We Love Green: le VERTival

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Maxime Morsa
Maxime Morsa Rédaction en ligne

Norah Jones, Django Django, Klaxons, Beirut, La Femme ou encore Camille étaient à l’affiche du festival écolo parisien We Love Green. Récit.

Planté au beau milieu du Parc de Bagatelle dans le très chic 16e arrondissement de Paris, la jeune pousse We Love Green -dont c’était la deuxième édition ce week-end- est résolument un festival alternatif. Au niveau du message premièrement: nourriture bio, panneaux solaires pour alimenter le festival en énergie verte, toilettes contenant du sable et non de l’eau… Bref, c’est green. Une alternative aussi à l’évènement musico-politique de la France de gauche, la Fête de l’Huma. Programmation le même week-end pour concurrencer directement le rouge coco avec du vert écolo, le tout moins marqué politiquement tout de même (nulle présence de politiciens ici). Et enfin alternatif au niveau musical, avec une affiche essentiellement rock et électro qui a le bon goût de ne pas flirter avec tout ce que compte la scène world d’artistes babas conscientisés (chose vraisemblablement impossible en Belgique…).

Et cela commence plutôt pas mal. Après que Kindness ait ouvert le festival avec son funk rafraichissant et enthousiaste mais souffrant d’un trop peu d’envergure, Django Django démarre véritablement les hostilités sur des fondamentaux désormais connus: une rythmique bien sentie et des accords efficaces comme de l’EPO. Les Ecossais reprennent la pop là où d’autres Ecossais (Franz Ferdinand) l’avait laissée, soit du côté des guitares (et synthés) qui font danser, et parviennent à dégoupiller les premiers jeux de jambes sur une assistance encore éparse. Il y a bien sûr les singles Default et Storm, mais c’est l’ensemble du set (malheureusement beaucoup trop court) que les quatre garçons vêtus de t-shirts encore plus psychédéliques que leur musique portent comme un immense tube sans fin. Rideau. Le meilleur concert de la soirée est déjà passé.

Car Norah Jones peine à convaincre sur la longueur malgré sa voix fascinante et des compositions racées. L’Américaine confirme sur scène son virage plus musclé emprunté sur ses derniers albums avec des morceaux synthétiques ou carrément rock’n’roll. C’est d’ailleurs le guitariste qui tient le centre de la scène et habille de riffs old school la plupart des morceaux. La chanteuse nous gratine même d’une reprise du géant Tom Waits, alors que l’excellent single Chasing Pirates montre l’étendue de son répertoire. On ne passe évidemment pas à côté de tube interplanétaire Come Away With Me qui marque aussi la fin d’un set réjouissant pour définitivement passer dans une ambiance plombante de variété anglo-saxonne. Dommage. Surtout que la suite de la soirée ne nous consolera pas. James Blake, autrefois petit génie du dubstep lo-fi, s’égare dans des délires a cappella et des bidouillages sonores aussi bruyants que douteux. Un simple égarement on espère.

Femme(s) fatales(s) et retrouvailles

Le samedi, l’organisation un peu foutraque du We Love Green nous fait presque manquer le concert de La Femme. Heureusement, notre témérité l’emporte sur l’adversité, mais on rate tout de même les premières notes du deuxième meilleur morceau français de la jeune décennie, Télégraphe (le premier étant Sur la planche du même groupe, ou peut-être est-ce l’inverse…). C’est très énervant. Surtout que les Français sont en forme. Avec des corps peints en vert pour l’occasion, La Femme déroule et offre même de l’inédit (La cabane perchée, la présence d’une cithare). Après le show, Marlon (un des fondateurs du groupe) nous confie vouloir ralentir le rythme de la tournée pour se concentrer sur l’enregistrement du premier album. « On a déjà enregistré dix-huit titres, on ne sait pas encore si on va tous les garder. » L’album -« sur lequel il y aura quatre chanteuses différentes » (elles sont deux sur scène, ndr)- devrait ressembler à la somme des influences du groupe, soit Gainsbourg, Marie et les garçons, le twist ou le yéyé nous dit-il. « Il y aura des chansons pour se lever le matin, pour baiser, pour la bagnole… » Un beau programme, qu’on ne découvrira probablement pas avant 2013. La Femme n’a pas encore signé sur un label (ce serait en discussion) et continue de s’autoproduire pour le moment.

Camille déboule ensuite pour introduire une association qui, si on a bien compris, revendique « la semence libre » et autres biodiversités… Notons que la chanteuse française sera la seule à faire une démarche engagée. Il faut dire qu’un concert de Camille s’assimile plus ou moins à un meeting politique: les sceptiques ne seront pas convaincus et les sympathisants ravis. Camille joue beaucoup, avec sa voix bien sûr, ses musiciens, ses chansons, avec humour aussi. C’est souvent intelligent. Parfois agaçant. Les sympathisants -nombreux ce soir- sont aux anges.

Des (déjà) vieilles connaissances viennent alors se rappeler à notre bon souvenir. Beirut compile son répertoire aux teintes nomades. Rien n’a vraiment changé. Le groupe charme à coups d’exotisme et de chansons introspectives lumineuses (Santa Fe, Nantes). Il manque cependant d’un second souffle, et l’esprit de fanfare de la bande à Zach Condon finit par empoisonner la fête. Néanmoins pas jusqu’à arrêter la danse façon Ian Curtis du quinqua planté devant nous. Jusqu’ici tout va bien… Pour clôturer la soirée, les Klaxons ravivent la flamme de la New Rave qu’ils ont allumé en 2007 avec leur foudroyant album Myths of the Near Future. C’était au temps où le fluo et la série britannique Skins tenaient le haut de l’affiche. Soit il y a un siècle. Heureusement, les épileptiques Atlantis to Interzone ou Golden Skans sont toujours pertinents. Mais lorsque les Londoniens nous gratinent de leurs « chansons nouveaux », le feu s’éteint, étouffé sous les couches de dance Ibiza et de mainstream U.S. La plupart des hipsters s’en étranglent avec leur tarte aux légumes et s’en vont avant d’en avoir vu plus.

Electro

Dimanche, C2C remplace au pied levé Charlotte Gainsbourg et Connan Mockasin dont le concert commun est annulé (le Néo-Zélandais est rentré chez lui pour des affaires privées). Les nouvelles coqueluches des blogs et des médias portés par le radiophonique Down the Road transforment le Parc de Bagatelle en dancefloor sans peine. Derrière leur platine, les quatre Français offrent aussi (et surtout?) un spectacle visuel réussi. Leur électro tape à l’oeil est en revanche parfois redondant et manque encore de relief pour dépasser le périlleux stade de sensation du moment. Avant cela, Electric Guest livrait un set poussif. Les Américains ont couru derrière leur pop vitaminée sans jamais parvenir à véritablement la rattraper. Ce qui n’empêche une quinqua cette fois de danser la Macarena (euh ça va, les-plus-tout-jeunes à Paris?!). Et Breakbot -l’une des dernières signatures d’Ed Bangers- se contentaient de préliminaires électroniques plates avant que C2C ne clôturent donc le festival qui, malgré ses dix minutes de files pour accéder aux toilettes, un volume sonore à la limite du cliniquement acceptable et une organisation très improvisée, aura connu quelques moments de bravoure.

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