grand, et jamais à moitié. Il se devait donc, pour fêter dignement les 90 ans de Mickey, dont la première apparition publique date du 18 novembre 1928, d’éditer « une des publications illustrées les plus exhaustives consacrées à l’univers Disney« . Les auteurs ont ainsi obtenu un accès illimité aux archives de la multinationale du divertissement pour y puiser esquisses, story-boards, arrières-plans, dessins d’animation, photos d’époque et même projets inaboutis qui permettent de retracer dans le détail et avec plein de miel pour les yeux la success story de la souris la plus célèbre de l’univers. Si ce beau gros livre vaut évidemment pour ses illustrations souvent superbes et souvent placées en pleine page ou double page, il permet également aux néophytes de redécouvrir autant le génie graphique de Walt Disney que sa capacité quasi diabolique à s’entourer des plus grands talents, de Ub Iwerks à Floyd Gottfredson en passant par Carl Banks, Freddy Horvath ou Romano Scarpa, tous d’énormes artistes au service plein et entier d’une petite souris devenue icône de la culture populaire, et eux aussi reconnus sur le tard. Cet imposant Walt Disney’s Mickey Mouse trace ainsi une trajectoire passionnante menant de Steamboat Willie à Warhol, Lichtenstein ou Keith Haring qui, les premiers, ont intégré Mickey comme figure de l’art contemporain et pop. Mention spéciale aux images renversantes issues de Fantasia, la plus arty des productions Disney. Si vous en avez les moyens, elles feront de votre table basse une pure splendeur. Mais on attendra tout de même les 100 ans de l’animal avant de cataloguer l’ouvrage comme « définitif » -il ne le restera sans doute pas très longtemps. O.V.V.
Ouvrage collectif. Éditions Taschen, 496 pages. Prix: environ 150 euros.
Le New York de Will Eisner n’existe plus. Et pour cause: les histoires rassemblées dans cette intégrale ont été dessinées entre 1981 et 1992. C’est peu dire que le visage d’une des plus bouillonnantes villes d’Amérique a bien changé. Par contre, on y plonge comme on regarde Manhattan de Woody Allen: c’est drôle et tragique à la fois. L’auteur y est né. Il a vu sa ville changer au fil des arrivées massives de migrants. Il a vu des quartiers tomber dans la décrépitude ou d’autres renaître de leurs cendres. Parfois muets, au format court, ces instantanés balaient un éventail quasi exhaustif d’événements rencontrés: des gamins de rue, des flics en embuscade, des ménagères, des clodos, des bourgeois et même des insectes, des bouches d’incendie, d’égout ou des perrons d’immeubles. Tout y passe sous la plume affûtée d’un des plus grands auteurs de bande dessinée américaine. Maintes fois épuisé, ce chef-d’oeuvre est enfin réédité par les éditions Delcourt. À (re)découvrir! C.B.
De Will Eisner, éditions Delcourt, 432 pages. Prix: environ 35 euros.
Voici une impressionnante monographie de l’iconoclaste photographe japonais Masahisa Fukase (1934-2012) à l’occasion de l’exposition Private Scenes qui lui a été consacrée au FOAM (Amsterdam). Deux spécialistes décryptent avec soin les facettes (drôlerie, désespoir, humour décalé, autoportraits, chats et autres animaux) de cet homme énigmatique qui nous laissa Ravens, oeuvre crépusculaire et majeure dans l’Histoire de la photographie, symbolique de la dépression dont souffrait Fukase au moment de la rupture avec son épouse. A.R.
De Masahisa Fukase, Éditions Xavier Barral, version anglaise et française, 416 pages. Prix: environ 65 euros.
Depuis 2009, Géraldine Lay, photographe française, écume le Royaume-Uni, de Glasgow à Cardiff en passant par Manchester ou Londres. Son oeil capte à son rythme le pouls de villes qui ont vécu la fin de l’ère industrielle, et une certaine jeunesse errante, sans chercher à les inscrire dans un geste purement documentaire. Le romancier nord-irlandais Robert McLiam Wilson, à défaut de nous proposer un nouveau roman, se retrouve spectateur conquis de ces territoires connus, car « [les bonnes photographies] cartographient l’humanité ». A.R.
