Dans l’enfer des camps avec le Nimis Groupe
Avec Portraits sans paysage, le Nimis Groupe persiste et signe sur le thème des politiques migratoires. En introduisant le public à l’intérieur des camps.
Dans ce deuxième spectacle, six ans après le secouant Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu, le Nimis Groupe reste fidèle à lui-même, à ses méthodes, à son approche, à son ton et à son sujet. On ne peut donc pas parler d’effet de surprise face à ces Portraits sans paysage, nouveau patchwork de théâtre documentaire, à la fois espiègle, ludique et poignant, sur le sort des migrants contemporains. Mais la parole qui est relayée ici est plus que jamais nécessaire, elle brise un silence autour de lieux et de conditions de vie « qu’on ne saurait voir ».
Ça commence au milieu d’un plateau pratiquement nu, comme une réunion d’une association à fonctionnement horizontal, avec ordre du jour et interventions libre des participants. D’une scène à l’autre, on passe d’un témoignage d’une avocate qui a travaillé au camp de Lesbos, découvrant avec horreur le quotidien aliénant des personnes parquées là, à une reconstitution du tableau du Caravage Les Sept Œuvres de miséricorde; de l’histoire du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à la présentation des produits du salon AidEx, le salon de l’humanitaire; du parcours de la femme puissante Tiguidanké Diallo Tilmant, criminalisée pour avoir refusé de quitter le territoire, à un bras de fer éclairant entre Occident-Afrique engagé par Fatou Hane et Anne-Sophie Sterck.
Business des camps, hypocrisie des Etats, déshumanisation galopante et absurdités administratives sont ici passés à la moulinette, dans un équilibre maîtrisé entre pesanteur du sujet et humour qui allège.
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