Critique | Télé

À la télé ce soir: Tokyo Vice

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© hbo
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Titre - Tokyo Vice

Genre - Série

Réalisateur-trice - créée par J.T. Rogers

Quand et où - Vendredi 03/06, 20h30, Be Séries

Casting - Ansel Elgort, Ken Watanabe, Rachel Keller

Nicolas Bogaerts Journaliste

Michael Mann donne le coup d’envoi de cette série en immersion chez les yakuzas.

Comme Martin Scorsese l’avait fait avec Boardwalk Empire, ou encore Adam McKay avec Succession, il revient à Michael Mann de réaliser le pilote de cette nouvelle production HBO. Et de situer l’ADN, le template auquel devraient se conformer les épisodes suivants. Au-delà de l’évidence homophonique, qui relie Tokyo Vice à Miami Vice, la série qui a lancé la carrière de Mann, cette adaptation (très libre) par le dramaturge J.T. Rogers du fascinant livre-mémoire éponyme de Jake Adelstein, semble compatible avec l’univers et les obsessions du réalisateur de Heat et Collateral. Sur le papier du moins.

Jeune aspirant journaliste américain, Jake Adelstein est arrivé au Japon de son Missouri natal avec la ferme intention de percer. Contre toute attente, il intègre le prestigieux quotidien Yomiuri Shimbun, section faits divers criminels. Culture d’entreprise rigide, peu d’espace pour l’enquête: ses débuts sont décourageants. Mais à la suite d’événements, d’initiatives et de rencontres qui relèvent du plus pur roman néo-noir, Jake se retrouve à explorer, auprès d’un policier aguerri, Hiroto Katagiri (Ken Watanabe), les limites poreuses entre la loi et le crime organisé, sur lequel les yakuzas exercent leur pouvoir. La première scène éprouve la tension du sujet: Jake et Hiroto sont en plein palabre avec des boss et le danger de mort rôde. Coupes sèches et flash-back imprègnent le début du récit, qui ne retrouvera jamais vraiment la noirceur de ces premières minutes.

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Si le pilote est traditionnellement un produit d’appel ou un diapason, celui réalisé par Michael Mann impose un rythme, une gestuelle, une atmosphère sombre et profondément mélancolique dans laquelle se dilue la matière originale du récit. Sous la houlette de sa rédac chef Eimi Maruyama (Rinko Kikuchi), Jake et ses collègues triment mais trouvent le temps de se chambrer dans une ambiance qui rappelle le genre des comédies de bureau. La nuit, il tente de se rapprocher des officiers de police pour glaner des scoops et arrive dans un club privé, l’Onyx, où il fait la connaissance d’une autre Américaine, l’hôtesse Samantha (Rachel Keller, de Legion et Fargo). De fil en aiguille, le récit se démultiplie dans des intrigues secondaires qui privilégient toutes, dans une tonalité très eighties, les thèmes de l’initiation, de l’émancipation, du passage à l’âge adulte et de l’adaptation à une société japonais perçue comme hermétique par les Occidentaux. L’héritage des films de gangsters de part et d’autre du Pacifique est palpable mais les plongées dans l’univers menaçant et codifié des yakuzas ne sont jamais aussi intenses que celles sondant les préoccupation du jeune adulte Jake, quelque part entre Danse avec les Loups et Wall Street. Séduisant par sa réalisation et son casting, Tokyo Vice intrigue mais peine à susciter les passions.

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