De Géraldine Lay, texte de Robert McLiam Wilson, Éditions Actes Sud, 96 pages. Prix: environ 32 euros.
David Samuels est l’un des derniers représentants de ce « nouveau journalisme » nourri au bon grain littéraire. Pressentant la fin d’un genre sublimé par Tom Wolfe ou Joan Didion mais qui n’a plus sa place dans un monde pressé et algorithmique, il rassemble ici ses meilleurs reportages des 30 dernières années aux quatre (re)coins de l’Amérique: chez les Black Blocs, dans une famille de démolisseurs à Las Vegas, auprès de fondus de courses de lévriers… Un chant du cygne grandiose qui en dit bien plus long sur la désillusion collective que 1.000 tweets survoltés. L.R.
De David Samuels, éditions du Sous-Sol, 560 pages. Prix: environ 25 euros.
Jusqu’ici, en matière de graffiti, notre bible c’était Dehors! Le graffiti à Bruxelles, excellent opus signé par Adrien Grimmeau, actuel directeur de l’Iselp. Désormais, un second ouvrage a rejoint cet opus incontournable sur les rayons de notre bibliothèque. Il s’agit de Graffiti, 50 ans d’interactions urbaines, un impressionnant volume collectif placé sous la direction de l’artiste urbain Lokiss, qui fait figure de pionnier de la culture graffiti européenne. Ici, le propos n’est plus restreint à la capitale de l’Europe mais au mouvement tout entier tel qu’il s’est développé à travers le monde. De sa mythique flambée dans les métros new-yorkais des années 70 à sa consécration sur les murs et dans les institutions de la planète, les auteurs ne ratent pas une seule des facettes de ce phénomène: étude des signes et du langage, aspect artistique, prolongements contextuels et surtout problématique sociopolitique. Graffiti convoque tant des analyses que des témoignages, des photographies que des esquisses issues de blackbooks. Le petit plus qui séduit? Quarante-huit pages de dessins, signés par Lokiss lui-même, à travers lesquelles il présente une étude stylistique de la mouvance. Softies, marshmallow, mechanical style, effets 3D… Tout y passe pour le plus grand plaisir du lecteur. M.V.
Sous la direction de Lokiss, éditions Hazan, 336 pages. Prix: environ 50 euros.
Les voies de l’édition sont parfois impénétrables… Il a fallu ainsi plus de 30 ans avant que ce Papier tue-mouches de l’Allemand Hans Hillmann puisse être lu et regardé en français -il fut édité, en allemand, en 1982. L’avènement du format « roman graphique » l’a heureusement fait redécouvrir et sortir des limbes puisque ce célèbre affichiste a été sans le savoir un précurseur du genre, lui qui est décédé en 2014 et n’avait jamais fait de bande dessinée. Mais son Papier, construit via des illustrations pleine pages juste soulignées d’un texte succinct placé en légende, en fait un objet narratif qui n’est ni du roman (même s’il est directement adapté d’une nouvelle noire de Dashiel Hammett, maître du « hard boiled »), ni de la bande dessinée, mais un objet à la frontière du tout, ouvrant la porte à de nouvelles narrations. À découvrir. O.V.V.
De Hans Hillmann d’après Hammett, Éditions La Table Ronde, 288 pages. Prix: environ 30 euros.
Ça commence comme un aveu: alors qu’il met la dernière main à Une forêt cachée, un livre consacré à des écrivains « méconnus, oubliés, ou éclipsés« , Éric Dussert réalise que sur 156 portraits, seuls 17 sont consacrés à des femmes… Le critique littéraire s’interroge: « Aurais-je été misogyne sans le savoir? » Justicier, il se lance alors dans un tome 2, consacré cette fois aux plus oubliées des écrivains oubliés: les femmes de lettres. Dussert en est convaincu: « La mise au ban a été telle que que l’on doit désormais réinvestir un champ complet. » Si quelques noms ne nous sont pas inconnus (Nellie Bly ou Jeanette Winterson), on se perd avec bonheur et une reconnaissance grandissante dans le dédale des notices consacrées à Myriam Harry, Fanny Clar, Margaret Cavendish, Johanna Spyri, Grazia Deledda, Freya Stark ou encore Lydia Tchoukovskaïa: autant de grandes romancières étouffées, invisibilisées et brimées en raison notamment de la difficile progression du droit des femmes et du mépris insupportable de leur talent. On ignorait à quel point leur voix nous manquait. Y.P.
