10 idées sorties pour un week-end bien chargé

La Chambre d'Isabella © Eveline Vanassche
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

La Chambre d’Isabella au National, la Bozar Night, le Pink Screens, le Next Festival, le Schiev Festival, les Nuits Plasma, Fianso au VK, la finale du Rap Contest, Raïna Raï ou encore le Sonic City: pas question de rester au chaud chez soi ce week-end!

LA CHAMBRE D’ISABELLA

Du 09 au 11/11 au Théâtre National à Bruxelles. www.theatrenational.be

La Chambre d’Isabella, spectacle-tube créé en 2004 par Jan Lauwers et sa Needcompany, remonte sur les planches, uniquement à Bruxelles, pour trois représentions. « La dernière fois qu’on a joué ce spectacle, c’était en septembre 2015 à Buenos Aires. Nous jouerons ce spectacle encore, mais ça sera plutôt en 2019« , nous dit-on. Rien qu’à prononcer « La chambre d’Isabella« , les souvenirs déboulent. Un drame, une traversée, une réconciliation, l’Histoire et la famille, une atmosphère douce-amère et joyeuse, un lumineux décor « bric-à-brac » ethno-africain, des amours manquées… Et l’immense comédienne Viviane De Muynck -personnage impertinent, clope au bec et fureur de vivre- entourée de superbes comédiens-danseurs. C’était une fresque comme un kaddish vivifiant, tendre et canaille, comme une plongée passionnante dans le XXe siècle « âge des extrêmes ».

La Chambre d’Isabella laisse des empreintes. Ceux qui l’ont vu, en 2004, 2005, ou 2011, s’en souviennent toujours. « C’était beau. Je vois encore cet acteur-danseur fou-allumé avec ses cris « jungle » dans ce décor colonial. » On replonge dans les archives et le pitch revient: »Isabella est la fille d’un prince du désert qui a disparu lors d’une expédition. C’est ce que lui ont raconté ses parents adoptifs. » Les secrets de famille créent des drames et parfois des quêtes. On assistera au « retour vers le futur » d’Isabella, aujourd’hui, vieille et aveugle, recluse dans une chambre, remplie d’objets anthropologiques et ethnologiques. Dans cette chambre vont défiler les vivants, les morts, les amours, l’Histoire.

À l’annonce du retour d’Isabella, les réseaux sociaux s’emballent: « What I remember most is the fire…«  « Mon meilleur souvenir. Chanter, danser, jouer… Mettre le feu autour d’une mort. » « Un spectacle fondateur pour moi. Que faire de son passé colonial… Un choc énorme. Je ne peux écouter la bande-son sans pleurer, moi qui ne pleure jamais… » Le souvenir peut, certes, sublimer les choses, mais il sera quand même difficile d’échapper au charme de La Chambre d’Isabella.

Nurten Aka

BOZAR NIGHT À L’INDONÉSIENNE

Le 10/11, au Bozar, Bruxelles. www.bozar.be

C’est devenu une tradition indéboulonnable: à la veille du jour férié du 11 novembre, Bozar passe en mode électronique. Le principe de la Bozar Night n’a pas changé: à la possibilité de visiter les expos du moment (pour l’instant, Europalia, The Archaeology of the Screen et Jean Glibert) ouvertes jusqu’à 1 heure du matin vient se greffer une affiche musicale qui cherche le bon équilibre entre beats qui tabassent et productions léchées, dancefloor festif et exigence artistique.

Après la tête d’affiche Helena Hauff l’an dernier, c’est une autre héroïne de la techno allemande qui sera de passage à Bozar: ni plus ni moins qu’Ellen Allien. Au printemps dernier, la patronne du label berlinois BPitch sortait encore l’album Nost, qui retrouvait les plaisirs simples, mais toujours dark dans son cas, de la piste de danse. À ses côtés, on pourra compter sur l’incontournable DC Salas, décidément partout, ainsi que sur l’Anglaise Paula Temple, qui devrait mettre tout le monde à genoux avec sa techno impitoyable. Et puis, Europalia oblige, la Bozar Night se mettra également cette année à l’heure indonésienne. Avec Otto Sidharta, pionnier de la musique contemporaine indonésienne; DJ Dea dont les sets de disco tropicale ont trouvé écho jusque chez Gilles Peterson, ainsi que Wölf Muller, qui mélangera « funk allemand et traditions tribales indonésiennes« !

L.H.

