Après le triomphe Barbie, place à la rentrée littéraire

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Laurent Raphaël
Laurent Raphaël Rédacteur en chef Focus

Après le triomphe de Barbie et de Oppenheimer, place à la rentrée. A commencer par la rentrée littéraire, qui se décline en mode resserré cette année, contexte économique oblige. A vos livres, prêts, partez!

Que retiendra-t-on de l’été 2023 sur le front de la culture? Tout dépend si l’on se lève du pied droit ou du pied gauche… Dans un cas, on se réjouira de l’affluence sur les festivals (de musique mais aussi de théâtre) malgré les caprices de la météo, ou du succès stratosphérique de Barbie (déjà plus d’un milliard de dollars de recettes) et de Oppenheimer sur les grands écrans… grâce aux caprices de la météo (mais pas que). Du jamais-vu pour des films catalogués “films d’auteur grand public”. Une déflagration qui porte même un nom: l’effet Barbenheimer. La preuve que la franchise de super-héros n’est pas une fatalité. Même si cette écrasante domination au box-office a sans doute nui au parcours d’autres excellents films (au hasard, Sisi & Ich) qui ont eu le malheur de sortir en pleine razzia Gerwig-Nolan. Selon une loi qui se vérifie de plus en plus dans l’univers du showbiz, c’est un peu tout ou rien aujourd’hui.

L’indécrottable grincheux regrettera de son côté que l’été n’ait pas mis en veilleuse la manie de chercher des poux sur toutes les têtes. Parfois pour le meilleur: autour de Barbie notamment, trop féministe pour les uns, pas assez pour les autres. Du pain bénit pour Mattel, qui réussit ici la plus belle pirouette marketing (transformer un stéréotype féminin absolu en militante inclusive) de tous les temps. Pour le pire le plus souvent, comme dans “l’affaire Juliette Armanet” qui a maladroitement rallumé la mèche woke en vomissant Michel Sardou. Y a le feu aux Lacs

Même si on a encore un peu la tête dans le foin, on lorgne déjà la rentrée. Car si certains profitent encore du littoral portugais ou des contrastes de Marseille -deux destinations qui ont apparemment la cote cet été-, la grande majorité est déjà à pied d’œuvre. Rien d’étonnant, la tendance est plutôt à une reprise précoce. Et pas seulement parce que les Belges ont épuisé toutes leurs cartouches dès juillet -conformément à l’idée reçue que le Plat Pays est plutôt juillettiste, contrairement aux Français, aoûtiens de souche-, mais aussi parce que des pans entiers de l’activité redémarrent de plus en plus tôt. Nouveaux rythmes scolaires obligent, les écoles vont ainsi rouvrir avec une semaine d’avance sur le calendrier habituel, entraînant dans leur sillage tous ceux qui gravitent autour de ces importants pôles socio-économiques.

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Autre indice de cette évolution: la rentrée littéraire. Cela fait longtemps qu’elle n’attend plus le 1er septembre pour dévoiler ses trésors. Dès le 15 août désormais, les éditeurs arrosent les librairies. Encore que, cette année, on parlera plutôt de crachin que d’averse. Certes, avec 466 titres sur la ligne de départ (328 romans français -dont 74 petits nouveaux et 17 belges- pour 145 traductions), on est loin de la pénurie. Mais ce chiffre, en recul de 5% par rapport à 2022, n’en est pas moins le plus bas des années 2000. Les raisons de cette décrue sont multiples: prix du papier, prudence des éditeurs dans un contexte de perte de pouvoir d’achat, etc.

Une production resserrée, c’est plus de chance de se faire une place sur les étals. Et donc aussi de trouver son public. C’est aussi moins de gaspillage. Après des années où le secteur a privilégié une logique de volume, il met aujourd’hui davantage l’accent sur la sélection et le qualitatif. Plutôt une bonne nouvelle même si les grandes manœuvres en cours Rive gauche (rachat d’Hachette Livre, propriétaire notamment de Grasset, par l’ogre Vincent Bolloré en tête) font craindre à terme une mise au pas des lignes éditoriales, à l’image de ce qui s’est passé au JDD, dont la direction sous l’emprise de l’entrepreneur français a imposé un nouveau rédac chef marqué à l’extrême droite. Si ce scénario devait se réaliser, c’est la richesse de l’offre éditoriale qui en pâtirait. Et la fiction qu’on assassinerait en l’instrumentalisant à des fins politiques.

En attendant, profitons du luxe de pouvoir nous enivrer librement de mots et d’histoires qui réchauffent, qui chahutent, qui secouent, qui consolent, qui remuent. Pour vous aider à trouver votre prochain coup de cœur, nous avons passé la récolte au tamis pour garder au final 48 titres d’ici et d’ailleurs. Souvenons-nous: un homme (ou une Barbie) qui lit en vaut deux.

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