Critique scènes: Club des cinq de la jongle

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Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Il aura fallu attendre deux ans pour voir Juventud, présenté aux Halles de Schaerbeek dans le cadre du Festival Up, mais ça valait la peine de patienter. Les cinq jongleurs menés par Nicanor de Elia épatent dans leurs dialogues ludiques et complices.

C’était il y a deux ans, pratiquement jour pour jour. Les 21 et 22 mars 2020, Juventud, la nouvelle création très attendue de Nicanor de Elia, devait être dévoilé aux Halles de Schaerbeek, à l’occasion du festival biennal circassien Up. C’était bien sûr sans compter sur le Covid et le premier lockdown, de sinistre mémoire.

Deux années plus tard, alors que le coronavirus a fini par desserrer les crocs, cette fois ça y est : devant un public démasqué, les cinq jongleurs vont successivement entrer sur leur surface de jeu immaculée, chacun avec son « arme ». C’est Juan Duarte Mateos qui ouvre le bal, depuis le gradin, sa balle sur la tête, pour une performance sans faille sollicitant tout son corps, jusqu’à des reptations hyper contrôlées de lézard.

Au fil de Juventud, en alternance avec des séquences de groupe, chacun aura son solo, son moment où il prendra toute la lumière. Gonzalo Rodriguez Fernandez avec ses incroyables anneaux flexibles, enchaînant torsions et combinaisons pour créer chapeaux, masques, monstres et machines infernales ; Lucas Castelo Branco avec ses trois balles qui prennent presque vie, cartoonesques, au fil d’une danse imprégnée de hip-hop ; Nahuel Desanto avec ses massues qui semblent ne plus rien peser et dont les enchaînements coulent comme de l’eau ; Walid El Yafi, avec des massues aussi, aux lancers simultanés mais à destinations diverses, savamment calculés.

Mais le plus beau dans ce spectacle, c’est que si chacun brille individuellement, cela ne se fait jamais au détriment de la cohésion de l’équipe. Complice, le quintette, à l’instar d’un quintette de jazz, fonctionne au soutien mutuel, aux clins d’oeil, au dialogue, à la complémentarité. La preuve en éclate dans l’admirable fondu au noir final, sur une composition au piano à la Steve Reich de Giovanni Di Domenico, métaphore poétique de la répétition inlassable -même si épuisante- nécessaire aux circassiens pour parvenir à la maîtrise technique, au geste parfait. Un grand moment.

Vu au festival Up, en cours à Bruxelles jusqu’au 27 mars, www.upupup.be

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