PINK SCREENS

Du 09 au 18/11, à Bruxelles. www.pinkscreens.org

Seizième édition pour Pink Screens, le festival du film queer de Bruxelles, qui célèbre les genres et les sexualités différentes. Pendant dix jours, ce sont quelque 70 films -longs et courts métrages, fictions, documentaires et expérimentaux- qui seront projetés dans trois salles bruxelloises (le Nova, l’Aventure et les Galeries). Parmi ceux-là, on pointera l’excellent God’s Own Country de Francis Lee, présenté en ouverture après avoir enthousiasmé la Berlinale; Grandma de Paul Weitz, qui embarque Lily Tomlin et Julia Garner dans un roadtrip insolite; Professor Marston and the Wonder Women d’Angela Robinson, autour de la relation polyamoureuse du créateur de Wonder Woman avec sa femme et sa maîtresse; Les Garçons sauvages, adapté par Bertrand Mandico de William S. Burroughs, ou The Girl King, portrait par Mika Kaurismäki de la reine Christine de Suède, icône lesbienne majeure. À noter aussi un focus sur le queercore, avec la présentation du documentaire Queercore: How to Punk a Revolution de Yony Leyser, regard sur la scène queer radicale ayant émergé au milieu des années 80, avec des interventions de John Waters, Kim Gordon et Peaches, mais aussi de deux films de l’artiste canadienne G.B. Jones, l’une des initiatrices du mouvement, The Lollipop Generation et The Troublemakers. Enfin, si la manifestation proposera exposition et débats sans oublier la Pink Night, elle connaîtra aussi une prolongation à la Cinematek en décembre, avec une sélection d’une quinzaine de films autour de la thématique « 120 battements et plus: le sida à l’écran« .

J.F. PL.

NEXT FESTIVAL

du 09 au 25/11 à Lille, Courtrai, Tournai, Valenciennes, Villeneuve d’Ascq…, www.nextfestival.eu

Dixième édition, déjà, pour le festival international et transfrontalier Next, distillant la crème belge et internationale en matière de danse (surtout), de théâtre et de performance dans la région de Lille, Courtrai, Tournai et Valenciennes.

Du côté des artistes du Plat Pays, l’affiche montre à quel point une nouvelle génération de chorégraphes féminines mène aujourd’hui la danse. Notamment à travers les trois spectacles de l’artiste argentine basée à Bruxelles Ayelen Parolin: son solo autobiographique fondateur 25.06.76 (sa date de naissance), La Esclava, conçu avec et pour sa compatriote elle aussi installée en Belgique Lisi Estaràs, et la toute nouvelle version II de Autóctonos, autourde l’endurance, de la productivité et de la rentabilité.Mais aussi à traversles deux derniers volets du cycle The Red Pieces de la Bruxello-Danoise Mette Ingvartsen s’interrogeant sur l’omniprésence de la pornographie dans notre société, Zaoum de Cindy Van Ackers sur une oeuvre phonique de Luigi Nono, Being, création entre Europe et Moyen-Orient de l’Islandaise passée par PARTS Bára Sigfúsdóttir, ou encore à travers la reprise du solo de Lisbeth Gruwez sur la musique de Bob Dylan.

Côté international, on relève une série de spectacles inédits chez nous, comme 7: Triple Moon de l’Autrichienne Nicole Beutler, où trois danseuses de trois générations évoluent entre mythologie et écrans vidéo. Comme également la performance d’autofiction sur le sexe tarifé du Suisse Daniel Hellmann, le mini-festival autour des liens entre art et religion orchestré par l’Iceland Dance Company, Je n’ai pas encore commencé à vivre, où la Russe Tatiana Frolova éclaire la génération née juste avant l’effondrement de l’URSS, Blab, performance de la Finlandaise Sonja Jokiniemi sur l'(im)puissance du langage, ou encore le solo où le chorégraphe tunisien Radhouane El Meddeb fait ses adieux à son père. On mentionnera encore la présence de Gisèle Vienne, avec Crowd, rave party où sourd la violence, du collectif gantois Ontroerend Goed, avec son interactive, cruelle et jouissive Fight Night, de l’incontournable trublion italien Romeo Castellucci proposant sa relecture d’Alexis de Tocqueville et de Jérôme Bel, avec son fameux Gala où se mélangent danseurs pros et amateurs. Du beau monde, vraiment.

Estelle Spoto

SCHIEV FESTIVAL

Du 10 au 12/11, au Beursschouwburg, Bruxelles. www.schiev.comwww.beursschouwburg.be

Si Bruxelles voit (plus ou moins) régulièrement naître de nouveaux lieux consacrés aux cultures alternatives, le Beursschouwburg reste encore et toujours l’un de leurs principaux ports d’attache. C’est dans son ADN: à l’ombre de la Bourse, la salle flamande a toujours creusé dans les marges. Normal donc que revienne s’y planter une nouvelle fois le festival Schiev. Pour rappel, en bruxellois dans le texte, le mot « schiev » veut dire de travers, tordu, mal fagoté. Soit le genre de choses auxquelles carbure cet événement dédié à des propositions musicales originales, décalées, voire expérimentales. Comment offrir « une vision large de l’avant-garde de la pop music« , tout en restant « accessible au public le plus large« ? C’est évidemment la quadrature du cercle.