D’Éric Dussert, éditions La Table Ronde, 574 pages. Prix: environ 22 euros.
Et si pour changer, vous offriez non pas un roman mais une histoire qu’on chuchoterait? Pour le cousin sauvageon qui aime se faire peur, on préconisera La Vraie Vie d’Adeline Dieudonné (Lizzie) ou My Absolute Darling (Audiolib). À la tante passionnée par l’Histoire du monde arabe, L’Art de perdre d’Alice Zeniter (Gallimard) ou Marx et la poupée de Maryam Madjidi (Audiolib). Appelle-moi par ton nom d’André Aciman (Audiolib) conviendra sans doute au cinéphile. Quant aux passionnés de running, ils trouveront leur compte dans bien des titres qui moduleront leur rythme à l’envi. A.R.
Divers. Prix: environ 25 euros.
C’est en examinant la correspondance de Dumas fils que le biographe Claude Schopp levait le mystère entourant l’identité du modèle ayant posé pour L’Origine du monde de Courbet: Constance Quéniaux était danseuse, et la maîtresse du marchand d’art Khalil-Bey. Enquête romanesque sur la trajectoire chahutée d’une huile sur toile, objet de fantasmes, de scandales et de censure, ce petit livre passionnant lui redonne vie et réhabilite sa muse en sujet. Y.P.
De Claude Schopp, éditions Phébus, 160 pages. Prix: environ 15 euros.
La biographie en BD du bluesman Robert Johnson, mort à 27 ans, peut toujours être considérée comme le chef-d’oeuvre absolu de Mezzo, grand orfèvre du trait noir et réaliste. Un chef-d’oeuvre qui devient aujourd’hui un superbe objet de collection: dans ce coffret dont il n’existera que 1.230 exemplaires, on trouve, outre le livre, des reproductions HD, deux carnets de croquis, un DVD et surtout un vinyle 33 Tours inédit. Le top du top, qui marque aussi les 80 ans de la mort du musicien. O.V.V.
De Jean-Michel Dupont et Mezzo, Éditions Glénat, 72 pages + vinyl, Prix: 89 euros.
Les rééditions de consoles rétro foisonnent. Mais à l’image de la décevante Sega Genesis Flashback HD d’AtGames, peu d’entre elles lisent les cartouches originales dans de bonnes conditions. Roi de la haute fidélité gaming, Analogue vole au secours des fans du hérisson bleu avec sa Mega Sg. Le consolier US connu pour ses rééditions haut de gamme de Nintendo (ses NT et Super Nt) avance une image upscalée en 1080 p et un son haute fidélité. Lisant plus de 2 180 cartouches entre Genesis, Mega Drive et Master System (via un adaptateur inclus pour cette dernière), sa bécane tourne autour d’un circuit logique programmable (FPGA). En clair, ce dernier simule le volet matériel des consoles de Sega loin des ralentissements de l’émulation. Refusant malheureusement la 32X (l’extension de la Mega Drive), la Mega Sg s’entourera, après sa sortie, d’adaptateurs additionnels lisant notamment des cartouches de Mark III et de Game Gear. La bête en précommande, à 165 euros, débarquera en avril prochain sous nos écrans plats. M.-H.T.
Prix: environ 165 euros (sortie en avril).
Conte fantastique baignant dans l’aura du studio Ghibli, Ni no Kuni II gomme les frontières entre cinéma d’animation et jeu vidéo. Cette superproduction peuplée d’humains et d’animaux anthropomorphiques multiplie en outre les gameplay pour jongler entre jeu de rôle, jeu de gestion, stratégie en temps réel et puzzle-game. Un diorama rotatif et musical, un somptueux art book de 148 pages et une bande originale sur vinyle 33 tours trônent notamment dans son édition Collector. Une série limitée parmi les plus belles du moment. M.-H.T.
