Critique | Séries

Les Gouttes de Dieu: du manga culte à la série

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© APPLE TV +
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Titre - Les Gouttes de Dieu

Réalisateur-trice - Une série créée par Quoc Dang Tran.

Quand et où - Disponible sur Apple TV+

Casting - Avec Fleur Geffrier, Tomohisa Yamashita, Stanley Weber.

Nicolas Bogaerts Journaliste

La série Les Gouttes de Dieu transpose un manga culte qui sanctifie l’aura mystique du vin et les lignages familiaux contrariés.

Alexandre Léger, œnologue et critique français influent basé à Tokyo, décède en laissant une cave impressionnante de 87 000 bouteilles. Dans son testament, il a pris soin de placer ce prestigieux héritage au centre d’un duel particulièrement vicieux entre son protégé, Issei Tomine (Tomohisa Yamashita) et sa fille, Camille (Fleur Geffrier). Pour remporter le lot de quilles estimé à plus de 150 millions de dollars, il leur faudra franchir une série de tests exigeants et d’épreuves tatillonnes. Chacun des duellistes a des comptes à rendre avec son propre écosystème d’origine. Camille avec son père défunt dont elle vit éloignée depuis longtemps et Issei avec sa famille élitiste, pur produit du traditionalisme nippon, qui goûte très peu sa passion pour le vin. Les Gouttes de Dieu avance comme un assemblage de drame de transmission et de thriller soyeux.

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Quoc Dang Tran (scénariste pour Kaboul Kitchen et Le Bureau des légendes) adapte très librement un manga cultissime, saga de 44 volumes signée Tadashi Agi et Shû Okimoto. Dans le processus, un des personnages principaux s’est féminisé pour devenir l’héritière naturelle Camille, plongée par les circonstances dans un pays dont elle découvre les codes. Réalisé avec beaucoup d’élégance, une gestion de la tension qui sied à l’énergie compétitive de l’intrigue, Les Gouttes de Dieu fait parfois songer au Jeu de la dame. Notamment lorsque Camille, dont le palais d’une finesse impressionnante compense le manque d’expérience, laisse son imagination vagabonde et féconde projeter sur notre écran des visions féeriques. Face à elle, Issei démontre une maîtrise froide et érudite dans des joutes d’une technicité extrême.

Alors que l’épreuve les embarque des quartiers cossus de Tokyo aux vignobles français et vestiges italiens, le rythme s’alanguit parfois et laisse planer quelques doutes quant à la morale qui accompagne la désignation du lauréat ou de la lauréate: fils spirituel ou fille biologique? Exit les débats sur la prééminence du glouglou, le capitalisme viticole, les vertus du “Pet Nat” ou de la biodynamie: ici règnent l’AOC, l’étiquette, le prestige, dans la parfaite lignée de cette collection maudite en déshérence temporaire. L’identité des protagonistes se fige autant dans leur palais que dans les déterminismes amers de leurs destinées respectives, auxquels les acteurs et actrices donnent corps dans un ballet rigoriste qui sonde les profondeurs sans jamais vraiment y accéder. C’est goûtu, charpenté, et les privilèges s’exhalent en bouquet dans une partition sans doute un peu trop calculée, qui laisse peu de place aux accidents.

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