Critique | Séries/Télé

La série de la semaine : The Staircase

3,5 / 5
© warner media
3,5 / 5

Titre - The Staircase

Genre - Drame criminel

Réalisateur-trice - Antonio Campos

Quand et où - Disponible dès à présent en DVD

Casting - Colin Firth, Toni Collette, Juliette Binoche

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Un célèbre documentaire criminel inspire à HBO une minisérie addictive où la vérité, mouvante et multiple, n’en finit pas de se dérober.

Réalisateur des glaçants Afterschool (2008), Simon Killer (2012) et Christine (2016) pour le cinéma, producteur et réalisateur de la troublante série The Sinner (2017-2018) et responsable il y a deux ans de l’adaptation Netflix du violent et poisseux roman néo-noir The Devil All the Time de Donald Ray Pollock, le New-Yorkais Antonio Campos s’est fait une spécialité des radiographies glauques et cliniques de la psyché malade de l’Amérique. The Staircase, sa dernière création en date, ne déroge pas à la règle, questionnant les fondements du système judiciaire US tout en s’attelant à l’implacable mise à nu des innombrables névroses et autres pernicieuses frustrations qui gangrènent la sacro-sainte famille états-unienne.

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Découpée en huit épisodes et aujourd’hui disponible en DVD, cette foisonnante série-puzzle fait suite à un fameux documentaire criminel, Soupçons de Jean-Xavier de Lestrade (2004, puis 2013 et 2018), ayant largement contribué à la déferlante du “true crime” qu’on connaît aujourd’hui. Soit un nouvel éclairage, fictionnel cette fois, sur l’inextricable affaire Michael Peterson (Colin Firth), du nom de cet écrivain et journaliste passé maître dans l’art de la dissimulation, accusé d’avoir tué en décembre 2001 son épouse, Kathleen (Toni Collette), au pied de l’escalier de leur vaste domicile conjugal…

Leurre de vérité

© National

Il n’y a pas de vérité sans mensonges.” Le slogan de la série annonce d’emblée la couleur. Constamment travaillée par cet axiome universel voulant qu’on ne connaît jamais vraiment les gens avec qui on vit, celle-ci cherche moins la Vérité avec un grand V que les petites vérités, mouvantes et multiples, des uns et des autres. En résulte un drame à la fois familial, procédural et carcéral, pétri d’impasses et de faux-semblants, qui souligne l’éternelle illusion de l’objectivité et renvoie le téléspectateur aux inévitables limites de son propre petit système de croyances, instillant insensiblement le doute dans la mécanique lissée de ses certitudes. Non contente d’être redoutablement efficace, et totalement addictive, The Staircase touche ainsi à une vraie profondeur, et à une belle complexité humaine.

Si, formellement, l’objet reste assez classique, mosaïque explorant méticuleusement les zones d’ombre de l’enquête tout en voyageant assez librement sur la ligne du temps, il peut compter sur une indéniable élégance de mise en scène mais surtout sur un casting de haut vol. Aux côtés de Colin Firth, Toni Collette ou encore Juliette Binoche, on retrouve en effet notamment ici l’excellent Michael Stuhlbarg (le père de Call Me by Your Name), Olivia DeJonge (Priscilla Presley dans Elvis), Sophie Turner (Sansa Stark dans Game of Thrones), Dane DeHaan (le Valérian de Besson), Patrick Schwarzenegger (fils de), Rosemarie DeWitt, Parker Posey… Du beau monde, donc, pour une série au vénéneux pouvoir d’attraction.

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