Prix: environ 149 euros.
De Blade Runner à Running Man, Flashback plongeait dans des classiques SF avec un talent rare en 1992. Amnésique, Conrad B. Hart, son héros, y découvrait une terre peuplée de replicants pour terminer son aventure dans une téléréalité sanglante. Figure emblématique de la french touch dans les jeux vidéo, la version originale du jeu fait l’objet d’une édition collector sur PS4, Xbox One et Switch, offrant un livret de 24 pages, un boîtier en forme de cartouche Super NES et une carte en métal numérotée.M.-H.T.
Prix: environ 40 euros.
Red Dead Redemption 2 s’impose comme le meilleur simulacre de vie jamais vu sur consoles. Le sens de l’observation ou au contraire l’inattention du gamer y déclenche des événements écrivant des histoires à la carte, dans un monde ouvert ressemblant au remake de Westworld sur HBO. Ce western crépusculaire suivant la fuite en avant du gang Van der Linde se pare d’une version bundle avec la PlayStation 4 Pro. La console n’y est pas en mode collector mais son tarif de 419 euros réduit d’un tiers le prix du jeu. M.-H.T.
Prix: environ 419 euros.
Super Smash Bros. Ultimate se hisse aux côtés de Red Dead Redemption 2 parmi les poids lourds des fêtes de fin d’année. Entre bastons et plates-formes, le jeu salue en effet l’univers de Nintendo et la culture gaming en général. Compilant tous les combattants de la saga âgée de 20 ans, le jeu caste ainsi 74 personnages jouables et personnalisables parmi lesquels le héros générique des Game & Watchde Big N et trois versions de Link (Zelda). Cloud (Final Fantasy), Snake (Metal Gear), Sonic, Pac Man et autres Mega Man rejoignent également ces festivités bon enfant où plates-formes et autres tours s’écroulent en temps réel. Traversé de 103 niveaux et d’un mode solo prometteur, Super Smash Bros. Ultimate se décline dans une version Switch collector dont les manettes et la station d’accueil se drapent des couleurs du hit. Cette édition livrée avec un code de téléchargement du jeu risque de ne pas faire long feu en magasins puisque l’épisode Ultimate est le plus précommandé de l’Histoire de la série. M.-H.T.
Prix: environ 379.
Les Danois de Playdead ont écrit une page de l’Histoire du jeu vidéo indépendant avec Limbo et Inside. Respectivement sortis en 2010 et 2016, ces platformersmuets renvoient directement à l’expressionnisme du Cabinet du docteur Caligari à force de décors et de mises en scène lourds de sens. Leur esthétique vénéneuse et monochrome réveille dans les deux cas des terreurs infantiles au sein de paysages industriels et sauvages inquiétants. Hormis une carte collector et un petit poster, peu de bonus ici. Mais à une vingtaine d’euros, difficile de faire la fine bouche. M.-H.T.
Prix: environ 20 euros.
Charmant, malin et généreux, Owlboy plane comme un jeu d’exploration vertical entre puzzle game et shoot them up. Ce titre proche de Secret of Mana et Zelda suit un garçon muet, mi-homme mi-chouette. Emmenant ses amis dans les airs pour acquérir différents pouvoirs, le jeu s’offre une édition collector PS4 dont le tarif vient de tomber de 70 à 35 euros sur Justforgames.com Une bande originale sur CD, un carnet de notes et une poignée de badges s’offrent sur cette édition limitée à 6.000 exemplaires. M.-H.T.
Prix: environ 35 euros.
Le rétro gaming ne se cantonne plus à la 2D et entre officiellement dans la 3D avec la PlayStation Classic. Tarifée à 85 euros, la célèbre 32 bits de Sony embarque 20 jeux dont Gran Turismo, Wipeout, Jumping Flash!, Wild Arms et Tekken 3. La machine coiffée d’un port HDMI s’accompagne de deux manettes malheureusement sans stick analogique. Du reste, son bouton open fonctionne pour simuler le changement de disque sur certains titres comme Final Fantasy VII. Une leçon d’Histoire illustrant comment Sony a aidé le gaming à devenir plus adulte. M.-H.T.
Prix: environ 85 euros.
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