Pour sa troisième édition, le Schiev festival rassemblera ainsi pendant trois jours, du 10 au 12 novembre, une vingtaine d’artistes, essentiellement européens, pour la plupart électroniques: du Belge Aymeric de Tapol (Vlek) au Hongrois Új Bála, en passant par l’Anglais Mr. Mitch (Planet Mu), le Suédois Varg (Northern Electronics), etc. Sous-titré « a simple festival », le Schiev a également de nouveau prévu un « label market » -plus d’une trentaine viendront présenter leur boulot, de Meakusma à Lexi Disques-, ainsi que des conférences et autres débats. Schiev? Non, peut-être!

L.H.

LES NUITS PLASMA

Du 09 au 25/11. www.clubplasma.be

Il y a 25 ans, en juin 1992 précisément, naissait Court-Circuit. Le but de l’ASBL est alors très clair et, depuis, il n’a pas changé: soutenir, promouvoir et informer le secteur rock en Communauté française. Un sacré boulot. Cela passera notamment par la création du fameux concours Circuit, du programme Loud, mais aussi par la constitution, dès 2006, d’un réseau de salles professionnelles au sud du pays. Baptisé Plasma, il rassemble aujourd’hui, notamment, le Recyclart (Bruxelles), le Magasin 4 (Bruxelles), la Ferme du Biéreau (Louvain-la-Neuve), l’Atelier Rock (Huy), le Rockerill (Charleroi), le Reflektor (Liège), etc. Ces salles serviront naturellement de point d’ancrage aux prochaines Nuits Plasma.

Du 9 au 25 novembre, elles proposeront plus d’une soixantaine de concerts. Il y en aura forcément à peu près pour tous les goûts. Hip-hop qui tache, en français et néerlandais dans le texte (Zwangere Guy, L’Or du Commun, Lefto), pop tropicale (FùGù Mango, Témé Tan), électro classieuse (DC Salas), rock psyché (Phoenician Drive), math rock éphémère (Rince-Doigt), etc. En outre, le menu ne s’arrête pas aux seuls artistes belges, loin s’en faut. Sont ainsi attendus les Coréens de Jambinai, les Canadiens de Jerusalem In My Heart, l’Américain Gonjasufi, les Français de Oiseaux-Tempête, ou encore les Japonais de Vampillia.

L.H.

FIANSO

Le 10/11, au VK, Molenbeek. www.vkconcerts.be

Actif depuis une bonne décennie dans le rap jeu, Sofiane/Fianso n’a probablement jamais été aussi populaire qu’aujourd’hui. Avec la dose de polémique que cela suppose. Mais aussi un flow imparable, un sens indéniable de la formule, et surtout une vision « street » assumée et crédible. Le concert hip hop français du mois.

FINALE DU RAP CONTEST

Le 11/11, au Botanique, Bruxelles. www.lezarts-urbains.be

Lezarts Urbains est toujours aussi enclin à dénicher les jeunes pousses prometteuses du hip hop belge, et remet le couvert avec une quatrième édition de son Rap Contest. Le concours instauré en 2010 a vu passer des MC comme Sixo, Tonino ou Sanzio, et est le premier concours de rap belge soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Après deux étapes qualificatives, il faudra ce samedi départager Berrykrimi, Him & I, Karib et Kekro, dont les prestations en demi-finale en mai dernieront été plein de promesses. Avec, en clôture de soirée, KT Gorique, première femme et plus jeune rappeuse championne du monde de freestyle.

RAÏNA RAÏ

Le 10/11, La Madeleine, Bruxelles. www.la-madeleine.be

Petit événement dans le monde du raï à la Madeleine ce vendredi, avec la reformation du groupe culte Raïna Raï. Invité par l’association belgo-algérienne LABA, le groupe créé dans les années 80, pionnier du raï moderne, donnera son… deuxième concert en Belgique, après un premier passage anversois au début des années 90. La première partie sera assurée par le nouveau groupe belgo-marocain The Grey Stars.

SONIC CITY

Du 10 au 12/11 au Kreun, Courtrai. www.wildewesten.be

Est-il possible de se tromper en confiant la programmation de son festival à Thurston Moore himself? Non, évidemment: le Sonic City, qui change de curateur chaque année, déroule une affiche d’exception cette année, avec notamment Wire, Moon Duo, The Soft Moon, Steve Gunn, Sun Kil Moon, Liars, Metz et évidemment le groupe de Thurston Moore. Incontournable.

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