Un « nouveau » morceau des Beatles réalisé grâce à l’IA : comment le groupe a toujours surfé sur la technologie

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Plus de 50 ans après leur séparation, les Beatles sortent ce jeudi un nouveau titre:  Now and Then. Un ultime morceau réalisé à l’aide de l’intelligence artificielle, dernière ficelle en date de la part d’un groupe qui a (presque) toujours aimé l’aventure technologique…

Paul McCartney himself l’avait annoncé en juin dernier: un nouveau morceau des Beatles a été mis en boite. Présenté comme l’ultime titre des Fab Four, Now and Then doit arriver ce jeudi sur toutes les plateformes. Il sera également disponible en vinyle et cassette (avec Love Me Do, le tout premier single du groupe, en face B).

Un mini-documentaire disponible sur Youtube raconte sa genèse. Où l’on apprend que Now and Then trouve son origine dans une série de démos de John Lennon, datées de 1978 (deux ans avant son assassinat devant le Dakota building, à New York). C’est en 1994 que Yoko Ono confie les bandes à George Harrison, McCartney et Ringo Starr. Ils en tireront Free As A Bird et Real Love – publiés pour accompagner la sortie de The Anthology. A l’époque, ils s’attaqueront également à Now and Then. Avant d’abandonner, la qualité de l’enregistrement ne permettant pas de bien distinguer la voix de John Lennon,  « noyée » dans la partie de piano.

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Rangée dans un tiroir, la démo sera ressortie à la faveur du Get Back de Peter Jackson. Pour son documentaire-fleuve, le réalisateur a pu en effet compter sur des nouvelles technologies lui permettant d’isoler plus facilement les différentes sources sonores. Notamment grâce à des programmes s’appuyant sur… l’intelligence artificielle. C’est précisément cette technique qui a été utilisée pour Now and Then. A la voix et au piano de Lennon, désormais « nettoyés », ont ainsi été ajoutées la batterie de Ringo Starr et la basse de Mc Cartney. Ce dernier a également rejoué la partie de slide guitare imaginée par feu George Harrison en 94. Et, enfin, composé des arrangements de cordes.

Réentendre les Beatles en 2023 est évidemment aussi touchant qu’interpellant. Fallait-il absolument continuer à tirer sur la corde du mythe ? A fortiori à partir d’un bout de chanson imaginé par Lennon, il y 45 ans d’ici. Et en s’appuyant sur une technologie – l’intelligence artificielle- qui fait débat  ? McCartney lui est formel : « Imaginons que je puisse encore avoir la chance de lui poser la question : « Hey John, est-ce que tu aimerais que l’on finisse ta dernière chanson ? » Je vous le dis, je sais que la réponse aurait été oui. » Dans le même mini-documentaire, le voix de Sean Lennon, ajoute : «  Mon père aurait adoré ça. Parce qu’il n’a jamais eu peur d’expérimenter avec la technologie ».

Sur ce dernier point, Sean Lennon a raison. Si les Beatles sont surtout célébrés pour leur génie pop mélodique, la manière dont ils ont sans cesse expérimenté et travaillé la matière sonore a été tout aussi marquante. Le groupe a ainsi été de toutes les révolutions technologiques. A une exception près. La preuve en 7 classiques (et un gros fail).

I Want To Hold Your Hand (1963)

Avec I Want To Hold Your Hand, les Beatles utilisent pour la première fois un enregistreur 4-pistes. Une technologie qui est en train de devenir alors la nouvelle norme. Et dont le groupe va repousser les limites, en l’exploitant pour des arrangements de plus en plus complexes.

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Eight Days A Week (The Beatles, 964)

C’est peut-être un détail pour vous, mais pour la pop, cela veut dire beaucoup. Enregistré dans les studios EMI de Londres, Eight Days a Week démarre par un fade-in (un « fondu »). Derrière cette première pour un morceau pop, les Beatles sèment aussi l’idée que le studio n’est pas juste une copie du live, un simple témoignage d’un moment précis. Mais permet des manipulations, devenant quasi un «  instrument » à part entière.

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Eleanor Rigby (1966)

La flemme. Passant de plus en plus de temps en studio, Lennon commence à en avoir marre de devoir rechanter sans cesse les même parties. Il demande alors aux « blouses blanches » présentes si elles ne peuvent pas trouver une solution pour lui faciliter la vie. C’est l’ingé son Ken Townsend qui va trouver la solution en mettant au point l’Automatic Double Tracking (ADT). Une technique permettant de doubler une piste sonore, tout en la décalant très légèrement, donnant ainsi l’impression que deux voix ont été enregistrées. Comme par exemple sur Eleanor Rigby, chanté par McCartney – et un peu partout sur l’album Revolver. Plus tard, le décalage sera même volontairement accentué pour créer non plus une harmonie, mais précisément une rupture.

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Tomorrow Never Knows (The Beatles, 1966)

En quelques années, les Beatles passeront du statut de boys band pour teenagers écervelés à celui de grands expérimentateurs subversifs. Notamment en s’inspirant des techniques développées par Pierre Schaeffer et tout le courant de musique concrète. Morceau emblématique, Tomorrow Never Knows triture la voix de Lennon, multiplie les delays et manipule joyeusement les bandes pour créer des boucles psychédéliques.   

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Yellow Submarine (1966)

Bien avant la naissance du hip hop, qui en fera longtemps sa matière première, les Beatles pratiquent le sampling. C’est le cas de Yellow Submarine, où ils multiplient les échantillonnages. Notamment en tombant sur un disque d’une fanfare, dont ils vont « emprunter » quelques mesures.

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Here Comes The Sun (THe Beatles, 1969)

L’année précédente, George Harrison s’est procuré un tout premier synthétiseur, avec lequel il a enregistré son album Electronic Sound (1968). Il ressort son Moog quand les Beatles rentrent en studio pour travailler sur Abbey Road. Et en profite pour lui donner une place centrale sur des morceaux comme Because ou Here Comes The Sun.

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Temporary Secretary (1980)

Les Beatles ont consacré le studio comme élément essentiel de la pop. Une attitude qui va contribuer à l’essor de lieux d’enregistrement qui vont devenir de mieux en mieux équipés, et de plus en plus sophistiqués. Dans le même temps, la technologie va cependant aussi devenir plus souple et accessible. En 1970, Paul McCartney sort un premier album solo enregistré quasi intégralement à la maison. Dix ans plus tard, il reprend la même méthode, combinant approche lo-fi et bizarreries électro-new wave.

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Le fail : le streaming

En 2009, les Beatles se mettent au goût du jour en intégrant l’univers du gaming via le jeu Rock Band. Ils seront nettement plus réticents à basculer dans l’ère de la dématérialisation musicale. Ils traîneront les pieds à intégrer les sites de téléchargement légaux – la plateforme vedette, iTunes, ayant été lancée par une firme, Apple, qui a eu le malheure de prendre le même nom que le label des Beatles… De la même manière, le catalogue des Beatles ne déboulera sur les services de streaming qu’à la Noël 2015…

 

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