Dans le corps d’un autre

Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Dans Mohaxime, la compagnie Trou de Ver utilise habilement le body swap, l’humour et six écrans mobiles pour dénoncer le racisme systémique et le délit de faciès. Du théâtre ado décapant.

On connaissait l’échange entre générations, comme dans Freaky Friday. On connaissait l’échange entre genres, comme dans L’un dans l’autre. La compagnie Trou de Ver s’empare du principe narratif du body swap (échange de corps) pour l’appliquer à la couleur de peau: dans Mohaxime, la dernière création de théâtre ado de Guillaume Kerbusch et Laura Petrone, Mohamed (Maroine Amimi, en alternance avec Mehdy Khachachi), habitué à être le coupable tout désigné « à cause de sa tête », se retrouve mystérieusement dans le corps de Maxime (Quentin Minon, en alternance avec Julien Van Boeckel), dont le sourire d’ange le place au-dessus de tout soupçon, et inversement.

En trois chapitres et un prologue, avec six écrans mobiles qui fournissent à la fois les décors et les personnages secondaires (Guillaume Kerbusch et Laura Petrone assumant en vidéo toute la galerie, à grand renfort de costumes et de perruques), le croisement de ces deux destins met en lumière le poids de préjugés liés à l’apparence physique. La dénonciation sociale, ultra pertinente, s’associe au verlan, à des caricatures bien tapées, à un rythme endiablé et même à l’apparition d’Obama pour séduire la jeunesse. Qui repart conquise.

Mohaxime (à partir de 12 ans): Jusqu’au 21 mai au Théâtre Varia, Bruxelles, le 31 mai à l’Espace Magh, Bruxelles. www.varia.be/mohaxime

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